DES  HOMMES  ET  DES  FEMMES  COURAGEUX

Les hommes qui ont participé à ces journées héroïques méritent l’admiration comme Maurice CHATTE qui, par son courage et son allant, fut réellement un beau modèle d’entraîneur d’hommes au feu, ainsi que tous les F.F.I. qui attaquaient vaillamment avec le plus grand mépris du danger ainsi que les F.T.P.F. qui, spontanément, se joignirent au capitaine VERSELIPPE et donnèrent au village l’exemple de la Résistance.

Hubert LEMAITRE de La Chaussée, matricule 3520

Daniel GUILBERT de La Chaussée, matricule 3521
Dans les jardins, Hubert LEMAITRE avait aperçu un fantassin allemand qui avait besoin de s’écarter, il avait posé à terre son équipement et son fusil. Profitant de l’aubaine, LEMAITRE Hubert s’approcha doucement, s’empara du fusil et des cartouches et se camoufla. L’Allemand revint, constata la disparition de ses armes et instantanément prit la fuite. Ainsi armé, Hubert rentra au village puis se rendit chez Daniel GUILBERT où cantonnaient des Allemands. A eux deux, ils firent 21 prisonniers. Ils en firent 5 autres dans un abri.

René LECAS d’Amiens, matricule 3519

Léon GEORGES, facteur à La Chaussée, O.R.A., matricule 161

Comme convenu avec le capitaine VERSELIPPE, René LECAS, après avoir la veille fait courageusement le coup de feu à la citadelle d’Amiens, vint le rejoindre au moment du combat. Il fit aussitôt un prisonnier à la ferme DALLE et avec l’aide du facteur GEORGES Léon en fit 6 autres à la ferme RIFFLART. LECAS assura aussi avec 3 F.F.I. la liaison avec Flixecourt et participa à la capture de prisonniers à Belloy.

Carte de membre du réseau Libé Nord de M. Léon GEORGES

Documents Collection Max LUCAS, son petit-fils

 

Pierre DUBOIS de La Chaussée, matricule 3522

Louis GRICOURT de La Chaussée, matricule 3523
Dans le souterrain derrière la ferme DALLE, ils firent 7 prisonniers dont 1 blessé. Durant la nuit, en petit poste, ils prirent 2 Allemands qui cherchaient à s’infiltrer dans le village.

Michel GUERET de La Chaussée, matricule 3524
N’a pas hésité, comme interprète à accompagner le capitaine à travers le marais battu par les feux des mitrailleuses allemandes et anglaises et occupé par les tireurs ennemis pour faire la liaison avec la colonne anglaise. Il refit deux fois le même trajet pour faire rectifier et cesser le feu des Anglais.

Camille LENNE de La Chaussée, matricule 3526
Il fut 3 ans prisonnier de guerre en Allemagne. Pour deux tentatives d’évasion, il dut subir des représailles. Blessé à la jambe, il laissa s’envenimer la plaie pour être rapatrié. Il a fait 4 prisonniers dans la cave KOENIG.

Pierre TOURNEUR de La Chaussée, matricule 3525
Pierre a 14 ans quand survient un drame dans sa vie. Lors du bombardement du 20 mai 1940, il est à La Chaussée-Tirancourt dans un abri de fortune avec quelques voisins et amis. Hélas, son jeune frère et son père sont blessés alors que sa maman trouve la mort devant ses yeux. De ce jour, il n’aura qu’un souhait: revivre dans une France libre !
Le 1er juin 1943, il se fait inscrire au 1er groupe du détachement de F.T.P.F. de La Chaussée-Tirancourt: il a alors 17 ans !
Il s’embauche alors comme terrassier sur les voies ferrées. Garde voie, il tenait au courant le capitaine sur les passages des trains de troupe. Il l’aida en outre dans la recherche des emplacements de nids d’armes automatiques ou autres travaux de défense. A plusieurs reprises, il sabota du matériel roulant ennemi stationnant en gare de Picquigny par mise de limaille ou d’émeri dans les boîtes à graisse.
Au début de mars 1944, il fit évader un adjudant allemand d’origine italienne servant contre son gré dans l’artillerie anti-aérienne (la Flak). C’est en fuyant dans les marais qu’il évita un interrogatoire difficile de la Feldgendarmerie allemande et aussi grâce aux déclarations de Marie COLLARD chez qui ce sous officier était logé. De ce jour, le jeune Pierre devint suspect. Il profitait souvent de la nuit pour afficher des tracts.

A partir du 15 août, il avait préparé avec plusieurs hommes un plan pour faire sauter les écluses de Picquigny au cas où les Allemands auraient inondé le pays afin de ralentir l’avancée des alliés. Berthe Joseph détenait les explosifs nécessaires.
Le 28 août 1944, il participa à la capture de deux soldats allemands apportant 2 fusils au détachement. Il a participé activement aux combats de la Libération les 1er, 2 et 3 septembre 1944 où il fit une dizaine de prisonniers.
Le 2 novembre 1944, il s’engagea dans l’armée régulière afin de continuer la lutte contre les nazis.

Marie (Santune) BONDOIS de La Chaussée

Mireille (Mariette) BOSSIN de La Chaussée
Malgré les menaces de mort des occupants qui recherchaient le capitaine VERSELIPPE, elles continuèrent à le tenir au courant de la situation, puis l’aidèrent à fuir, lui évitant une fusillade certaine. Pendant 3 jours et 3 nuits, elles ne cessèrent de ravitailler les F.T.P.F. et les F.F.I...

Albert MACHY, pseudo « Pivoine » du S.R., courrier alliance, matricule 69
Dénoncé comme faisant partie de la Résistance, est venu chercher refuge chez le capitaine Verselippe le 16 avril 1944. Malgré le danger d’être reconnu, il a continué à assurer son service de renseignements sur les emplacements des armes automatiques, cantonnements, dépôts d’essence, de munitions…
Malgré une surveillance rigide, il fut l’un des rares à passer près du V1 de la côte 103 du Bois de sapins à La Chaussée-Tirancourt. Il accomplit des randonnées exténuantes et dangereuses, à vélo parfois jusqu’à 120 kilomètres.
Le 31 Août, il prit part à la libération d’Amiens, comme chef de groupe.

Quelques personnes se distinguèrent également en prenant part au combat, faisant des prisonniers ou en accomplissant d’autres actions.

Georges DENEUX fit 6 prisonniers.

Maurice MOINE assura la liaison avec Amiens par la route de Saint-Sauveur.

André ROHAUT assura la liaison avec les F.F.I de Longpré les Amiens.

HyacintheTEMPEZ , René GUILBERT et Raoul GUILBERT participèrent au combat et à la capture de prisonniers.

Narcisse CARONet Louis LEVERT assurèrent l’enlèvement des blessés durant la nuit.

René SCHWAL et Georges CASTEBLED ont participé au nettoyage des bois environnants et fait des prisonniers.

René SCHWAL et son épouse Solange
Photo Collection Bernard SCHWAL, son fils

Maurice CHATTE et son équipe de F.F.I. d’Amiens qui sont venus en renfort et ont participé grandement au combat et fait de nombreux prisonniers.

Le lendemain de la Libération, c’est Monsieur Léonce LEGRAND qui assume les fonctions de premier magistrat de la commune.
Quoique très âgé, il y mit tout son cœur et fit procéder à l’enterrement des victimes dans le cimetière communal après vérification des identités.
Les cadavres des chevaux tués furent enfouis.
Tout ce qui était dangereux pour les habitants : munitions, obus, grenades, mines, etc, fut ramassé et stocké dans la cour de Monsieur MOINE.
La population heureuse de sa libération reprit courageusement le travail dans l’ordre et dans l’union.
Il est à remarquer qu’il n’y eut aucun effet déplorable causé par des haines personnelles, des rancunes d’intérêt, d’actes arbitraires ou d’arrestations d’hommes et de femmes qui avaient collaboré comme cela a pu se passer dans d’autres endroits.

Le 1er septembre 1944, un habitant de notre commune : Charles VASSEUR trouva la mort près d’Hesdin dans le Pas-de-Calais, à Sainte-Ostreberthe. Il avait été réquisitionné, fin Août, avec ses chevaux et sa charrette, par les Allemands qui fuyaient notre village, il fut victime d’un mitraillage.

De nombreuses décorations

En plus des décorations accordées aux courageux sauveteurs de l’incendie de la ferme RIFFLART, d’autres distinctions furent décernées à ceux qui se dévouèrent pour la cause de la Libération et dont le siège était à La Chaussée-Tirancourt ; à savoir:

Capitaine Charles VERSELIPPE : commandeur de la Légion d’Honneur, Croix de guerre, médaille de la résistance. Il reçut la Grand Croix de la Légion d’Honneur des mains de François MITTERRAND, alors ministre des Anciens combattants, le 7 mars 1948, à l’occasion de la 1ère fête de l’union nationale des G.O. et T.O.E.
Charles VERSELIPPE était originaire de Flixecourt. Engagé volontaire pendant la première guerre mondiale où il fut grièvement blessé. Il participa ensuite à la guerre du Rif au Maroc puis à la seconde guerre mondiale. Il arriva à La Chaussée en 1943 et habitait à l’angle de la rue de la Fontinette et de la route de Picquigny; la maison est détruite depuis. Il y vivait avec une jeune femme : Mireille BOSSIN. Après la guerre, il retourna à Amiens.

Sous-lieutenant Albert MACHY : Médaille militaire, croix de guerre, médaille de la résistance.

Sergent Maurice MOINE : Médaille en argent de la reconnaissance française ; proposé pour la Légion d’honneur.

Sergent René SCHWAL : Croix de guerre

Sergent Maurice CHATTE : Croix de guerre

Michel GUERET : Croix de guerre

Mme Mireille BOSSIN : Croix de guerre

Mme Marie BONDOIS : Croix de guerre

Henry de FRANCQUEVILLE recevra la Légion d’honneur à titre posthume quelque temps après.

Max LEJEUNE

Le 11 novembre 1948, Max LEJEUNE, Secrétaire d’État aux Forces Armées, fit obtenir la Croix de Guerre avec citation à la commune de La Chaussée-Tirancourt pour son lourd tribut payé lors du deuxième conflit mondial.

Max LEJEUNE, Secrétaire d’État aux Forces Armées

Le 2 septembre 1944, La Chaussée-Tirancourt était enfin libérée de l’oppresseur, après 4 années d’occupation nazie. Mais à quel prix ?

N’oublions pas…..

Le 2 septembre 1944, notre village était libéré, mais la guerre n’était pas terminée pour autant ! Il faudra attendre encore de longs mois pour que les Allemands soient tous chassés de France et voir revenir les déportés et les prisonniers. Il faudra encore attendre des années pour voir la fin des restrictions et des privations.

Cérémonie de remise de la Croix de Guerre à la Commune en présence des élus et de M. Narcisse CARON, Maire.
Photo Collection Marcel MOINE