LES
POMPIERS ET
LES INCENDIES AU XVIIIème
SIÈCLE À LA
CHAUSSÉE - TIRANCOURT |
Dans les registres de catholicité de notre village,
il est fait plusieurs fois mention à des incendies, parfois mortels.
Les maisons étaient serrées et les matériaux utilisés
très combustibles (chaume, bois,..)
Le 4 avril 1725, Madeleine CARON périt dans l’incendie de sa maison entre 2 et 3 heures du matin, son corps fut mis en terre, le jour même.
Un incendie en 1767 chez Augustin MERCIER
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Le 18 novembre 1788, « il y a eu un incendie en la paroisse de La Chaussée qui a commencé à midi par la maison de Louis CARON ou de J.B. MOUTARDIER sans qu’on puisse l’assurer par qui des deux, dans la petite rue qui conduit de l’église à Picquigny et qui a consumé 8 maisons »
L’incendie du 19 novembre 1788 (Série C, côte C 935)
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Le 22 mars 1790, la toute première municipalité de La Chaussée-Tirancourt, prend des mesures réglementant le travail du chanvre afin d’éviter les incendies :
« Sur les plaintes qui nous ont été
portées que beaucoup de personnes dans la paroisse travailloient le
chanvre dans des endroits où il y a du feu et que cette imprudence
étoit dans le cas de faire naître des accidens qu’il étoit
facile de prévenir en y apportant plus de précaution.
Considérant qu’on ne sauroit prendre trop de soins pour écarter
les causes qui peuvent provoquer les incendies qui n’ont été
malheureusement que trop fréquens dans cette paroisse par la négligence
de particuliers, avons fait les défenses qui en suivent :
1. De faire sécher le chanvre à côté d’un foyer ni même de le briser dans les maisons et autres endroits où il y a du feu ;
2. De porter du feu dans un vase quelconque, dans aucun bâtiment, soit chambre, grange, étable, etc…pour y travailler le chanvre ;
3. De faire essuyer le fil pour toile dans un lieu qui ne soit pas couvert d’un plancher plafonné ;
4. D’exposer les cendres de tourbe en aucun lieu qui ne soit creusé en terre, ou entouré de mur en pierre, ou au moins suffisamment pailloté pour qu’il n’y ait point à craindre de communication de feu ;
5. D’allumer les fours pour la cuisson du pain après le coucher du soleil ;
6. De tirer à poudre dans les rues ou cours aux baptêmes, mariages et autres réjouissances ;
7. De laver les herbes, jeter aucune ordure ou cailloux dans la mare près de l’église ;
8. De cueillir les navettes ou autres plantes utiles en allant à l’herbe dans les champs ;
9. D’arracher les affiches ou placards qu’on attache à la porte de l’église ;
10. De sortir dans les rues avec une pipe allumée si elle n’a un couvert ;
11. Il est ordonné de tenir les fours et cheminées en bon état.
Dans tous les cas susmentionnés, les pères
et mères seront responsables pour leurs enfants.
Lorsque quelqu’un s’apercevra qu’un particulier contreviendra
à aucun des articles énoncés cy dessus, il pourra le
dénoncer à l’officier municipal le plus voisin du lieu
où se commet le délit, qui sera tenu de s’y transporter
sur le champ pour le constater. Le nom du dénonciateur sera tenu secret,
et seront les délinquans dans tous les cas susmentionnés condamnés
à 3 livres d’amende pour la première fois ; à 12
livres pour la seconde et punis exemplairement à la troisième
fois. Les dites amendes applicables au profit des pauvres.
Et sera notre présente ordonnance lue, publiée et affichée
à la porte de l’église à l’issue de messe
paroissiale au son de la cloche afin que personne n’en ignore. »
Ce règlement peut paraître sévère,
mais à cette époque les assurances n’existaient pas ;
celui qui malheureusement voyait sa maison partir en fumée avait tout
perdu !
Il faut dire aussi que les incendies créaient parfois une panique énorme
comme à Belloy-sur-Somme, où un gigantesque incendie a ravagé
une grande partie du village en 1784.
Il n’est pas étonnant alors que le tout nouveau pouvoir communal
prenne des dispositions pour éviter les feux.
Deux quêtes sont organisées dans la commune en
faveur des victimes des incendies.
La première a lieu en octobre 1791 et rapporte 54 livres en espèces
et de nombreux dons en nature : bottes de blé, de foin, d’avoine,..
La liste des 165 donateurs de La Chaussée et des 24 de Tirancourt est
intéressante car elle nous donne la liste de pratiquement tous les
foyers du village.
La deuxième quête a eu lieu en décembre 1792 et a rapporté
72 livres ainsi que de nombreux dons en nature pour nos concitoyens les moins
fortunés.
162 personnes de La Chaussée ont donné ainsi que 21 de Tirancourt.
François MATHON, cabaretier, n’obéissant pas aux recommandations de la Mairie, fit chauffer son four à pain à 11 heures du soir, le 5 juillet 1793, il fut condamné à une amende de 9 livres le lendemain.
Le 13 Prairial an VII, c’est à dire le 1er juin 1799, « sur les deux heures du matin a esté étouffée dans une cave par un incendie, la citoyenne Geneviève DIU, âgée de 42 ans, femme de Charles DESTRE, bocquillon, retirée de la cave par le citoyen DEROUVROY, en présence de Louis ROUTIER, juge de paix du canton du dit Picquigny, du citoyen DELORME officier de santé à Picquigny, d’Agatange BARBIER agent municipal et de plusieurs témoins : J.B. FOUACHE et P. HULOT.