LA  SALLE  LECLERC
La « maison de la culture » de notre village
pendant de nombreuses années.
Récit de  Jean LECLERC
Avant de s’installer à La Chaussée, mes parents Rose et Jules LECLERC tenaient un commerce à Roye.
Ils ont repris le café de la Place du 9 janvier 1924 à mars1966, date à laquelle, j’ai repris le commerce avec mon épouse, jusqu’au 31 décembre 1969.
Au début, il s’agissait d’un café, épicerie mercerie.

Autrefois, sur la place il y avait deux autres cafés à l’angle de la rue ( cafés DENEUX, GAMBIER). Ces cafés ont été  rachetés par mes parents qui, une fois démolis, ont permis d’édifier la grande salle si utile par la suite.

 

 

 
En 1936, le commerce s’agrandit : création de l’activité une charcuterie. M. DESCAMPS aida  à la réussite de cette activité. Un bâtiment accolé à l’ancienne  maison de Pierre GUILBERT servait de « tuerie ». M. COPENS, vétérinaire à Picquigny, venait s’assurer de la bonne qualité de la viande ; le garde champêtre Pierre DUCROTOY mettait le tampon de l’inspection sanitaire sur le cochon.

 


Grâce à la grande salle  de nombreuses activités ont pu voir le jour :

Les conférences :
Chaque année, il y avait des conférences faites par des pères missionnaires avec parfois des projections. En 1937, l’abbé DENTIN écrit dans le bulletin paroissial : « La salle LECLERC nous reçoit une fois de plus… »
J’ai connu des conférences de jardinage

Le carnaval masqué de  1929 :

Mon père a organisé des carnavals et cavalcades avec spectacle dans toutes les communes environnantes (Picquigny, Belloy, Saint-Sauveur, Ailly et Dreuil).

Je me souviens d’une appelée « Madame HANAU », d’une autre : les bigophones et de « l’homme squelette »

 

 
Avec sa bicyclette : André CHOQUET (Hangest), fils de Léon CHOQUET.
A genoux : ?
Debout : Lucien et Georges BONDOIS, Clotaire DUFRENOY (tête en l’air)
Au centre : Jules LECLERC
Derrière Jules : Emilien BOUCHER, Ernest TOURNEUR tenant son fils Pierre dans ses bras.
Tambour : André CARON
Côté : Gustave GLENNE
Vélo : Léon GEORGE, père d’Irène LUCAS
Femme, avant dernière, au premier rang : Anna GLENNE dite « Nana »
M. THÉRY et Mme TONDRIAUX ont organisé des fêtes des écoles.
La fanfare s’est souvent produit dans notre salle pour le plus grand bonheur des villageois.
 
Les fêtes, les bals :
Il y avait jadis deux fêtes dans notre commune :
La première, la fête d’été,  le dimanche qui suivait le 4 juillet et la deuxième, la fête d’hiver,  le dimanche qui suivait le 11 novembre. A ces deux occasions, des bals avaient lieu.
A la Sainte-Barbe (pompiers), et à la Sainte-Cécile (fanfare), on faisait bal également. Lors du mardi gras et de la mi carême, il y avait  un bal masqué.
 
Les vins d’honneur :
Fréquemment après une cérémonie au monument aux morts les habitants se retrouvaient dans la salle pour un vin d’honneur offert par la municipalité.
 
Les sièges sociaux de sociétés :
La société de chasse en plaine, l’amicale des sapeurs pompiers et les membres de la société de Ballon au Poing « Les anciens du Réveil » y avaient leur siège social.
Les pompiers en 1935
De gauche à droite
Léon CHOQUET (époux de Denise LONGCHAMP, père d’Abel et Henri), Fernand LENGLET (maréchal), TRENCART (ch’panne), Jules LECLERC, Lucien BRUNET, Emile DUCROTOY (Gavouette), Albert CARON (père de Fernande Dufrénoy), Gustave GLENNE, Raoul CARON, Gaston HORVILLE, Paul DUCROTOY, Henri BRUNET, ma tante Blanche, sœur à ma mère, mariée à Robert CORNET, André CARON tambour (ch’Ninnin), Jean LECLERC (dans les bras de Robert Cornet)et Bernard LECLERC
P.S : Albert CARON dit « Bébert »,  le père de Fernande DUFRÉNOY sonnait l’angélus chaque matin en partant travailler à pied à Longpré les Amiens et sonnait à nouveau au retour !
 
De nombreux repas étaient servis :
Chaque  11 novembre, les  anciens combattants faisaient un repas souvent arrosé !  Je me souviens des chansons entonnées notamment par M. Rémy DÉTRÉ , Émile BLANDIN, mon père et Adrien TAUPIN qui chantait notamment :

« À 16ans j’étais bon fusil

Je chassais partout

Je tirais comme un fou

J’allais même chasser dans la chambre de la bonne

Et même qu’un jour mon père nous a surpris

Que j’étais en chasse et la bonne aussi… »

 

Rémy DÉTRÉ chantait :

« Et Verdun la victorieuse

Jette un ri qui porte là-bas

Les échos des bords de la Meuse

Halte là, on ne passe pas

Et vous ne passerez jamais !… »

 

Repas des aînés de la commune organisé par la municipalité.
En outre, de nombreuses personnes louaient la salle pour faire des repas à l’occasion de deuils, de mariages ou de communions.
Les deuils se déroulaient le matin, et pratiquement tous les gens faisaient un repas qui était le traditionnel pot au feu.

 

Mariage d’André BARBIER avec Claudie QUATRELIVRE,

la fille de Fernand et de Thérèse, le 29 avril 1950.

Les dimanches de jadis :
Le dimanche matin, les hommes se retrouvaient pour l’apéritif à la sortie de la messe. Les gens n’avaient pas l’apéritif chez eux. C’était une époque sans télé ni voitures.
L’après midi, on comptait de 7 à 10 parties de manille. Nous organisions parfois des concours avec dégustation de tripes.
Il y avait en plus deux billards un français et un billard russe à trous. Les allemands ont démonté ces billards et les ont brûlés.
Notre village comptait plusieurs excellents joueurs de billard : M. RETHEL, Clotaire DUFRÉNOY, Emile LEBEL, M. LEDUC et M. LAINÉ de Picquigny. Sans jeu de mot, les gens faisaient la « queue » pour avoir accès au billard !
M. BOUCHER, ancien Maire est même mort à la maison en jouant aux cartes.
 
 Le théâtre, le cinéma , les marionnettes :
M. GITS et son gendre M. CARPENTIER, dont la fille Sylvianne deviendra Miss France, faisaient régulièrement du cinéma . quand c’était un film pour adultes, on m’envoyait coucher !
L’hiver, la troupe de marionnettes picardes des « Cabotans d’Amiens » de M. DOMON se produit régulièrement.

Ci-contre Lafleur, d’chés « Cabotans d’Amiens »

Les services rendus : téléphone, transport…

Pendant la guerre, les Allemands ont réquisitionné l’école et notre salle afin d’y loger une trentaine de soldats.
En 1945, on y a fait  l’école, l’institutrice s’appelait Madame VAST .
En 1956, à la mort de mon père, j’ ai préféré rester auprès de maman (je devais repartir à la SNCF, après un intermède de 3 ans à La Ruche Picarde), en développant des méthodes modernes pour l’époque. Comme il y avait peu de téléphones à La Chaussée, nous faisions le relais pour beaucoup d’entreprises ou des docteurs : Messieurs GUILBERT Daniel, Maurice LEGRAND ainsi que pour les docteurs LENOT et GALLAND.
C’était la « plaque tournante » pour rendre énormément de services.
Nous avons connu un village où régnait une amitié, quelque soit la municipalité en place.
Il n’y avait pas d’ambulances comme aujourd’hui alors le docteur BONTE disait aux malades : « Demande à M. LECLERC, il vous conduira » (maladie ou accident)
Nous avons connu mai 68 avec des difficultés d’approvisionnement ; nous avons assuré avec beaucoup d’activité le service à nos clients et même à ceux qui ne l’étaient pas, ce qu’avait fait mes parents pendant la période noire de l’occupation.
 
La salle mise à disposition gratuitement :

 

Aux sociétés qui veulent se réunir et faire leur assemblée générale.

En 1967, le foyer des jeunes nouvellement créé , s’y réunit le dimanche après midi. Il édite un journal : Ch’Noère ed’Coeuchie », il organise des après midis  dansantes et anime le traditionnel repas des Aînés.

Les grands moments :
 
Le 24 août 1952 , notre commune reçut la Croix de Guerre
La Légion d’Honneur fut remise à titre posthume à M. Henry de Francqueville.
Le 24 août 1952 : les anciens combattants reçurent leur drapeau.
Lors de l’inauguration du clocher le 3 septembre 1961, nous avons reçu du « beau monde ».
Monseigneur STOURM est venu bénir le clocher, en compagnie du Chanoine GOSSELIN et de l’abbé Paul-Henri CARON.
Le 10 janvier 1961, Max LEJEUNE, Secrétaire d’Etat aux Armées remet la légion d’honneur à Clotaire DUFRENOY, habitant Rue de la Carrière à La Chaussée-Tirancourt.
En 1962, Geneviève FERTEL reçoit la croix d’officier de la Légion d’Honneur des mains du Docteur RICHARD, maire de L’Etoile.
Quelques années auparavant , elle avait été nommée chevalier dans l’ordre de la Légion d’Honneur par Maître COLLOT, notaire à Picquigny, grand résistant.
De gauche à droite : Maître COLLOT, M. Pierre BONDOIS, Maire, et Geneviève FERTEL