1918

Les Anglais retrouvent l’entrée des souterrains du Camp de César

Début 1918, les alliés retrouvent l’entrée des souterrains. Ils la consolident avec des poutres de chêne ainsi qu’à l’intérieur, poutres qui seront utilisées par les Calcéens après le conflit ...
Les Anglais ont l’intention d’y créer un hôpital de campagne.
Pourquoi un hôpital à cet endroit ?
En cas d’une offensive allemande, il aurait servi d’hôpital d’arrière front.
En effet, au début de l’année 1918, craignant une poussée allemande sur Amiens, les Anglais construisent à la hâte une ultime ligne de défense allant de la Belgique à Ferrières dans le canton de Picquigny : la ligne GHQ (voir dans la rubrique "aux alentours" le chapitre "les bunkers de la guerre 14-18").
Cette ligne était composée de bunkers à deux visées dirigées, l’une sur Amiens, l’autre sur l’Est du département.
Bien conservés pour leurs cent ans, on en retrouve entre autres à Ailly-sur-Somme (2), Dreuil les Amiens, Argoeuves et Coisy …
La ligne était fortifiée en outre par des tranchées et des rangées de barbelés, ainsi que par des trous destinés à placer des mitrailleuses.


Au loin Amiens et sa cathédrale

Ces trous sont encore visibles sur le rempart de l’oppidum. Ils étaient dirigés vers l’Est dans l’attente de l’ennemi, qui heureusement fut stoppé à Villers-Bretonneux, le 25 avril 1918.
Après cette date, il ne fut plus question d’hôpital et les souterrains furent l’objet de visites des soldats du Commonwealth parfois en charmante compagnie comme l’attestent certains graffitis qui datent de la fin de la guerre.

Ces graffitis ornent les parois des galeries des souterrains: on trouve les noms et les régiments des soldats venus de Grande-Bretagne ou d’Australie.
C’est ainsi que l’on trouve les inscriptions suivantes :

Inscriptions difficiles à lire :

au dessus :

3 9 7 6 1 2 DBR

3 9 7 7 8 1 W H R E 15 juin 1918

à coté :

H. WUHIMAN 8 juin 18

C.R.

Initiales de soldats anglais et australiens

GELLEWHELLIN

Frank COBB

Palmyre
Raymonde GAUDEFROY
Nelly CORNET
18.06.1918

Il doit s’agir d’un soldat Australien se promenant dans les souterrains avec 3 habitants de La Chaussée-Tirancourt.

D. CHABUT 8.12.18

Mal écrit :

PROTEY ELIRABOUR en lettres attachées, très grandes, sûrement un anglais qui avait fraternisé avec les deux français précédents.

« Advance AUSTRALIA »

 

Les Russes faisant la Paix avec les Allemands par le traité de Brest Litvosk, le 3 mars, les Allemands reviennent en masse sur le front de l’ouest.
A la mi-mars, les Allemands veulent porter un coup décisif. La Somme va vivre des heures dramatiques ! L’offensive est rapide et brutale: 75 divisions allemandes sont opposées à 19 divisions alliées. Rapidement, tout l’est du département est repris; le 23, Péronne et Ham sont aux mains de l’ennemi, le 25, Roye tombe, le 26, c’est au tour d’Albert. C’est une véritable débâcle!

C’est alors, devant le tragique de la situation, que les gouvernements alliés, réunis à Doullens, décident enfin, l’unité de commandement. Poincarré, Foch, Pétain, Clémenceau retrouvent les officiers alliés dans une salle de la mairie de Doullens et décident de confier le commandement unique à FOCH.

Amiens est menacée, bombardée : les civils et les administrations quittent la ville. A La Chaussée, la rumeur arrive : les Allemands sont à Amiens, il faut partir ! Plusieurs personnes du village, dont mes grands-parents évacuent quelques jours à Mouflers, le temps de la contre offensive alliée.

Heureusement, le déferlement allemand est stoppé, grâce à l’héroïsme des soldats australiens à Villers-Bretonneux. Les américains arrivent et interviennent le 28 mai 1918 à Cantigny. Le 8 août, Foch lance une vaste offensive qui va d’Albert à la vallée de l’Aisne. Début septembre, la guerre s’éloigne. Le 9 novembre, suite à la révolution en Allemagne, l’empereur Guillaume II abdique. Les Allemands veulent en finir.

Le 11 Novembre l’armistice est signé dans la clairière de Rethondes, près de Compiègne dans un wagon. Le caporal Scellier, à 11 heures, avec sa trompette, signale au monde que la guerre est finie. A La Chaussée-Tirancourt, comme partout en France, les cloches se mettent à sonner à toute volée vers 3 heures.

L’instituteur, M. VASSEUR, fait chanter la Marseillaise aux élèves après leur avoir dit que la guerre était finie. La joie immense des uns contraste avec la peine des autres qui ont perdu un père, un frère ou un mari.

Signature de l’Armistice le 11 novembre 1918 à 5 heures du matin, à Compiègne

Deux jeunes de notre village trouvèrent la mort :

- De FRANCQUEVILLE Bernard, mort le 26 octobre, à l’Hôtel Dieu, à Amiens, Rue Saint-Leu, du fléau qui fit tant de morts: «la grippe espagnole», il a 24 ans.
- DRAPIER Charles tué le 15 octobre à Hoogstaede, en Belgique. Malgré son jeune âge, 20 ans, il était sous-lieutenant comme l’indique une plaque apposée dans notre église. Il est chevalier de la Légion d’honneur.

Les Alliés entrent et occupent l’Allemagne

Albert MAQUET écrit à son cousin Paul SEHET :

Saarburg, le 15 Décembre 1918
Mon cher Paul,
Nous sommes rentrés dans le pays des Boches, je t’envoie une vue du pays où nous avons couché. Je t’assure qu’ils font une sale g……, c’est bien leur tour. Reçois une cordiale poignée de mains et bien des choses à la famille.
Albert.

D’autres vont à Trèves ou à Oppenheim sur le Main, comme le jeune FOURNY de La Chaussée-Tirancourt qui écrivit à ses cousines le 22 février 1919, souhaitant terminer la guerre à cet endroit.

La guerre était finie, certes, mais à quel prix ? 21 jeunes de notre village avaient trouvé la mort pendant que d’autres plus chanceux étaient revenus gazés ou mutilés après avoir fait près de 8 années de service militaire. M. TAUPIN Adrien, libérable en juillet 1914, ne revint à La Chaussée qu’après le Traité de Versailles du 28 juin 1919 !

Sur les 21 victimes, 6 furent inhumées après la guerre dans le cimetière de La Chaussée-Tirancourt dont 5 dans le vieux cimetière :
Robert WITASSE, Arsène SEVIN, Charles GAVOIS, Léonce BLONDEL, et Léon DUMONT. Raymond ALEXANDRE fut quant à lui inhumé dans le nouveau cimetière, créé en 1923 en même temps que le Monument aux Morts (monument à la gloire des victimes de la première Guerre Mondiale, érigé grâce à une souscription des habitants de notre commune)

Combien de morts, combien de ruines qui ont transformé la Somme en un vaste cimetière. C’était disait-on à l’époque « la der des ders » ! Hélas on connaît la suite …