942
: PASSAGE DES SOLDATS DU COMTE DE
FLANDRE |
ASSASSINAT LE 17 DÉCEMBRE 942 À PICQUIGNY
DE GUILLAUME LONGUE-ÉPÉE, DUC DE NORMANDIE
En
942, la rivière Somme fait figure de frontière entre les partisans
d’Arnoul Comte de Flandre au nord et ceux de Guillaume Longue Épée,
duc de Normandie, au sud.
Guillaume Longue Épée est un allié puissant du Roi de France
tandis qu’Arnoul Comte de Flandre et d’autres puissants seigneurs
conspirent contre le Roi. Guillaume est gênant ; alors l’idée
de le faire disparaître naît dans l’esprit des seigneurs opposés
au Roi de France. Arnoul va proposer un rendez-vous à Guillaume, prétextant
qu’il vieillit et qu’il souhaite la Paix. Guillaume, imprudemment,
va accepter, malgré l’avis de certains membres de son entourage
qui flairent le piège. Arnoul propose que la rencontre ait lieu à
Picquigny sur une petite île située sur la rivière Somme.
Au 10ème siècle, notre région compte deux routes principales :
- La première, rectiligne, passe au nord de La Chaussée-Tirancourt, sur la rive droite de la Somme. Elle mène de Rome à Boulogne, c’est l’antique « Chaussée-Brunehaut ». Après avoir traversé Saint-Vast-en-Chaussée, elle bordure notre territoire avant de pénétrer dans la forêt de Vignacourt. Cette route est encore visible en ce début de 21ème siècle.
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- La deuxième route se situait sur la rive gauche de la Somme. Elle traversait la forêt d’Ailly, passait entre Picquigny et Fourdrinoy avant de se diriger sur Airaines et la mer.
Entre les deux, des petits chemins relient les villages et il est très difficile de traverser la Somme ; les habitants doivent utiliser des gués.
Le 17 décembre 942, Guillaume vient avec son armée normande et stationne à Picquigny sur la rive gauche tandis qu’Arnoul arrive à La Chaussée-Tirancourt, sur la rive droite, venant de Corbie.
À l’époque, il n’y a pas encore le canal et ce que nous appelons la « vieille Somme » est plus large que maintenant ; l’île est située au milieu.
Les soldats des deux armées se font face.
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Vestiges
de l'île de la trêve |
Arnoul
arrive le premier sur l’île sûrement pour régler les
derniers détails, il est accompagné de quatre hommes qui ont juré
de tuer le Duc de Normandie.
Guillaume arrive ensuite, entouré de douze chevaliers ; sans doute pense-t-il
qu’aussi bien entouré, il ne lui arrivera rien ! Arnoul s’approche
de Guillaume en boitant et lui propose une alliance contre ses anciens alliés
! Guillaume refuse, mais les deux protagonistes se mettent d’accord sur
un autre point. Après un long entretien, Guillaume et Arnoul se séparent.
Arnoul retourne sur la rive droite tandis que les douze compagnons de Guillaume
montent dans une barque et rejoignent la rive gauche. Quant à Guillaume,
il revient dans une petite barque accompagné d’un seul rameur.
C’est à ce moment qu’Arnoul fait appeler Guillaume par les
quatre conspirateurs, prétextant avoir oublié de lui dire quelque
chose d’important. Naïvement, Guillaume revient vers l’île.
À peine a-t-il accosté que les quatre félons sortent leurs
épées qui étaient dissimulées sous leurs capes,
et tuent Guillaume et son homme d’armes. À la hâte, les quatre
assassins rejoignent Arnoul et son armée, et s’enfuient vers le
nord traversant rapidement le petit village de La Chaussée-Tirancourt.
Les soldats normands qui ont assisté impuissants au crime arrivent trop
tard auprès de Guillaume. Malheureusement, le Duc ne peut être
sauvé.
Son cadavre est transporté sur la rive gauche de la Somme à l’endroit
appelé « la Catiche », puis emmené à Rouen
pour les funérailles.