OCCUPATION
PRUSSIENNE |
Le
26 novembre 1870, des ordres sont envoyés d’Amiens au maire
de Picquigny afin que ce dernier fasse sauter les ponts de Picquigny.
Les 26 et 27 novembre, combats près d’Amiens.
Le 27 novembre, le Préfet LARDIÈRES s’enfuit d’Amiens.
Le 28 novembre, reddition de la ville d’Amiens et fuite des troupes
françaises.
Vers les premiers jours de décembre, arrivée des Prussiens
à Picquigny. Ils pressent le Maire de faire reconstruire les ponts.
Ils font sauter le pont de chemin de fer entre Picquigny et Saint-Pierre.
Ils brisent les fils du télégraphe, enlèvent les
rails et les jettent dans la rivière.
Dans le courant du mois de décembre, les Prussiens font des réquisitions
à Picquigny et s’installent chez l’habitant.
Le
21 décembre, 12 hussards sont envoyés d’Amiens, pour
faire une réquisition de fourrage à Picquigny. Comme ils
y étaient déjà venus plusieurs fois faire des réquisitions,
M. DEROUVROY, Maire de Picquigny les envoya… à La Chaussée-Tirancourt
! Pendant que le Maire les conduisait chez les cultivateurs pour faire
leur réquisition, une cinquantaine de Francs Tireurs arrivèrent
incognito dans le village et firent feu sur les Prussiens où ils
les rencontrèrent. Les Prussiens prirent la fuite, les Francs Tireurs
les poursuivant à coup de fusils. Un soldat fut tué dans
les prés, deux autres sont blessés. Ils ont tué 3
chevaux et en ont blessé 2. Parmi les chevaux tués, un est
tombé à la porte de Fulgence FOUACHE, un autre est tombé
à la porte d’ Hilaire PAUCHET et le 3ème dans la vallée
Saint-Martin.
Cinq Prussiens furent pris par les Francs Tireurs et emmenés prisonniers.
Un des deux soldats blessés a été conduit à
l’hôpital de Picquigny, l’autre étant emmené
à Flixecourt dans la voiture de Nicolas GAVOIS de La Chaussée-Tirancourt.
Les Francs Tireurs furent regardés comme une horde de brigands
: ils pouvaient prendre les 12 Prussiens sans chercher à les fusiller
dans le village et tirer sur leurs chevaux à bout portant. Sitôt
après la catastrophe des Francs Tireurs, qui eut lieu à
une heure d’après midi, un grand nombre de personnes effrayées
de ce qui venait d’avoir lieu, se sauvèrent de la Chaussée
et allèrent passer quelques jours chez des habitants de pays voisins
pour se soustraire à l’arrivée des Prussiens, qui
eut lieu le lendemain et dont on redoutait l’approche.
Le lendemain, en effet, les Prussiens arrivèrent en très
grand nombre, de très bonne heure à La Chaussée.
Ils entrèrent dans les maisons et y pillèrent les habits,
du linge, de l’avoine, etc. Ils brisèrent les vitres et les
portes des maisons où il n’y avait personne, à coups
de crosse de fusil.
Cela fait, ils emmenèrent le maire,( Mr LOGNON Alphonse), l’
adjoint (Arsène DEFLANDRE), les deux gardes champêtres ainsi
que Fulgence FOUACHE et son fils Edouard à Amiens, à la
citadelle, où ils restèrent captifs quatre jours.
M. DEROUVROY de Picquigny fut emmené aussi à Amiens ce jour-là.
Il est bon de rappeler que parmi les 12 Prussiens qui ont été
assaillis par les Francs-Tireurs, 4 échappèrent à
leurs poursuivants et se rendirent à Amiens où ils déclarèrent
à leurs officiers supérieurs que les habitants de La Chaussée
avaient tenu cachés chez eux les Francs tireurs. Leur rapport était
mensonger puisque ces derniers étaient à Belloy au moment
de l’arrivée des Prussiens chez nous.
Le lendemain le village a failli être l’objet de représailles,
en effet, de grand matin les Prussiens arrivèrent en très
grand nombre avec l’ordre de piller et de brûler le village.
Heureusement une enquête fut faite pour savoir comment les choses
s’étaient passées.
Les filles d’Arsène RETHORE vinrent témoigner aux
Prussiens que c’était leurs hommes qui étaient de
faction sur la route de Belloy qui avaient quitté leur poste pour
aller au cabaret d’Irénée FOURNY et qu’ils étaient
là, à jaser avec Rosa DUPONTREUE au moment où les
Francs Tireurs sont arrivés par la route et se sont introduits
par groupes dans le village. Il est évident que si les Prussiens
avaient été de faction sur la route, que les Francs Tireurs
ne seraient pas arrivés dans le pays sans qu’ils ne les vissent
venir.
Le 23 décembre, les Prussiens occupent La Chaussée et se
logent chez les habitants pour la première fois.
Le 25 décembre, arrivée de l’infanterie.
Le 27 décembre, départ de l’infanterie et de ceux
arrivés le 23.
Le 3 janvier, arrivée de la cavalerie et de l’infanterie.
Le 4 janvier, arrivée de l’infanterie.
Le 6 janvier, départ de la cavalerie et de l’infanterie.
Le 25 janvier, arrivée de la cavalerie et de l’infanterie.
Le 27 janvier, départ général.
Le 5 février, arrivée de l’infanterie.
Le 6 février, départ de l’infanterie.
Le 7 février, arrivée de l’infanterie.
Le 8 février, départ de l’infanterie.
Les Prussiens ont échangé 7 chevaux aux cultivateurs de
chez nous.
Les mois de décembre 1870 et janvier 1871, le froid a été
rigoureux,
L’avoine a valu 28fr le sac ; les gerbes 50 centimes la botte.
La récolte de l’année 1870 a été très
moyenne.
Il est bon de dire ici en quelques mots pourquoi le Maire de Picquigny
a été emmené avec le nôtre par les Prussiens
à la Citadelle d’Amiens le 21 décembre.
Quand les 12 hussards Prussiens furent envoyés d’Amiens pour
faire une réquisition de fourrage, ce ne fut pas à La Chaussée
qu’on les envoyait mais bien à Picquigny comme ils y étaient
déjà venus plusieurs fois faire des réquisitions.
M. DEROUVROY, Maire de Picquigny se permit de les envoyer à La
Chaussée.
Il est plus que probable que si la réquisition avait été
faite à Picquigny, les Francs Tireurs n’auraient pas été
les y trouver.
Du 23 décembre 1870 jusqu’au 8 juin 1871 nous avons logé
32 hommes et 30 chevaux. Nous leur avons fourni du 23 décembre
au 8 février : 2 sacs d’avoine, 9 dizeaux de foin et un dizeau
de trèfle ainsi que 3 dizeaux de gerbes.
Le 8 février, le pays est sommé par les Prussiens à
une contribution de guerre importante(21 000 F ) Les habitants sont priés
par l’ordre du maire de présenter leurs mémoires à
la maison commune afin de savoir à quel chiffre s’élève
tout ce qui a été fourni aux Prussiens tant en nourriture
qu’en avoine et fourrage depuis leur arrivée à La
Chaussée somme à déduire sur les 21000F demandés
par eux.
Le 8 juin, départ général et fin de l’occupation
prussienne à La Chaussée.
Le 22 juillet, départ général des troupes prussiennes
logées à Amiens.
Le souvenir des Prussiens, à La Chaussée ne s’oublierait
pas de si tôt ! Il a été livré 12 vaches et
une cinquantaine de moutons aux Prussiens pendant leur séjour à
la Chaussée. Ce qui s’est passé de plus indigne pendant
l’occupation prussienne, racontait-on, fut l’abandon de quelques
filles sans délicatesse qui ont eu la bassesse de recevoir des
présents de la part des Prussiens et qui se sont laissées
cajoler par eux !