LES  INSTITUTEURS  DE  LA  CHAUSSÉE-TIRANCOURT  AU  XIXème SIÈCLE

GOURGUECHON Jean-Baptiste
Né le 13 juillet 1781, décédé le 2 septembre 1844 à La Chaussée-Tirancourt.
B.C. le 6 novembre 1816
1816 :
• Somme allouée : 150F
• Écolage : 30 c
• Indemnité de logement : 10 F
• Élèves gratuits : 0
• H : 40
• E :15
• Enseignement simultané

THUILLIER Nicolas
Né le 6/12/1804
Enseignement simultané
Somme allouée : 200 F
Écolage : 40c
Non logé, pas d’indemnité.
B.C septembre 1822 (à La Chaussée, en 1822 ?)
Part à Villers-Bocage en 1831

DARRAS Vast Martin
Né le 30 mars 1816
B E le 7 mars 1835
Entre en fonction le 27 septembre 1840 à La Chaussée.

GÉRÔME Éloy Ferdinand
Né le 10 juillet 1818
B.E. le 3 septembre 1837
Le 10 février 1845 le Conseil Municipal de La Chaussée-Tirancourt, « au vu des pièces et certificats qui lui ont été présentés, nomme le sieur Gérôme aux fonctions d’instituteur primaire ».
Il resta en poste jusqu’en 1846, époque de son interdiction pour cause scandaleuse, ayant eu des rapports avec Virginie BONDOIS, veuve CARON qui se déclara enceinte de ses œuvres ; son père ayant porté plainte auprès du Recteur.
Monsieur GÉRÔME fut révoqué.
À la suite l’auteur de cette relation fit parvenir à M. CAMBRONNE, le neveu du Général, qui habitait la maison des demoiselles FOUACHE* le quatrain suivant :

« On a mis hors de ce pays-ci,
Un instituteur homme d’esprit,
Pour avoir fait à ce que l’on dit,
Un enfant à une femme sans mari.
Putain que l’on ne trouvera pas en paradis »

CAMBRONNE fit la réponse suivante :

« Putain n’est pas le mot.
C’est une pénitente
Qui ne peut exercer à défaut de patente !
Qui cherche mais en vain les clés du paradis,
En se prostituant dans son triste taudis »

* En 2005, dépôt de matériaux appartenant à M. LOPES Joachim.

BISSON Pierre, François, Timothée
Né le 24 janvier 1828 à Fricamps
Marié le 7 février 1850 à La Chaussée-Tirancourt avec Justine CARON (1830-1908)
Ils eurent une fille Marie Julia BISSON (1850-1928)
Le couple habitait dans la maison DÉTRÉ*, dans la Grande Rue.
M. et Mme BISSON, ainsi que leur fille sont inhumés dans le vieux cimetière.

E.N Amiens B.E. le 19 août 1846
Nommé instituteur le 1er mars1847 à La Chaussée (école de garçons)
Décision du Conseil du 8/9/1846
Il resta en poste jusqu’en 1883, c’est à dire pendant 36 ans !

C'est lui qui a dressé le plan de l'école de La Chaussée.

* En 2005, suite à incendie, plusieurs maisons ont été reconstruites.

CARVIN François
Né le 22/10/1798 à La Chaussée-Tirancourt.
Brevet 2° degré le 15 juillet 1819
Entre en fonction le 8 janvier 1849 à La Chaussée.

HOCHEDÉ François
Né en 1839
Titulaire le 3 janvier 1861
Instituteur à La Chaussée, le 20 février 1883 (remplace BISSON)
Il resta en poste jusqu’en 1888.

ACLOQUE François Théogène
Né le 1er novembre 1856
Titulaire le 25 septembre 1879
Dans la commune (titulaire, chargé d’école) le 24 février 1888 (remplace HOCHEDÉ).
B.S plus C.A.P.
En 1896, il est accusé, par plusieurs personnes souhaitant son départ de la commune, d’avoir proféré des injures contre les candidats de la liste républicaine dans un café. Il nie.

Lire le rapport (1) de l’Inspecteur du 15 octobre 1893 et le rapport (2) de l’Inspecteur du 16 juillet 1896

Il resta en poste jusqu’en 1896.

SOULAS Auguste, Achille, Léopold
Né le 3/11/1854
Un enfant
B.E
Remplace ACLOQUE le 24 août 1896 jusqu’en 1912
Retraité le 16 avril 1919


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RAPPORT 1

Dossier : Monsieur ACLOQUE
Instituteur à La Chaussée-Tirancourt

« Amiens, le 15 octobre 1893

Monsieur l’Inspecteur d’Académie,

Conformément à vos instructions, j'ai procédé mardi dernier, 10 courant, à une enquête sur les faits reprochés par MM. de la Bastide et Moye, de La Chaussée-Tirancourt à M. Acloque, Instituteur de cette commune.
D'après M. de la Bastide, M. Acloque serait "l'homme le plus brutal et le plus mal embouché qui se puisse rencontrer". Il négligerait l'éducation de ses élèves et donnerait son enseignement d'une manière tout à fait défectueuse. Il aurait exclu, sans motif, plusieurs élèves de son école, et tenu, en classe, à son égard, des propos déplacés, etc. Enfin, son attitude politique serait absolument blâmable, et il aurait combattu ouvertement le parti républicain aux dernières élections municipales.
A l'appui de ses allégations , M. de la Bastide avance certains faits que je vais examiner un à un.
1°- "M. Vasseur, maréchal-ferrant, a été obligé de retirer son enfant de l'école pour des raisons qu'il est prêt à expliquer lui-même."
Il y a deux ans environ, le jeune Vasseur, actuellement séminariste à St Riquier, a effectivement quitté l'école de La Chaussée-Tirancourt à la suite d'une brouille survenue entre son père et M. Acloque. Une enquête a été faite à ce sujet par mon prédécesseur, enquête dont on retrouverait sans doute la trace dans le dossier de l'Instituteur, et qui, si je suis bien informé, lui a été favorable. J'ai, par suite, jugé inutile de retenir ce grief, et j'ai cru pouvoir me dispenser de demander à M. Vasseur de nouvelles explications.
2°- "Un des petits Maquet a été frappé un jour si violemment que 1e sang a coulé longtemps ; son père a été apaisé par de belles paroles et ... du café."
J'ai interrogé le jeune Maquet et son frère sur ce fait, déjà ancien aussi. Tous deux m'ont affirmé que l'Instituteur ne les avait jamais frappés. Même déclaration de la part de leurs camarades. Voici l'incident auquel M. de la Bastide fait sans doute allusion et qu'il dénature de manière à engager la culpabilité de M. Acloque. Le jeune Maquet avait depuis quelque temps une plaie à la tête. Pendant une leçon de calcul, au moment où son maître examinait son travail, il releva la bras, déplaça le mouchoir qui couvrait la plaie en question, de laquelle sortit un peu de pus.
Tout commentaire me parait inutile.
3° "Le neveu de M. Edouard Fouache n'a consenti à retourner à l'école qu'à la suite de vives observations de son oncle envers l'Instituteur."
M. Edouard Fouache déclare que cette assertion est absolument fausse. Son neveu était un des meilleurs élèves de l'école de Crécy. A La Chaussée-Tirancourt, il fut loin d'occuper le premier rang, de là un peu de découragement de sa part. Mais M. Fouache n'a jamais eu aucun motif d'adresser des observations à l'Instituteur, avec lequel, au contraire, il est en très bons termes.
4°"Le fils Letitre (aujourd'hui dans une institution à Lille), avait si peur de son maître que, pour éviter de le rencontrer, il se sauvait à travers les marais."
D'après le témoignage des élèves, le jeune Letitre n'avait pas du tout cette crainte exagérée de son Instituteur.
5° "M. Julius Caron a eu récemment une vive altercation au sujet de son fils, avec l'Instituteur, au café."
Le jeune Caron, âgé de 7 ans , est dans le Cours Élémentaire. Au mois de juillet dernier, chez M. Dupuis, cafetier et débitant de tabac, son père, avisant l'Instituteur, lui dit :
-"Il me semble que mon fils ne travaille pas beaucoup en ce moment ; comment cela se fait-il ?" -"Je n'en sais rien, répondit M. Acloque." - "Auparavant, reprit M. Caron, il étudiait ses leçons, maintenant, il ne veut plus les apprendre. Vous lui faites faire la division ; pour cela, il faudrait qu'il sut convenablement sa table de multiplication."
-"C'est vrai, repartit l'Instituteur ; chaque jour, je la lui fais répéter ; s'il ne la sait pas aussi bien que ses camarades, c'est qu'il n'apporte pas autant d'application qu'eux à l'apprendre. Je n'y peux rien. Voulez-vous que je le batte pour la lui faire étudier ?"
-"On ne peut pas vous parler, répondit M. Caron, chaque fois qu'on vous demande quelque chose, vous vous fâchez."
Voilà en quoi a consisté l'altercation signalée par M. de la Bastide. En somme, M. Caron prétendait que M. Acloque ne devait pas enseigner la division à son fils parce qu'il ne connaissait pas suffisamment la table de multiplication. M. Acloque, qui est très vif, lui répondit sur un ton peut-être un peu sec, mais tout considéré, l'incident ne valait pas la peine d'être relevé.
6° "Le petit Lancéa, de Tirancourt, est particulièrement corrigé avec allongement de ses oreilles, ce qui, parait-il, est assez drôle, car il en rit tout le premier."
Le jeune Lancéa, (5 ans 1/2) m'a, en effet, déclaré que son maître lui allonge parfois les oreilles. -"Te fait-il mal, lui ai-je dit ?" -"Non." -"Pourquoi t'allonge-t-il les oreilles ?"
-"Je ne sais pas." -"Tu n'es donc pas obéissant ?" -"Pas toujours." Et le gamin rit de bon cœur.
A ce sujet, j'ai interrogé une dizaine d'élèves, aucun n'a vu M. Acloque "allonger" les oreilles du petit Lancéa ; tous m'ont assuré que leur maître n'usait pas de châtiments corporels à leur égard.
7° "L'année dernière, la grand-mère de l'élève Barbier a été retrouvée noyée dans la rivière. Je ne sais quel mobile a poussé M. Acloque à apostropher l'enfant en pleine classe. "Tu ferais mieux de dire à ta mère qu'elle aille à la recherche de ta grande maman sur les bords de la Somme".
Encore un fait ancien.
Le jeune Barbier m'a affirmé nettement que M. Acloque n'a jamais tenu ce langage. Il n'a aucunement à se plaindre de lui.
8°"M. Acloque ne peut se passer de faire de l'esprit en classe ; il lui faut toujours quelques têtes de Turcs pour égayer sa petite galerie. Il donne à ses élèves les noms les plus fantaisistes. Le jeune Vincheneux est encore bien plus connu par "ce cabri" que de son vrai nom. Quant à mes enfants, il les accable de ses sarcasmes.
Jean, l'aîné, est surtout pris à parti. C'est tantôt ce "Baudet de Nice", tantôt ce "gaugneux", ce qui est d'un goût douteux, puisque cet enfant est affligé de strabisme."
Le jeune Vincheneux a quitté l'école depuis longtemps. On le surnomme dans la commune "ce cabri". L'Instituteur n'y est pour rien. Il déclare formellement ne l'avoir jamais appelé ainsi, ni en classe, ni ailleurs, ne s'être jamais servi, à l'égard des enfants de M. de la Bastide, des expressions signalées ci-dessus. -"J'ai pu, dit-il, dans un moment de vivacité, employer le mot "imbécile", mais je proteste énergiquement contre le langage que me fait tenir M. de la Batisde au sujet de ses fils ou des enfants qui fréquentent mon école."
Les élèves confirment sa déclaration. "Ce n'est pas M. Acloque, c'est nous, dans la rue, me dit l'un d'eux,- qui appelons ainsi Jean de la Bastide. Tous les enfants de Picquigny l'appellent déjà "ce gaugneux", et cependant il n'y a que huit jours qu'il va en classe chez M. Villemant."
Tels sont, Monsieur l'Inspecteur d'Académie, les faits que M. de la Bastide a à reprocher à M. Acloque. Plusieurs remontent à une date antérieure à son arrivée dans la Commune ; ils ne sont relevés, comme on dit, que pour les besoins de la cause. Un seul touche particulièrement le plaignant; d'après le témoignage des élèves, il n'est pas fondé. Dans ces conditions, vous penserez sans doute avec moi que les différentes accusations dirigées contre l'Instituteur sont bien peu sérieuses et ne méritaient aucunement d'être relevées. Au lieu d'accuser ce dernier de négliger l'éducation de ses élèves, M. de la Bastide ferait peut-être bien de veiller un peu plus scrupuleusement sur celle que ses enfants peuvent recevoir chez lui. La rumeur publique laisse entendre que l'union est loin d'être parfaite dans son ménage, et que, de la part de Mme de la Bastide et de la domestique, la morale n'est peut-être pas toujours respectée comme elle devrait l'être.
Il n'est d'ailleurs pas sans intérêt de rechercher quel mobile a pu amener M. de la Bastide à se plaindre de M. Aeloque avec lequel il était, jusqu'à ces derniers temps, en excellents termes. M. de la Bastide habite La Chaussée-Tirancourt depuis le 1er Janvier 1892, venant de Paris où il a fait, je crois, de mauvaises affaires. Il tient un café qui, au début, fut fréquenté par les personnes honorables de la localité. M. Acloque s'y rendait de temps à autre. Bientôt, il crut s'apercevoir que la domestique avait pour lui des attentions ... toutes particulières ; il cessa immédiatement de fréquenter le dit café. Plusieurs clients suivirent son exemple, le café perdit de sa vogue ; il n'en fallait pas davantage pour indisposer M, de la Bastide contre l'Instituteur. `
D'autre part, les enfants de M. de la Bastide, -d'après leurs camarades, ne sont pas des plus obéissants. Le cadet principalement travaille peu. M. Acloque dut, à différentes reprises, leur adresser des observations qui, dans l'état d'esprit où se trouvait leur père à l'égard de leur maître, ne furent pas toujours bien accueillies. M. de la Bastide se plaignit d'abord timidement de la mauvaise éducation donnée à l'école ; il revint à la charge plusieurs fois. Je crus devoir, à la fin, lui dire que s'il avait des griefs à formuler contre M. Acloque, il devait en faire l'objet d'une plainte écrite que l'administration examinerait. Après avoir réfléchi pendant quelques jours, il décida M. Moye, conseiller municipal, à adresser à M. le Préfet la lettre que vous trouverez ci-jointe, suivie de celle qu'il a rédigée lui-même.
L'accusation de M. May vise l'attitude politique de M. Acloque. Ce fonctionnaire, cela n'est douteux pour personne,est républicain.
J'ai vu 8 conseillers municipaux sur 12 : MM. Sorel, Martin, Fouache Edouard, Beaugez, Bondois, Fourny, Frère Josué et Moye Clovis. M. Fourquet, adjoint au Maire, était absent. Sept m'ont déclaré que M. Acloque ne s'est aucunement occupé de l'élection du maire. Seul, M. Moye, le plaignant, est d'un avis opposé. Du reste, il n'a pu, à ce sujet, me donner de renseignements bien précis. Une seule chose s'est dégagée de l'entretien que j'ai eu avec lui, c'est que M. Acloque était en froid avec Mme Beaugeois, Institutrice, actuellement à Flesselles.
M. Moye est hostile à l'Instituteur ; il voudrait obtenir son déplacement. Il a subi l'influence de M. de la Bastide, et ces Messieurs, d'un commun accord, ont décidé, pour accentuer la plainte de ce dernier, de blâmer l'attitude politique de ce fonctionnaire. On retrouve du reste dans les deux lettres les mêmes expressions. M. Moye écrit : "Dès son arrivée, il s'était posé en républicain militant." M. de la Bastide dit : "On a d'abord pu croire que M. Acloque était un sincère républicain, car dès son arrivée ici, il s'est montré militant à outrance." M. Moye ajoute : "Cependant dans les dernières élections municipales, il a lutté ouvertement contre la République." On lit exactement la même phrase dans la lettre de M, de la Bastide.
Voilà, en deux lignes, l'accusation nette et brutale ; la preuve, on ne la trouve nulle part. Et d'ailleurs, il est permis de se demander pourquoi ces Messieurs ont attendu 18 mois pour signaler la conduite politique de M. Acloque ...
Je n'ai pas cru devoir demander de renseignements à M. Wallon, conseiller municipal, qui prend pension chez M. de la Bastide et passe, dit-on, une partie de ses journées à jouer aux cartes avec Madame et la domestique.
De tout ce qui précède, il résulte que les faits reprochés à M. Acloque, tant au point de vue de son service que sous le rapport de son attitude politique ne sont aucunement fondés. C'est un maître intelligent et capable, franc et assez actif, qui, l'année dernière, s'est acquitté de ses fonctions avec plus de zèle que précédemment. Les conseillers municipaux que j'ai vus sont unanimes, -sauf M. May,- pour reconnaître qu'il jouit dans la commune d'une bonne considération, D'un caractère vif, il lui arrive parfois, en classe, dans ses explications, de s'impatienter,, de laisser échapper quelques expressions déplacées, telles que "imbécile", "tu n'es qu'une bête", ou même de se moquer des élèves. C'est un défaut, je le reconnais, qui peut amener de fâcheuses conséquences. Je l'ai signalé dans mon dernier rapport d'inspection; j'ai fait alors à M. Acloque des observations à ce sujet ; je les lui ai renouvelées aujourd'hui. Il m'a fait la promesse formelle qu'il en tiendrait le plus-grand compte ; je le crois, car au fond, c'est une bonne nature.
J'estime, en conséquence, qu'il n'y a aucune suite à donner aux plaintes ci-jointes formulées par MM. de la Bastide et Moye.
Veuillez agréer, Monsieur l'Inspecteur d'Académie, l'assurance de mon respectueux dévouement.

        L'Inspecteur primaire »


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RAPPORT 2

Dossier de Monsieur ACLOQUE
Instituteur à La Chaussée-Tirancourt

« Amiens, le 16 juillet 1896

Monsieur l’Inspecteur d’Académie,

J'ai l'honneur de vous retourner la lettre ci-jointe concernant M. Acloque, Instituteur à La Chaussée-Tirancourt.
Je n'ai pas cru devoir procéder à une enquête sur les faits qui lui sont reprochés. J'ai eu avec lui et avec Mademoiselle Chasse, institutrice dans cette commune, un entretien à ce sujet le jour de l'examen du Certificat d'études primaires, à Picquigny, et voici les renseignements que j'ai recueillis.
La jeune Berthe Falize se trouve en classe à côté de Berthe Acloque, fille de l'instituteur. Celle-ci est peu intelligente. Ses compagnes hésitent à lui confier leurs cahiers pour la correction des devoirs. Le 15 juin, jour où j'ai inspecté l'école de filles, elle fit, en corrigeant une dictée, une tâche sur le cahier de la petite Falize qui, fâchée, lui dit : "Nous serons bientôt débarrassées de toi. MM. Fourny, Moye, Bondois, etc, vont faire partir ton père."
Mademoiselle Acloque n'eut rien de plus pressé que de rapporter ce propos à son père. Le soir même, après la classe, M. Acloque vint à l'école de filles, et, dans la Cour, s'adressant à Mademoiselle Chasse, sur un ton élevé : "Je ne sais, dit-il, ce que ces gens-là me veulent, ni pourquoi ils m'ennuient ainsi constamment, et à la fin, ils finissent par m’........ Ce n'est ni Falize, ni Moye, ni Fourny ... qui me feront partir de La Chaussée-Tirancourt ..."
Des ouvriers charpentiers, qui travaillaient en face de l'école, entendirent ce propos et le rapportèrent sans doute à MM. Moye, Fourny, etc ; de là la plainte adressée à M. le Préfet.
M. Acloque aurait dû n'attacher aucune importance aux paroles adressées par la jeune Falize à sa fille. Il n'a pas su, cette fois encore, garder la réserve qui convient.
I1 nie énergiquement avoir proféré, au café Deneux, des injures contre les candidats de la liste républicaine : il affirme n'être pas entré dans ce café depuis plus d'un mois.
D'un caractère vif, ennuyé constamment par MM. Moye, Fourny, Bondois, Wallon, conseillers municipaux, qui lui ont voué une haine implacable et veulent à tout prix obtenir son déplacement, il
est en partie excusable, et j'estime qu'il n'y a aucune suite à donner à cette affaire.
Mais d'autre .part, la situation de M. Acloque est intenable à La Chaussée-Tirancourt. I1. le reconnaît ; "il en a assez des tracasseries qui lui sont suscitées continuellement" ; il serait heureux de quitter la Commune, sous réserve toutefois d'obtenir un poste au moins équivalent à celui qu'il occupe.
J'estime qu'il convient de lui donner satisfaction. C'est un Instituteur intelligent, actif et zélé, qui s'acquitte convenablement de ses fonctions et obtient des résultats satisfaisants.
Veuillez agréer, Monsieur l'Inspecteur d'Académie, l'assurance de mon respectueux dévouement.

        L’Inspecteur primaire »