1914

L’archiduc François Ferdinand, héritier de la couronne d’Autriche est assassiné à Sarajévo, le 28 juin 1914.

Le 31 Juillet, Jean Jaurès est assassiné.

La mobilisation

Le 1er Août, la France mobilise.
Le garde de La Chaussée-Tirancourt, Albéric JACOB affiche l’ordre de mobilisation à la porte de la mairie. Alors, les jeunes quittent le village pour rejoindre à Amiens les 10 000 soldats qui affluent dans les casernes, laissant les travaux des champs et la moisson qui n’est pas terminée aux femmes, aux enfants et aux vieux qui s’en chargeront. Chacun espère être rentré pour battre le grain à l’automne. Il paraît que le conflit ne durera pas!

Le 3 Août, l’Allemagne déclare la guerre à la France. Dans chaque camp, on croit que l’on sera rentré pour la fin de l’année ! En fait le conflit durera 1 562 jours…

L’offensive allemande est rapide : « Nach Paris ! » crient les soldats allemands enthousiastes. « A Berlin ! » leur répondent les Français qui partent joyeux, en train, sur le front de la Lorraine. Hélas, en quelques jours, les Allemands envahissent la France !

L’invasion Allemande

Notre département voit les troupes ennemies arriver le 28 août. Le 30 Août, le Génie fait sauter les ponts autour d’Amiens. Malheureusement, le 31, les Allemands entrent dans la ville, y installent une Kommandantur et prennent des otages. Une rue porte encore le nom de «Rue des otages» en souvenir de ces moments tragiques.

D’après les communiqués officiels, en date du 3 septembre, les Allemands sont près de Picquigny, de l’autre côté de la Somme. Le 9, ils sont encore à Ailly-sur-Somme où des détachements de la cavalerie séjournent. On raconte dans le village que deux « uhlans » prussiens, à cheval, venant de Saint-Sauveur en éclaireurs, étaient parvenus jusqu’au pont de Picquigny, mais celui-ci ayant été détruit, ils étaient repartis par le même itinéraire avant d’être abattus par une patrouille de soldats français…
L’occupation d’Amiens durera jusqu’au 12 Septembre.

Le pont de Picquigny détruit par le Génie Français en 1914.

LA BATAILLE DE LA MARNE qui commence met un arrêt à la progression vers Paris.
En effet, l’état major allemand doit envoyer du renfort sur la Marne. Pour conduire les soldats au front, les taxis parisiens avaient été réquisitionnés. Un habitant de notre village, Adrien TAUPIN conduisait un de ces «taxis de la Marne».
5 jeunes soldats de La Chaussée-Tirancourt périrent au cours de cette bataille :
- le 3 septembre : Emile THUILLIER est tué au chemin de Canolle, il a 23 ans.
- le 7 septembre, son frère Arthur THUILLIER est tué à Etripilly, en Seine-et-Marne, il a 29 ans et il est porté disparu.
- Le 13 septembre Laurent MALBEC est tué à Montrupt dans la Marne, il a 24 ans !
- Le 14 septembre, Henry HORVILLE est également tué à Montrupt, sous les yeux de Charles VASSEUR, soldat de notre village, il a 22 ans.
Il sera inhumé au cimetière militaire de Mouippe. La sœur d’Henry, Louise HORVILLE, épouse TOURNEUR, décédera le 20 mai 1940, lors du bombardement tragique de La Chaussée.
Charles Vasseur sera tué lors de la retraite allemande en septembre 1944, emmené de force avec ses chevaux et sa charrette.
- Le 15 septembre, Léopold ISAMBOURG trouve la mort à Servon, dans la Marne, il 23 ans.

Il est difficile de s’imaginer l’émotion qui régnait dans notre village ainsi que l’angoisse des familles qui se demandaient qui allait être le prochain.

Ensuite, c’est la « course à la mer » où pendant plusieurs semaines, le front s’étend vers l’ouest sur une longueur de 750 km, d’Ostende à Mulhouse.

En octobre 1914, notre département est occupé à l’est d’une ligne qui va d’Albert à Montdidier. En novembre, la guerre de mouvement va céder la place à la GUERRE DE TRANCHEES.

- Laurent GUILBERT est tué le 11 novembre en Belgique, à Lombaertzyde, il est porté disparu, il a 36 ans. Est-il tombé dans l’Yser?

Le maire prévient les familles des victimes

Le 2 décembre 1914, Monsieur FOURNY, maire de La Chaussée-Tirancourt reçoit une lettre du capitaine Laigle lui annonçant la mauvaise nouvelle. Il lui revenait la lourde tâche d’en aviser la famille :

Monsieur le Maire,
J’ai le regret de vous faire part de la disparition du soldat GUILBERT Laurent, classe 1898, survenue le 11 novembre 1914 au combat de Lombaertzyde.
J’ai l’honneur de vous prier de bien vouloir, avec les ménagements d’usage, porter cet avis de disparition à la connaissance de Madame GUILBERT, à La Chaussée-Tirancourt.
Veuillez agréer, Monsieur le Maire, l’assurance de ma considération distinguée. Laigle

Le 19 décembre 1914, l’institutrice du village, Mademoiselle COMONT, sollicite le vote d’une subvention destinée à acheter les matières nécessaires à la confection par les filles de sa classe, de chaussettes, gants, tricots, chandails, etc... pour nos soldats qui ont froid dans les tranchées. 50 francs sont alloués pour cette belle initiative.
Dans le Conseil Municipal, un homme est absent car il est mobilisé, c’est Gaston HORVILLE, on le reverra au conseil, en février 1919.