En
1967, M. BAUDIMONT, agriculteur à LA CHAUSSÉE-TIRANCOURT, en
effectuant un labour profond, heurta un gros grès difficile à
dégager. Alerté, M. de FRANCQUEVILLE, Maire de la commune, prévint
M. Roger AGACHE, directeur des Antiquités Préhistoriques de
la Somme. Ce dernier chargea M. Joël MOLIERE d’un sondage de sauvetage.
Le
monument commence par une antichambre de 2 mètres sur 2 où l’on
célébrait vraisemblablement un culte d’offrande :
un vase et deux manches de hache, en bois de cerf furent trouvés entre
les pierres. Une rampe d’accès descend dans la sépulture
proprement dite par une porte étroite, constituée par deux blocs
de grès où l’on voit encore une feuillure : trace d’une
porte en bois. On y a trouvé un vase et une hache en silex poli, déposés
rituellement. Sur deux niveaux, pendant plusieurs siècles, ont été
ensevelies 346 personnes, le plus grand nombre de corps trouvés dans
pareil type de sépulture en Europe.
Les
corps souvent déconnectés, avaient été placés
dans le niveau ancien, dans des cases successives par familles, par groupes
sociaux etc…Certaines cases ne comportaient que des ossements d’enfants
et des traces de chaux vive. La couche d’inhumation la plus ancienne
(couche V) couvrait la quasi totalité du fond du monument, mais trois
corps étaient plus précisément installés dans
le chevet, dans un quadrilatère matérialisé par de petites
dalles de grès. Une cinquantaine d’autres squelettes, dont certains
avaient été inhumés en position assise, occupaient le
centre de la tombe. C’est sur la couche IV que reposent les 300 corps,
les pieds orientés vers l’entrée, à l’inverse
de ce qui valait pour la couche V, dans laquelle les têtes étaient
tournées vers le seuil de l’allée.
Une
nouvelle période commence quand le monument est divisé en une
demi-douzaine de cellules, dont chacune reçoit des corps désormais
couchés sur le ventre ou sur le dos.
Entre les cases, soutenues par un bâti, les fossoyeurs pouvaient circuler
dans des allées constituées de petits blocs de grès pour
éviter de piétiner les ossements. Les hommes de cette époque,
cultivateurs, chasseurs et éleveurs ne connaissent pas le métal,
sauf le cuivre, qui a été trouvé sous forme de deux perles
en ruban, bijoux précieux apportés après un voyage peut-être
fort lointain. Du minerai de fer, trouvé à l’état
naturel dans la craie, porte des traces de frottement, il s’agit peut-être
des premiers briquets à silex. La datation de la destruction du site
au carbone 14, est estimée à – 1750 ans avant Jésus
Christ, avec une approximation de plus ou moins 150 ans. C’est donc
entre 1600 et 1900 avant notre ère (époque des grandes pyramides
d’Egypte) que des envahisseurs armés de haches et de lances en
bronze auraient commencé à détruire le site. De ces hommes,
subsistent également des sépultures mais sous la forme de grands
cercles, visibles d’avion contenant des cendres et quelques tessons.
La Commune de LA CHAUSSÉE -TIRANCOURT en compte plusieurs. Tout le
plateau picard (à cette époque de climat su boréal) était
recouvert de forêts identifiées grâce à l’analyse
des pollens fossiles trouvés dans la sépulture.
La sépulture de la Cense du Bois occupait une
clairière de l’environnement forestier ancien dont ne subsiste
que le Bois des Malades et la forêt de Vignacourt. Le monument, après
la fouille, a été recouvert de terre pour le protéger
des intempéries et des fouilleurs clandestins. « La masse
du monument a défié le marteau des démolisseurs, la torche
des incendiaires et le soc des charrues. Résistera-t-il aux tracteurs
de l’avenir et à l’oubli ? » (Joël MOLIERE)
On
peut estimer qu’il a fallu plus de 10 000 heures de travail au pinceau
et au grattoir pendant 7 étés pour effectuer la fouille. De
nombreuse publications ont été faites ainsi que des conférences
données par M. Claude MASSET. A SAMARA, un tableau ainsi que des commentaires
évoquent très bien cette richesse archéologique qui permet
au village de LA CHAUSSÉE-TIRANCOURT d’être connu dans
le monde entier.