LES  GARDES - CHAMPÊTRES  AU  XXème SIÈCLE    À  LA  CHAUSSÉE - TIRANCOURT
Le 3 juin 1901, Alphonse SOREL, de La Chaussée a été condamné par le Tribunal d’Amiens à 25 F d'amende pour insultes faites au garde-champêtre à l’occasion « d’un vélocipède ».
La Chaussée-Tirancourt
Feu de bouche : M. Alexandre Sorel, tailleur à La Chaussée-Tirancourt, est peut-être un bon homme, seulement il a pu être vif dans l’affaire qui l’appelle devant le tribunal.
Il est poursuivi pour outrages au garde champêtre, et de ce fait condamné à 25 F d’amende.
Fort heureusement pour lui, il lui est fait application de la loi Béranger

Le "Journal de Picquigny" du 10 juin 1901

Le 27 juillet 1910, le Maire, Léon FOURNY suspend Lucien DUBUS, garde-champêtre de la commune pour une durée de 21 jours. Il doit cesser ses fonctions immédiatement et déposer ses insignes à la mairie. Lucien DUBUS sera suspendu une nouvelle fois du 4 juin au 31 juillet 1912, car, malgré les avertissements qui lui ont été maintes fois réitérés, il continue à faire preuve d’une coupable négligence dans l’exercice de ses fonctions et s’occupe très souvent de travaux étrangers à sa fonction. Lucien DUBUS devait être un personnage haut en couleurs, en effet, on raconte qu’un jour avec l’aide de Marie BEHEN, qu’on appelait « la cantinière », il déterra un veau qu’un cultivateur avait enterré afin d’en faire des conserves… Finalement, Lucien DUBUS démissionna et fut remplacé le 27 juillet 1912, par Émile LEROY, né à La Chaussée, le 10 avril 1881. Émile LEROY était aidé d’un garde auxiliaire : DUPONTREUE Alphonse ; il dut intervenir à l’encontre des fermiers qui battaient mécaniquement les céréales sur les voies publiques. Émile LEROY ne resta pas longtemps en poste puisqu’il démissionna moins d’un an après sa nomination et fut remplacé par Albéric JACOB, le 1er juillet 1913. Le 1er août 1914, c’est lui qui placarde l’ordre de mobilisation générale à la porte de la Mairie. En 1916, il dut intervenir à nouveau pour des problèmes de chiens errants.
En 1917 et 1918, Albéric Jacob est nommé « inspecteur des tueries » en remplacement de M. COPENS, vétérinaire alors mobilisé.
Le 10 février 1920, ALEXANDRE Léon remplace Albéric JACOB. Peu de temps après, le conseil lui adjoint un cantonnier : THUILLIER Oscar.
Une nouvelle fois, le garde doit vérifier le poids du pain.
Nous sommes après la guerre, la vie est difficile : il y a des restrictions.
En 1922, ALEXANDRE Léon doit intervenir à l’encontre de personnes qui font du feu dans le marais. Dans l’exercice de ses fonctions, le garde doit porter une plaque en métal portant ces mots : « LA LOI » ainsi que le nom de la commune. En 1923, c’est le garde qui va payer Mme DEBELLE, marbrier à Picquigny, à qui il fait signer une quittance pour l’édification du monument aux morts de notre village. En 1924, suite à un été calamiteux, la moisson a pris du retard, de ce fait la chasse en plaine est retardée de quelques jours, le Maire Léopold THUILLLIER prend un arrêté, le garde est chargé de le faire respecter.
En 1924, THUILLIER Oscar est nommé cantonnier. En 1927, le Maire Léopold BOUCHER prend un arrêté réglementant le pâturage au marais du 1er mars au 1er novembre, le garde est chargé de l’exécution de cet arrêté.
Le 30 juin 1929, Ovide MULOT devient garde et le restera jusqu’en 1947, c’est lui qui est resté le plus longtemps dans la fonction. Parallèlement à son travail de garde, il était cantonnier. Le 5 août 1930, le Maire prend un arrêté limitant la vitesse dans l’agglomération : 10 km à l’heure pour les camions et 20 pour les automobiles ! En 1933, il doit intervenir à l’encontre de M. ROUCOUX, ébéniste qui est invité à vouloir prendre toutes les mesures destinées à empêcher l’échappement des flammèches de la cheminée qui se trouve dans son atelier. 

A partir de 1941, Pierre DUCROTOY est nommé cantonnier auxiliaire, il deviendra garde champêtre le 1er juin 1947, il le restera jusqu’à son décès le 5 novembre 1964. Il était en plus régisseur des cartes de pêche et adjoint au vétérinaire inspecteur, comme préposé surveillant et chargé de l’estampillage de la viande vendue dans les charcuteries du village.
Pierre DUCROTOY était impressionnant et sévère à bon escient, je me souviens qu’il lui arrivait de venir après la classe sermonner les enfants qui n’avaient pas été sages !…
Il était garde lors de l’affaire Miss MARSHALL, en 1955. Ses connaissances du village furent utiles lors de l’enquête. Un soir, c’est lui qui vint chercher tous les hommes de plus de 18 ans afin de les mener à la Mairie pour être interrogés.

Collection G. Thuillier
Florent BOUCHER, homme de service, fossoyeur aida Pierre DUCROTOY du 1er janvier 1958 au 1er septembre 1960. René DUCROTOY lui succéda le 15 septembre 1960, avant de devenir garde-cantonnier lors du décès de Pierre DUCROTOY.

René DUCROTOY prêta serment au Tribunal d’Instance le 19 mars 1965.
Le garde ne peut se porter aux élections dans son village ; l’exercice du droit de chasse lui est également interdit.

Nous nous souvenons tous de cet homme charmant qu’était René. Avant de faire un « avis à la population »,il agitait une cloche pendant un moment afin que les habitants puissent sortir et écouter les nouvelles communales ou le passage des « chaussures BANCE ».

René était aidé dans sa tâche de cantonnier par Monsieur LEULIER Anselme.

Collection Arlette François
ROHAUT Pierre remplaça René DUCROTOY.

Il fut garde du 1er octobre 1974 au 30 juin 1982.

Pierre ROHAUT lors du rempoissonnement de 1981.
André JOUY lui succéda.
Discours d’André SEHET, Maire à l’occasion du départ à la retraite d’André JOUY, le 29 décembre 1999 :

« André, tu es né le 8 décembre 1939 à Argoules, dans la Somme. C’est le début de la 2ème guerre mondiale.
A quatre ans, tu fréquentes l’école communale de ce village.
A 14 ans, muni de ton certificat d’études, tu rentres en apprentissage comme garçon boucher à DOURIEZ dans le Pas-de-Calais ; tu y resteras 6 ans, jusqu’à ton incorporation en janvier 1960, d’abord à Noyon, pendant 4 mois puis en Algérie pendant 2 longues années jusqu’en avril 1962, date à laquelle tu rentres chez toi.

A ton retour, tu retrouves une place de garçon boucher à Hédin, puis tu rentres dans une entreprise qui travaille pour les beaux-arts pendant un an : l’entreprise Chevallier.

En 1964, il faut du monde à la toute nouvelle zone industrielle d’Amiens, alors, tu es embauché chez Dunlop où tu resteras 19 ans. En 1965, après avoir rencontré Rolande BOUVELET, tu l’épouses à Buire-le-Sec, dans le Pas-de-Calais.

Vous arrivez à La Chaussée-Tirancourt peu de temps après votre mariage ; d’abord comme locataire à Tirancourt , avant de faire bâtir en 1970. De votre union naquirent 4 enfants : Nathalie, Dolorès, Christophe et Claude. Depuis, des petits enfants sont arrivés.

André JOUY lors du rempoissonnement de 1983
 

En juin 1982,une place de garde champêtre est libre à La Chaussée-Tirancourt. Alors tu postules, et ta candidature est retenue.Tu es nommé par M. de FRANCQUEVILLE, le 5 juillet 1982. Une de mes premières mesures en tant que maire fut de te titulariser, le 5 juillet 1983. La population dans son ensemble te doit beaucoup. Pendant ces 18 années, tu as fait gagner beaucoup d’argent à la commune par ton savoir-faire et tes compétences. Personnellement, je n’ai jamais eu à te commander, car tu connais le travail parfaitement. Jusqu’au dernier jour, tu fus ponctuel : arrivé avant 8 heures, reparti après 18 H. Tu n’as jamais rechigné à venir réparer une fuite un dimanche.
Depuis 2 mois, tu as donné les consignes à ton successeur, Bruno COQUART, je sais qu’il a ta confiance ! Apprécié de tous pour ta discrétion, je sais que tu nous quittes à regrets. Saches que les portes de la Mairie, de l’école et de la cantine te seront ouvertes. Tu as promis à Loulou de venir lui dire bonjour quand tu passeras…

Je vais peut-être trahir un secret : tu finis ta carrière au 10ème échelon, avec la note de 19,75 sur 20, je pense que c’est une preuve de ma reconnaissance pour le travail que tu as effectué. Maintenant que l’heure de la retraite a sonné, tu vas pouvoir réaliser tes passions : le bricolage, le jardinage, et la pêche.

L’hiver ou quand il pleuvra, quand tu regarderas la télévision ou quand tu écouteras de la musique, je sais que tu auras une pensée pour tes amis qui se sont regroupés pour t’offrir ces jolis cadeaux.

A quelques semaines près, en cumulant tes années de service militaire, tu as presque 20 ans au service de la collectivité, j’espère de tout cœur qu’une dérogation te sera accordée et que bientôt, je pourrai te remettre la médaille du mérite communal. »


Depuis décembre 1999, c’est Bruno COQUART qui remplace André JOUY.
Avec discrétion, Bruno COQUART accomplit de nombreuses tâches pour la commune et ses habitants. Il est très apprécié de tout le village.
Photo Jacques POMART