LA  SANTÉ  AU  XIXème SIÈCLE

Au 19ème siècle, la santé est un luxe.

Le paysan attache plus d’intérêt à la santé de ses animaux qu’à la sienne. Il a plus souvent recours au vétérinaire qu’au docteur. Il n’appelle le « chirurgien » que dans des cas graves préférant avoir recours au rebouteux pour les foulures et les douleurs ou aux remèdes « maison » pour les maux de gorge, les maux de tête, la toux ou les coupures. Durant la saison, il cueille des fleurs qu’il fera sécher qui lui serviront de potion quand le besoin s’en fera sentir.

Le docteur ne reçoit pas chez lui, il se déplace. Au XVIIIème siècle, le chirurgien de Picquigny s’appelait Louis TURBEN, il était en outre mayeur de sa commune.

En 1841, le docteur se nomme DUBOIS, il habite Picquigny. À cette époque, le docteur ne fait pas payer à chaque visite : il envoie sa facture quand il le juge bon, comme le montre l’exemple qui suit, que je reproduis grâce à l’aimable autorisation de Madame Georgette THUILLIER née DUCROTOY.

 Monsieur PAUCHET GRICOURT, cultivateur à La Chaussée

Doit à DUBOIS, chirurgien à Picquigny.

Le 25 février

1841

coupé le filet à son enfant

0,50

Le 21 juin

 

une saignée et visite à sa femme

1 f

Le 10 juillet

 

quatre visites à son fils aîné (zona)

2 f

Le 19 novembre

 

une saignée à sa femme

0,5

Le 9 février

1842

fait un accouchement et plusieurs visites (1)

6 f

Le 11 mars

 

une saignée à la mère GRICOURT et deux visites à son enfant

1,50 f

Le 1er août

 

une visite à sa dernière fille 

0,50f

Le 11 septembre

et jours suivants 

 

onze visites à sa fille cadette

5,50 f

Le 14 octobre

 

ouvert un abcès au genou de sa fille et une visite

1 f

 

 

 Total

18,50 f

Le 5 juin

1843

Fait un accouchement et plusieurs visites (2)

6 f

Le 31 janvier

1844

Une visite à son dernier enfant

0,50 f

Le 2 juillet

 

Fait un accouchement et plusieurs visites (3)

6 f

Le 2 mai

1845

Une saignée et quatre visites à sa femme

2,50 f

Le 15 juillet

1846

Deux visites à la mère GRICOURT (hernie)

1 f

Le 19 décembre

 

Huit visites idem

4 f

 

 

  Total

20 f

 

Le 26 juin

1849

Coupé le filet à son enfant

0,50 f

Le 7 août

 

Douze visites à ses enfants pendant le choléra (4) et (5)

6 f

Le 14 février

1851

Fait un accouchement  et délivrances difficiles. (6)  Plusieurs visites

6 f

  Total

12, 50 f

(1) Il s’agit de Maria, Euphémie, née le 9 février 1842   (Elle décédera le 11 août 1842)
(2) Il s’agit de Marie Joseph, née le 5 juin  1843
(3) Il s’agit de Marie-Anatolie née le 2 juillet 1844  (Elle décédera le  12 août 1844)
(4) Il s’agit de Rosa Maria (née le 11 octobre1845), décédée le 22 juillet1849
(5) Il s’agit de Marie-Madeleine (née le5 juin1849, décédée le 19 septembre1849
(6) Il s’agit de Marie, Aldaric, Lucius, né le 13 février 1851

Louis PAUCHET avait épousé Marie-Rose GRICOURT le 22 janvier 1839.
Il avait eu d’autres enfants :
- Adéodat Augustin PAUCHET né le 17 janvier 1839
- Marie Phédora née le 21 février 1841. Phédora se maria avec Pierre DUCROTOY, elle décéda le 23 mars 1932 à 91 ans, sa tombe est dans le vieux cimetière (Tombe :114). Phédora PAUCHET est l’arrière-grand-mère de Georgette DUCROYOY-THUILLIER et de Mme Marie-Rose CARON-LENOT.
Marie-Rose GRICOURT décéda le 30 août 1864.

Ce document est intéressant car on peut constater que le docteur soigne le zona, les hernies, et coupe le filet sous la langue des enfants afin qu’ils parlent bien. Par contre, il pratique encore  les saignées. En outre, le docteur fait référence à une épidémie de choléra qui a fait de nombreuses victimes, en 1849,  à La Chaussée-Tirancourt et dans la région.

LES  ÉPIDÉMIES  AU  XIXème SIÈCLE

Dans la Somme, on compte plusieurs épidémies de choléra : 1832,  (A.D.S. côte : M 80-163) mais aussi 1847 à 1849, 1852 et 1866, cette dernière étant terrible dans l'Amiénois (pose de calvaires suite à cette tragédie). Des médailles ont été remises aux personnes méritantes : médecins, curés, ou autres personnes ayant approché les malades (on trouve la liste à la Bibliothèque d'Amiens côte : 10385)

Pour notre village, 1832 et 1849 sont des  années terribles au point de vue mortalité.

Le Choléra

Année

1828

1829

1830

1831

1832

1833

1834

1835

1836

Nombre de morts

13

18

9

19

46

22

31

14

20

En 1849, Monsieur DUBOIS, chirurgien à Picquigny fera douze visites aux enfants de Monsieur PAUCHET GRICOURT, cultivateur à La Chaussée pendant le choléra.

Deux décèderont :

- Rosa Maria (née le 11 octobre1845), décédée le 22 juillet1849
- Marie-Madeleine (née le5 juin1849), décédée le 19 septembre1849

Années

1845

1846

1847

1848

1849

1850

1851

1852

1853

1854

1855

1856

1857

Nombre de morts

24

38

14

17

50

17

13

21

14

18

27

17

25

 

Années

1858

1859

1860

1861

1862

1863

1864

1865

1866

1867

1868

1869

Nombre de morts

24

30

20

22

11

17

22

21

22

20

32

24

La petite vérole

La petite vérole en 1818 fait des ravages dans nos villages. A Hérissart, en 1818, on compte 1/3 de plus de décès !

Année

1814

1815

1816

1817

1818

1819

1820

1821

1822

Nombre de morts

21

18

16

25

18

14

17

22

26