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Naissance : 17 septembre 1907 à LA CHAUSSÉE-TIRANCOURT
Baptême : 21 octobre 1907
Communion : 1er septembre 1918
Mariage : 18 mars 1931 à PICQUIGNY
Décès : 9 mai 1987 à LA CHAUSSÉE-TIRANCOURTPère : SEHET Narcisse
Mère : CHEVALLIER YvonneLa naissance d'André :
Le couple a déjà perdu 2 petites filles en bas âge quand naît un garçon le 17 septembre 1907 à LA CHAUSSÉE-TIRANCOURT, Rue de la Terrière.A la Mairie, il reçoit les prénoms de Roland, André, Marcel. Le jour de son baptême, le 21 octobre de la même année, il est appelé : André, Roland, Marcel ! Le prêtre est l’abbé HURTEL, curé du lieu. Le parrain est Henri BRUNET, la marraine Zélima BONDOIS. Par la suite son prénom usuel sera André, mais pour les papiers officiels, ce sera toujours Roland.
Il faut noter que sur le registre d’état civil, le témoin est Alphonse VITAUX, son oncle, habitant à LA CHAUSSÉE-TIRANCOURT.
André et ses parents, le 1er juin 1909, à l'occasion du mariage de Gaston DOMONT avec Julienne CHEVALLIER.André va à l’école sur la Place du village à deux pas de sa maison puisqu’il habite près de la mare dans une petite ferme appartenant à M. Émile VASSEUR, pharmacien à la retraite. L’instituteur d’André est M. VASSEUR, ce dernier fait classe à tous les garçons du village, les filles allant à l’école des filles, Rue à l’Avoine.
Il communie :
C’est dans l’église de LA CHAUSSÉE-TIRANCOURT qu’il fera sa communion, le 1er septembre 1918.
Il y fera sa confirmation le 2 Juin 1919.
Le certificat d'études :Il obtient son certificat d’études avec brio le 18 juillet 1921 ; il restera encore deux années à l’école au cours supérieur.
C’est un enfant qui aime faire des blagues : sonner aux portes, mettre des hannetons dans l’église pendant les offices du soir, ainsi les insectes éteignaient les bougies en passant près de la flamme : l’électricité n’existait pas à l’époque.Un enfant pendant la guerre 1914 1918 :
André a 7 ans quand éclate la Première Guerre mondiale; toute sa vie, il en gardera le souvenir.
Les Allemands n’envahirent jamais le village, pourtant au loin, on entendait parfois les bombardements..
Les Anglais et leurs alliés campaient à LA CHAUSSÉE-TIRANCOURT, il leur arrivait de jouer avec les enfants du village.
André faisait quelques courses pour eux.
Les Annamites venaient au lait à la ferme de Narcisse SEHET, jusqu’au jour, où, brusquement on ne les vit plus: un mot était écrit à la grand-porte de la ferme, André en demanda la signification: il était écrit : “interdit aux Annamites”. Cela choqua profondément l’enfant qu’il était. Il lui arriva de donner du pain aux Asiatiques qui mendiaient en disant : “pain tchou tchou”...Avec ses parents et quelques amis, ils évacuèrent à Mouflers, dans une ferme située dans la côte, au début de 1918 quand les Allemands menacèrent AMIENS.
André est un enfant gâté et entouré par sa famille, il aime se rendre chez sa grand-mère Flore qui habite au village, Rue du Marais avec les oncles du jeune garçon: Paul et Alexandre. Il se rend quelquefois avec ses parents à DREUIL LES AMIENS chez ses grands parents Mr et Mme CHEVALLIER et sa tante Julienne qui a épousé Gaston DOMONT. Ces derniers n’ont pas eu d’enfants aussi reportent-ils leur amour sur André.André entre aux Chemins de Fer du Nord :Le 1er mai 1923, André est embauché à la gare de PICQUIGNY, il a alors 16 ans. C’est le début d’une longue carrière aux Chemins de Fer du Nord puis à la SNCF.
Le recensement militaire :
Le 15 mai 1926, il se fait recenser en mairie en vue d’effectuer son service militaire.
En plus de papa, il y a 4 jeunes habitants de LA CHAUSSÉE-TIRANCOURT: LEFLON Henry, LEROY Emilien, TORJON Robert, et DUPONTREUE Maurice. Je n’ai pas le souvenir que papa m’ait parlé du dernier.
André a alors 19 ans : il a les cheveux châtains foncé, les yeux bleus, le front moyen, le nez rectiligne et assez saillant, le visage long, le menton rond, le teint coloré. Il mesure 1,74 m. Il n’a pas de marque particulière.
Son degré d’instruction est 3, ce qui est très bien. (Plusieurs de ses amis ont 2). A la fin du questionnaire, il répond non à toutes les questions :- Il ne parle ni allemand, ni arabe
- Il ne sait ni monter à cheval, ni à vélo !- Il ne fait pas de musique, ni de sport- Il ne sait ni skier, ni nager
- Il ne sait ni conduire, ni soigner les chevaux, (c’est amusant pour un fils de cultivateur !)Enfin, il souhaite faire partie du 5ème Génie de Versailles. Le 4 février 1927, il passe le conseil de révision à la mairie de PICQUIGNY. Lui qui était attaché à son village n’hésite pas à demander à effectuer son service militaire au Maroc.
Il fait son service militaire au Maroc :
Gaston DOMONT le conduit à AMIENS à la caserne à la fin de l’année 1927. Dans un courrier daté du 17 décembre1927, il écrit à Paul SEHET et lui signale qu’il est bien arrivé et qu’il se porte bien, il lui donne également son adresse: Sapeur SEHET Roland, 51° Bataillon du Génie de Chemin de Fer, 1ère Compagnie à GUERCIF Maroc.
Il avait embarqué à Marseille dans un bateau de la compagnie Paquet, après avoir effectué le trajet AMIENS Marseille par le train.
Avec une note d’humour, il écrit à son oncle Alexandre le 7 décembre 1928. Sur la carte postale, il y a une jolie Mauresque, il lui demande alors s’il désire qu’il lui en envoie une comme çà.. Il termine en ayant une pensée pour son oncle Paul et sa grand-mère. Le 23 Mars 1929, il écrit à ses parents : “C’est du peu. Départ demain matin. Embarquons après demain.” Il rejoint alors son village, retrouve ses amis et... Renée BENOIT, une jeune fille de PICQUIGNY.Dans ses bagages, il ramène un petit morceau de rail du chemin de fer marocain (plus petit que le Français)
A la gare d’AMIENS, Rantigny et Longpré-les Corps Saints :A son retour, il travaille à la gare d’AMIENS, on lui donne un pic et il doit ramasser les papiers dans les voies... Après avoir débuté à la gare d’AMIENS, André est muté à RANTIGNY dans l’Oise. Ils demeurèrent quelques années à CAUFRY, puis le couple s’installera à CONDE FOLIE (Somme) car André est en poste à la gare de Longpré-les-Corps-Saints. C’est à cette époque que naît le petit Jean. A Condé ils habitent dans la Chassette Maurice. De nombreuses photos témoignent de cette époque.
Il se marie :
Roland et Renée se marient à PICQUIGNY le 18 Mars 1931 ; de leur union naquirent 3 enfants dont le premier ne vivra pas (28/O8/1932).
Jean viendra au monde le 5 juillet 1936 et enfin André (fils), le 7 juillet 1948.
Toutes les naissances ont eu lieu à PICQUIGNY, les deux premières, Rue d’AMIENS dans le café de la maman de Renée, Mme BENOIT qui tient le café du “Pêcheur matinal”.
C’est une coutume alors que d’accoucher chez sa mère.
1939 : André est rappelé au service militaire :
1939 arrive, la guerre est imminente, André est rappelé ; débute alors une triste période pour la famille.
Le 31 octobre 1939, André écrit à sa tante, son grand-père et sa grand-mère, on y apprend que cela fait un mois qu’il est en Meurthe-et-Moselle, à AVRICOURT. Il ne manque de rien pour l’instant. Il a bien reçu leur lettre. Dans l’Est, il commence à geler, l’hiver sera rude.
Quelque temps après il écrit à Renée et à son “ petit Jean ” chéris. On apprend que Renée va acheter des guêtres et des gants pour Jean car à PICQUIGNY, il fait froid également. La mère de Renée est malade. Renée a le cafard, André la rassure : “Ne te fais pas de mauvais sang, dit-il, je suis bien ”.Combien de temps est-il resté dans l’Est ? Probablement jusqu’à l’offensive des Allemands en mai 1940, où en quelques jours, les Allemands que l’on attendait le long de la ligne Maginot passent par la Belgique et arrivent en Picardie. Puis, c’est la débâcle ! André se retrouve dans le midi du côté de Montauban, habillé en bleu de travail... pour éviter les contrôles. Papa se souvenait qu’il a passé les ponts de la Loire peu de temps avant leur destruction ; ouf, car il ne savait pas nager !
L’évacuation :Le 20 mai 1940, la population de LA CHAUSSÉE-TIRANCOURT et de PICQUIGNY rejoint la horde des évacués qui fuient l’occupant.
La famille part à pieds. On retrouve :• maman (Renée SEHET), son petit Jean (4 ans),
• Maurice, Marcelle, Mauricette et Françoise MAQUET,
• Georges, Suzanne, Jacques, Lili et Claude BENOIT,
• Galien pousse grand-mère (Adrienne BENOIT ) dans une voiture à bras.Ils se retrouvent à QUEVAUVILLERS où la famille couche dans une grange.
Le lendemain un camion les emmène jusqu’à BEAUVAIS où ils prennent le train jusqu’à Paris où ils sont pris dans une alerte. De Paris, le train les conduira à Béziers.
Renée se retrouve ensuite à VALRAS, dans l’Hérault, avec Jean, sa sœur Marcelle et ses enfants ainsi que la famille de Georges BENOIT, son frère.
D’autres Picards sont également à VALRAS : les familles VIGNON, DÉTRÉ-ROUCOUX
Le 2 juillet, Renée écrit au commandant de la XVI0 région militaire de Montpellier afin de savoir où se trouve son mari dont elle n’a plus de nouvelles depuis le 8 Mai.
Elle donne son adresse à VALRAS : Villa “Brise d’été” Rue d’Alsace. André est caporal à la Compagnie des Sapeurs de Chemin de Fer ex Cie 9/2 n0 548 Secteur Postal 6 408.
Du commandant de Montpellier, elle n’obtient rien. Par contre du Commandant d’Agen, il lui signale qu’une section des chemins de fer se trouve à Port Sainte Marie dans le Lot et Garonne. Quelle triste période Gaston et Julienne DOMONT sont à Issoire, dans le Massif Central et les parents d’André, tous deux handicapés à l’Hospice des vieillards, École St Joseph à Morlaix en Bretagne.. Narcisse est aveugle et Yvonne, grabataire.
Un jour ce fut une joie immense : André avait retrouvé sa famille à VALRAS : quelle belle surprise !
Il est vraisemblable qu’André soit rentré à PICQUIGNY avant Renée car son autorisation de circuler délivrée par les Allemands est datée du 29 juillet 1940.
Par contre Renée écrit à Julienne et Gaston DOMONT le 14 août en leur disant qu’elle revient, le départ est prévu pour le 14 au soir à 8 H. Gaston est réfugié alors à Redonde par Brénat (Puy de Dôme)
Le 23 octobre 1940 Adrienne, la maman de Renée décède, le café est vendu.
Yvonne, la maman d’André décédera également pendant la guerre, le 27 juillet 1942 à LA CHAUSSÉE-TIRANCOURT.Le retour :Une fois démobilisé, André retrouve son activité aux Chemins de Fer.
Il est muté à Flesselles car à cause des bombardements, beaucoup de trains sont détournés par les voies secondaires.
André travaille également à Longueau où il vit très mal les bombardements fréquents qui sèment la mort et l’angoisse.
En 1946, la famille est encore à Flesselles, elle arrive ensuite à PICQUIGNY sur la Place de l’Hôtel de Ville, près de la pharmacie. Narcisse SEHET décède d’une occlusion intestinale le 3 octobre 1947 à DREUIL LES AMIENS chez Julienne sa fille, il ne connaîtra pas le (beau) bébé qui naît le 7 Juillet 1948 : MOIÀ La Chaussée-Tirancourt :
Début 1949, la famille s’installe définitivement à LA CHAUSSÉE-TIRANCOURT, Rue du Marais, dans une maison reconstruite par des dommages de guerre, suite au bombardement du 20 mai 1940 qui a fait de nombreux morts dans la population et qui a détruit de nombreuses habitations dont celle de Flore SEHET, la grand-mère de Roland. Ce dernier ne quittera plus la gare d’AMIENS jusqu’à sa retraite, le 1er octobre 1962.
Pendant que papa travaille, maman s’occupe de la maison, de la basse-cour, du jardin et de nos vieux oncles et tantes : Paul et Victoria SEHET à LA CHAUSSÉE-TIRANCOURT et Gaston et Julienne DOMONT à DREUIL LES AMIENS.
Toute leur vie, ils seront choyés par maman.
Jean va au lycée d’AMIENS pendant que moi je rentre à l’école du village.
André qui a déjà perdu sa grand-mère Flore le 11 février 1934, va perdre en quelques années tous les membres de sa famille :• Adrienne, sa belle-mère, le 23/10/1940, à PICQUIGNY
• Alexandre SEHET, le 28/12/1941 à PICQUIGNY, à la maison de retraite
• Yvonne, sa mère le 27 juillet 1942 à LA CHAUSSÉE-TIRANCOURT
• Narcisse, son père, le 3 Octobre 1947., à DREUIL LES AMIENS .
• Pascaline, sa grand-mère, le 3O/11/1952 à DREUIL LES AMIENS
• Jeanne Moye, sa tante, en 1957, le 7 septembre, à LA CHAUSSÉE-TIRANCOURT.
• Paul SEHET, son oncle, le 26 avril 1958, à LA CHAUSSÉE-TIRANCOURT
• Julienne DOMONT, sa tante, le 30/07/1963 à DREUIL LES AMIENS.
• Gaston DOMONT, le 17 août 1965 à LA CHAUSSÉE-TIRANCOURT
• Victoria Moye, la femme de Paul, le 24 mai 1968, à LA CHAUSSÉE-TIRANCOURT.1970 : arrive le drame :Le 10 novembre 1970, 4 mois après mon mariage, maman décède dans d’atroces souffrances quelques instants après avoir fait à une piqûre. Le docteur, M. BONTE Pierre la soignait pour des varices.
Il lui avait déjà fait une piqûre quelques jours auparavant, elle avait eu beaucoup de mal et avait dit à Juliette HULOT, une vieille amie de la famille que, si elle avait aussi mal,elle arrêterait son traitement. M. BONTE s’est entêté, lui a dit “tu es doudouille” malheureusement, on connaît la suite...
Papa lui en a voulu longtemps!
Jean devient instituteur :
Jean passe son BAC avec succès à Lille et entre à l’École Normale.
Il deviendra instituteur, son rêve d’enfant. Son premier poste fut VIGNACOURT. Comme mon oncle Paul aurait été content s’il l’avait su! En effet lui qui était né à VIGNACOURT ne voyait pas de plus beau village. Jean restera à VIGNACOURT dans l’école dirigée par Mr Rat jusqu’à son départ pour la guerre d’Algérie, fin 1960. A son retour d’Algérie il fut nommé en septembre 1962 à CAGNY où il restera jusqu’à sa retraite.Papa est homme blagueur, il aime bien faire rire les gens, quand il part travailler, dans le train, il n’a pas son pareil !
Il aime bien parler picard depuis longtemps :
En 1931, alors qu’il habite à Cauffry, il écrit à son grand-père et à sa grand-mère à DREUIL LES AMIENS : “ deux mouts pour vous donner ed nou nouvelles qui sont boènnes et j’espère eq vous ché l’même chose épi in memme temps pour vous dire q’samdi ô n ‘irons point, vu qu’j’ai donné min r pos à un eute .bien l’bonjour à m’ nonque, m’tante. Vos tchotte fille et tchot fiu Renée,André ”
Il est vrai que papa aimait bien ses grands parents et ils lui rendaient bien. Jusqu’à sa retraite, papa allait manger chaque semaine, le jeudi, (car il n’y avait pas école ce jour là) à DREUIL LES AMIENS.
Maman et moi allions l’après-midi chez mon oncle Gaston par le train que nous prenions été comme hiver à PICQUIGNY: on croisait papa sur le quai, lui montait pour aller travailler, nous , descendions pour aller à la maison de Gaston et Julienne. Maman faisait le ménage, moi j’allais pêcher dans la Somme ou dans l’étang au bout du pré pendant que mon oncle coupait de l’herbe pour les lapins ou faisait son jardin.
Quand il faisait froid, j’aimais bien regarder les albums de cartes postales. Gaston était un peu avare, il allumait sa cigarette avec un morceau de papier de boîte à sucre qu’il avait coupé en long méticuleusement.
Lorsque je rentrai dans la maison sans essuyer mes pieds, il disait “tu vas salir le pavé”, la fois d’après, j’essuyais mes pieds un peu trop longtemps à son goût, il me disait : « tu vas user ch’tapis»....Il avait toujours un petit chiffon dans sa poche de bourgeron noir pour essuyer les taches aussi bien sur la table que par terre. Ma tante Julienne était aussi une femme gaie, elle aurait aimé que l’on soit tout le temps chez eux.
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André
jouant avec ses petits enfants Olivier et Maxime. |