SAUVETAGE  DE  L'AVIATEUR  Noël  James  HELEAN
par Marceau FERTEL le 21 décembre 1943
Noël HELEAN pendant la guerre
Photos Cushla SEWELL
 
Extrait du registre des opérations de vol du 21 décembre 1943 (heure anglaise)
Document Cushla SEWELL
 
 Article du "Journal d'Amiens" (23 décembre 1943 )
Document Dany Dheilly

Deux habitants de La Chaussée-Tirancourt, Messieurs Robert et Marceau FERTEL faisaient du bois, sur la rive droite de la Somme, en direction d'Hangest-sur-Somme, près du chemin du halage. Tout à coup, ils virent un avion se poser en catastrophe, suite à un incident mécanique, de l’autre côté de la Somme, et son pilote s’enfuir, et se réfugier dans les marais.

Noël Helean volait sur un avion "Typhoon" de ce type...
Document Dany Dheilly

Aussitôt, Marceau courut jusqu’à l’écluse d’Hangest-sur-Somme, la passa et revint le long de la Somme pour le cacher. Une fois le pilote caché, Marceau revint à son travail, prit des vêtements civils afin de le rhabiller. Marceau avait toujours avec lui, un brassard SNCF. Il mit ce brassard au bras du malheureux pilote. Marceau et l’aviateur revinrent à La Chaussée-Tirancourt, en passant la ligne de démarcation de Picquigny, au nez des Allemands, avec le brassard SNCF. Noël James HELEAN ne resta que quelque temps chez Marceau, car la maison était trop petite.

Photo de la maison de Marceau FERTEL,
Rue du Grenier (rue Geneviève FERTEL depuis 1983)

Marceau alla voir sa mère qui décida immédiatement de loger l’aviateur chez elle. Il coucha dans la chambre à droite et y est resté quelques jours.

Photo de la maison où habitait Geneviève
pendant la guerre, rue de la Carrière.

Maître COLLOT (notaire à Picquigny) est venu ensuite le chercher et le conduire à vélo, pour une destination inconnue de Marceau.

 
Lettre  de  Monsieur  Noël  James  HELEAN
à  Monsieur  Dany DHEILLY  (d’Hérissart)
Mars 2006

Bonjour Dany,
Voici les indications de mon frère. Son nom n’est pas John HELEAN, mais Noël James HELEAN.
Voici ses propos :
« Après que mon avion se soit écrasé le 21 décembre 1943, mon premier contact a été avec Marceau FERTEL qui habitait La Chaussée-Tirancourt avec sa famille. Après plusieurs jours avec Marceau et sa famille, (je me rappelle que quelqu’un s’appelait Marguerite / Margaret * je pensais que c’était sa femme mais je me suis peut-être trompé), je me suis rendu à vélo à Warloy Baillon chez le Docteur Robert BEAUMONT qui était un ancien membre dans la Résistance Française
Le chemin m’avait été indiqué par John HOPKINS qui roulait 200 à 300 mètres devant moi. John HOPKINS était un Anglais qui s’était marié à une française après la guerre 14 / 18 et qui vivait en France.
Le Docteur BEAUMONT me dit qu’il allait organiser mon retour en Angleterre via l’Espagne. Les arrangements se feraient par émission sur radio d’Angleterre et le message serait : « La confiture est cuite ». Il me conduisit chez Monsieur Hector BOUCHER et sa femme à Varennes par Acheux et j’y restais jusqu’à mon départ pour l’Espagne. Malheureusement le Docteur BEAUMONT fut dénoncé par un marchand drapier d’Amiens et il fut pris par les Allemands début février 1944 et fut malencontreusement tué au cours du raid de la RAF sur la prison d’Amiens. Tout contact avec la résistance française fut perdu à ce moment-là et Monsieur BOUCHER insista pour que je reste chez eux en attendant que contact soit repris. Je restais là jusque fin juillet 1944 date où je fus rejoint par un autre pilote qui avait été abattu. Je ne sais pas qui l’avait amené chez Monsieur BOUCHER. Après un certain temps, nous allâmes à Léalvillers chez Madame CHOQUET où nous restâmes jusqu’à la Libération par les Anglais en septembre 1944.
Quand je suis rentré en Angleterre, j’ai recommencé à voler et j’ai été envoyé en Palestine puis en Inde jusqu’à la fin de la guerre.
Madame FERTEL m’a écrit en 1955 et elle m’a dit qu’elle avait été déportée dans un camp de concentration. Qui l’a dénoncée ? je suis incapable de répondre à cette question. Peut-être pourriez-vous me renseigner ? »
Dany, j’espère que ceci vous est utile et faites moi savoir si vous avez besoin d’autres informations. Si c’est plus facile que ce soit en Français, l’un de mes amis peut traduire. Faites le moi savoir.

Amicalement.
Dianne     

* En fait, il s’agit de Madeleine, belle sœur de Marceau.


Ci-dessous le texte original (en anglais)
Hi Dany,
Her is the information a from my father.His name is not John Helean but Noel James Helean. These are his words.
« After my aircraft crashed on 21 December 1943 my earliest contact was with Marceau Fertel who lived with his family at La Chausse Tirancourt. After several days with Marceau and his family ( I remember one of whom was called Margaret)? I thought she was Marceau's wife but I may be wrong, I then cycled to Warloy Baillon to the house of Dr. Robert Beaumont who was a very senior member of the French Resistance. I was shown the way there by John Hopkins who cycled about 200-300 metres in front of me. John Hopkins was an Englishman who had married a French girl after the 1914-18 war and he lived in France. Dr. Beaumont told me they would arrange my return to England through Spain.The arrangement for this would be broadcast on the radio from England and the password would be "The jam Is cooked " "La Confiture est cuite". He drove me to the house of Hector Boucher (Bouchez) and his wife at Varennes by Acheux and I would remain there until I moved to Spain. Unfortunately Dr. Beaumont was denounced by a draper in Amiens and was taken by the Germans in early February 1944 and was very unfortunate to be killed in the RAF raid on the Amiens prison.
All contact with the French Resistance was lost at this stage and the the Boucher insisted that I stay with them until some contact could be made. I remained there until late July 1944 when I was joined by another pilot who had been shot down. I do not know who brought him to the Bouchez house.After awhile we went to Lealvilliers to the house of Madame Chuquet? Choquet? where we remained until the liberation by the British in September 1944.After my return to England I commenced flying again and was sent to Palestine and then to India where I stayed until the end of the war.
M.Fertel wrote to me in 1955 and told me she had been sent to a concentration camp. Who denounced her? I was unable to get a reply to that question. Perhaps you could give some infomation about this.
»
Dany I hope this of help to you and please let me know if you need any more infomation. If it is easier to have it translated into French I can get it done by a friend of mine.Please let me know.

Kind regards
Dianne

Questions  de  Monsieur  Dany DHEILLY à M. Noël HELEAN
Septembre 2007
1° Noël a-t-il sauté en parachute ? Donc a-t-il quitté l’avion ? Dans ce cas, l’avion s'est-il "crashé" ?
2° Ou... Noël est-il resté aux commandes et a-t-il posé l’avion au sol, pour en sortir ?
3° A propos de John HOPKINS, qui l’a accompagné en bicyclette, cet homme venait-il de la région de La Chaussée-Tirancourt ou plutôt de Warloy-Baillon ? Quel âge avait-il ?
4° A-t-il connu ou rencontré (son commentaire, ses souvenirs, si possible) :
    - Leslie ATKINSON ?
    - Jean SAGUEZ ?
    - SERANT ?
    - GUERIN ?
    - MASSARY ?
    - BODY ?
    - KELLY ?
    - FOREWELL ?
    - un aviateur américain ?

5° Ci-joint une photo . Noël se souvient-il de cet homme ?
 
Ci-dessous les réponses de Noël HELEAN

Voici les réponses de Noël aux questions de Dany ; Après 60 ans, les choses sont un peu floues dans mon esprit mais je vous fais part de mes souvenirs sur ces évènements."

1) Je crois que John HOPKINS était un Anglais ayant combattu en 14-18 qui s’est marié à une Française et est resté en France. Je ne l’ai rencontré qu’en allant à vélo à Warloy-Baillon. Je n’ai rien su sur l’endroit où il habitait ni sur sa famille. Il avait environ 50 ans.
2) Je n’ai pas sauté en parachute car j’étais trop bas. J’ai atterri dans le champ et je n’ai pas pu détruire entièrement mon appareil qui a dû être récupéré par les Allemands.
3) Je n’ai connu ni Jean SAGUEZ de Hénencourt , ni Leslie ATKINSON.
4) Bob BODY et Jim KELLY étaient des Canadiens faisant partie d’un groupe parachuté mi-juin 44. Ils étaient hébergés à Senlis-le-Sec par une Française qui peut avoir été Madame SERANT.
5) Colette MASSARY venait de Léalvillers et je pense qu’elle habitait où les Canadiens étaient réfugiés. Je crois qu’elle enseignait à Senlis-le-Sec.
6) Le nom de GUERIN m’est inconnu mais c’est peut-être celui des personnes qui ont hébergé Bill FOREWELL et moi-même pendant quelques jours avant la libération.

Merci à Dany DHEILLY pour la transmission de ces documents
et à Assunta GRICOURT pour la traduction