Chés z' ap'lants

La scène se passe l’hiver, dans un marais picard près d’une hutte où sont amarrés des canards appelants et des blettes*.

Arrive un canard ( parisien ) qui se pose.

«Le Parisien» :   “Doux Jésus!

Où suis-je?

Des canards en bois!... Est-ce une nouvelle mode?”

Il s’écarte un peu.

“Ah! En voilà qui semblent normaux!”

Il s’approche de deux appelants. Il  s’adresse à l’un d’eux.

“Ohé l’ami! Pourriez-vous me dire où se situe cette ... mare?”

L'appelant :   ( se retournant vers une cane)

In vlo un qui parle conme un live. T’es d’la noblesse tchot?”

«Le Parisien» :   “Ça va, j’ai compris, je suis en Picardie!

Je me suis quelque peu éloigné de Paris!”

L'appelant :     “Et pis i fouait des vers achteur!

Sais tu ch’qu’al te dit ém’... mare?”

L'appelant :      Non , mais , dites mon ami!”

«Le Parisien» :    « Em’ mare, a t’dit : brin dins tes dints!”

«Le Parisien» :   « Oh, ne soyez pas froissé,

 Je ne fais que passer!”

L'appelant :      Bin passe tin c’min, pis adé!”

«Le Parisien» :    “Je vois, vous devez être  jaloux et avoir peur que je vous enlève votre

 compagne!

                        Soyez sans crainte aucune, je n’aime pas les filles de la campagne!”

L'appelant :     “Dis ch’poète! t’os point coère compreinds ,

qu’ichi, chés imbleyeux* o z’aime point gramint*!...

Il se retourne un peu

Vlo qu’éj déteins, éj fouais des poèsies conme li!”

À part: compreinds... gramint...

«Le Parisien» :    « Vous êtes susceptible ,

et même un brin pénible”

L'appelant :      “Viens m’él dire lo, si j’sus pénib! qu’éj t’é fouaiche tin catéchisse!”

«Le Parisien» :   “Bon ça va, je ne voulais pas vous vexer.

                        Nous devons être amis, entre anatidés!”

L'appelant :      “Ente coé?”

«Le Parisien» :    « Oh l’analphabète!”   ( se tournant vers la cane)

Vous êtes mariée à un rustre”.

L'appelant :      “A un coé?”

«Le Parisien» :    «  A un rustre »

L'appelant :      “ Où qu’est qui l’o vu q’j’étouais Russe?... N’in vlo d’einne eute!

Pis d’abord , ch’est point emmoétié! On n’sonmes point coère accouplés!”

«Le Parisien» :   “Fichtre, je vous pensais époux,

Ayant une bague comme vous!”

(il montre l’attache à la patte des canards appelants)

L'appelant :     “Tu c’minches à m’écauffer mes éreilles, ....éj s’rouais point attatché...”

«Le Parisien» :   “Attaché !”

L'appelant :    “Dis t’os du brun dins tes zius, t’os point vu chés amares ? »

«Le Parisien» :   « Attachés, vous êtes?”

L'appelant :     Quoé qu’ch’a peut t’foute!”

«Le Parisien» :   « Attachés, vous êtes!...”

L'appelant :   “Eh ! Tu vos t’in r’mette ? » 

«Le Parisien» :   « De ma vie, je n’ai vu pareille vilénie !

                        Quel crime avez-vous donc commis ? »

L'appelant :    “Si tu n’ t’in vos point, tu vos l’vire ech’crim’ !”

«Le Parisien» :             Je pensais que c’était votre alliance!  (en montrant l’attache métallique)

                        “J’en ai les ailes qui me tombent!” (soupirant)

L'appelant :     Conme el nège d’Adamo... tombe la neige...”

«Le Parisien» :    « Vous avez raison, gaussez-vous ! »

                        Il se tourne vers la cane.

« Mais dites voir, ma bonne amie, qu’avez-vous  à regarder toujours vers le ciel ? Pourquoi criez-vous tout le temps ?

La cane :    « J ‘appelle, j’ passe min timps à app’ler, ch’est min métier ! »

«Le Parisien» :    « Je comprends, vous appelez les mâles !

au nez de votre mari, en plus…

L'appelant :      ch’est point m’feume j’te dis!

 «Le Parisien» :    Vous tapinez !

                        Elle tapine ! Moi qui croyais qu’il n’y avait qu’au bois de Boulogne !

                        Se tournant vers l’appelant

                        Et ça marche votre petit commerce ? Ça vous rapporte bien ? »

L'appelant :     “A mi je n’sais point , mais à ti, tu vos bientôt l’savoère.”

«Le Parisien» :    « Mais qu’est-ce qu’elle chante fort ! On dirait Mireille Mathieu ! 

Je plains les voisins ! »

L'appelant :     “Tu sais ichi à pert chés vacs, pis chés toères, i gn’o point gramint ed voèzans!”

«Le Parisien» :    « chés toères ? »

L'appelant :     “Ouais chés toères(en faisant des cornes)

«Le Parisien» :    Ah ! des taureaux !

L'appelant :    Ch’est cho.

«Le Parisien» :     Des taureaux comme en Camargue!

L'appelant :     Si tu l ‘dis.

             Mais au fait tchot, pour qué raison qu’t’es arrivé lo?”

T’os voulu vir  Nénette... (il montre la cane)

«Le Parisien» :    « Que non ! c’est bien plus simple. J’ étais en boîte de nuit,

                        En charmante compagnie...”

L'appelant :      “ Des fius churemint...”

«Le Parisien» :    « Oh, vous êtes d’un vulgaire !…

                        J’étais avec une Dame, … , une Dame dis-je !

                        En la raccompagnant, j’ai dû faire fausse route et me suis égaré quelque

 peu...Cela arrive!”

L'appelant :    “ quelque peu...tu t’es quind minme berluré ed pus chint tchilomètes!

Tu devouais n’in t’nire eine boène...Ah! Ah! Ah!...”

«Le Parisien» :   “Je ne vous permets pas...

                        Car, je ne bois que du coca!”

L'appelant :    “Dis ch’buveu ed pétrole, t’os l’air ed bien m’compreindre!

Ecmint qu’cha s’fouait?”

«Le Parisien» :   « La réponse est aisée,

car j’avais un valet

                        de La Chaussée ...Tirancourt.”   

L'appelant :      “ Un varlet edCoeuchie*!... Ej pinsouais putôt qu’t’avouais un tayon* ed per

ichi , pis qu’t’étouais péteux* d’ète Piquère!”

«Le Parisien» :    (souflant Bon à vous, je peux bien vous l’avouer, mais ne le répétez à

personne, ma famille est originaire de la région amiénoise, d’Ailly sur Somme,

pour tout   vous dire.”

L'appelant :     éj m’in doutouais... Coère un qui l’o honte ed sin poéys!

«Le Parisien» :    « Ce n’est pas tout  à fait la réalité : ma famille est venue à Paris pour le

boulot. Et moi je voulais être chanteur ! »

L'appelant :     Canteux ti ! Ch’est vrai qu’t’es un peu poyète!

«Le Parisien» :   Oui chanteur ! Mais cela n’a pas marché , les places sont chères

L'appelant :      Pi  i paré qui feut coutcher!

La cane:          Cante nous tchèqcoze. Mi j’aime bien chés canteux. J’acoute souvint

ch’palmarès ed chés canchons ed Guy Luss .

L'appelant :      Elle,  pis sin Franck Michael

La cane :              ( râlant) Oh!

«Le Parisien» :   C’est un très bon interprète

L'appelant :     Ch’est pour chés vièles mémés, pi leus tchots mouchoères

La cane:          Tu croès qu’tin Tino i l’est miux, avu s’ voè d’catré. ..        Cante tchot !

«Le Parisien» :   ( se tournant vers la cane) C’est vraiment pour vous faire plaisir.

Je ne sais pas si cela va vous convenir...enfin...

L'appelant :     Si c’est eine canchon d’amour, cha li plairo.

«Le Parisien» :   Bon, il me faudrait une guitare... ça va

                        ( Le canard interprète une chanson  )

La cane :            Ch’est témouvant, j’ai chés larmes qui montent d’ mes zius. J’nin brairouais

L'appelant :      Brais;  tu piss’ros d’moins. Ah! Ah!

«Le Parisien» :     Est que cela vous a plu ?

La cane :            Oh oui ! r’cant’né eine eute.

«Le Parisien» :   Non, non c’est suffisant, c’est plutôt à votre ami de nous chanter

 quelque chose.

Il n’y a pas de raison, moi je l’ai bien fait.

L'appelant :  D’abord j’n’sais point canter, pi chés canchons qu’éj connouis , n’pu point vu

qu’ i y o des tchots can’tons qui z’acoutent!

«Le Parisien» :   Si, chantez-nous un petit air ; vous en connaissez bien de votre enfance par

 exemple  au clair de la lune, meunier tu dors, je ne sais pas...

La cane :            Si cante nous ch’elle éq t’os appris quind t’étouait tchot, avu Monsieu

L'appelant :      éj sais pus toute

La cane :            éj t’é don’rai ein coeud main ; alez vo z’y !

«Le Parisien» :   Oui allez-y, nous sommes entre nous, ce n’est pas grave!

L'appelant :     Bon o l’érez voulu ,  tant pi pour chés canards. J’vais r’peupler ch’marais!

Tchot Mond pi ch’Paul i vont  tête contints!

Justemint ch’est eine canchon d’cacheux ( il chante “le grand cerf”)

«Le Parisien» :   Vous voyez que ce n’est pas si mal! Vous devriez monter à Paris

L'appelant :     Eh! ti t’o été r’tcheussé, pi mi j’y arrivrouais , tu t’fous d’mi!

«Le Parisien» :   C’est tellement bizarre. Certains réussissent sans talent…

L'appelant :       J’n’in connouais...

«Le Parisien»       Cela est vrai, mais pourquoi ne viendriez vous pas. Paris est une belle ville

  chacun a sa spécialité : les ramoneurs sont Savoyards, les bougnats  tiennent les brasseries,

L'appelant :    le coupant

                        Pis chés journalisses dèl télé , i sont edPikerdie” ah! Ah! Ah!”

«Le Parisien» :  Que vous êtes moqueur!

                        Heureusement que nous les avons au  13 heures ...ou aux sports!”

L'appelant :    “ Tu sais, mi j’n’ai point d’poste ichi, j’préfère acouter chés moègneux pis

 miler el’ leune...”

«Le Parisien» :  Voyons, cher ami, nous sommes amis n’est-ce pas?

                        Se tournant vers la cane: Mais qu’est-ce qu’elle chante mal!

Voyons, regarder la lune ne nourrit pas”

L'appelant :    Pétête , mais rien qu’in l’erbayant, ej connouais ch’timps qui vo fouaire

El’ lind’min!”. Min patron i dit toujours qu’i préfère r’bayer ez’étoèles

qu’d’écouter  el’ météo dins ch’posse. I dit aussi éq chés infromations  , ch’est

toudis el’ même chose: des d’gerres, d’ z’inondations, des déraillemints

d’ecmint d’fer, des crimes, ed z’avions qui tchettent...  soupir...tu voés 

jamouais des geins qui font du bien à leu voèsins ou à un tchot viu,.., infin

ch’est l’avis éd min patron....”

«Le Parisien» :  Vous avez un patron?

 Est-ce qu’il vous exploite?

L'appelant :    “Dis Laguiller , arrête d’ém bassiner!

Quoé qu’tu fouais , ti,  à Péris, à part édviser?”

Quelle est ta espécialité?

«Le Parisien» :   “ Je suis chargé de mission,  dans un ministère....

                        Moment de calme

                        Vous êtes muet comme les carpes de votre étang!

                        Nouveau moment de calme

                        Le ministre ne prend aucune décision sans m’en référer.”

L'appelant :   “l’  diros- tu à tin minisse, eq tu t’ai berluré ed chint trinte tchilomètes.

J’espère eqch’est point ch’minisse  ed’chés transports!”

«Le Parisien» :   Riez, riez... un jour peut-être aurez-vous besoin de mes services, car, voyez-

 vous, j’ai long bras!

Se tournant vers la cane: Mais qu’est-ce qu’elle chante mal!

L'appelant :    Bin cha tombe jolimint bien, ti qu’t’os long bro... justemint tu vos m’rindes

 service.

«Le Parisien» :   Que puis-je pour vous être agréable ?

L'appelant :    Bin voilà; ...ecmint dire... min patron, diminche,  i l’avouait tellemint chuché

ach’bantchet ed chés anciens combattants, qu’in rintrant, i l’étouait fin seu, pis 

i l’o rindu trip’s et boyeux  dins sin cabinet!

«Le Parisien» :  Oui , cela arrive,... mais que puis-je pour vous, très cher?

L'appelant :    Bé , ti qu’t’os long bro, tu pourrouais pétête y aveinde sin dintier qui l’est tcheu

                        au fond d’elle tinette?  ... rires

«Le Parisien»     Que vous êtes ingrat, vous ne savez que rire ! Doit-on se moquer de

 son patron ainsi et le ridiculiser? Un homme qui  vous nourrit!

Un homme qui a sans doute risqué sa vie pour la liberté .

L'appelant :    tirant sur l’amarre Dis Baladur, t’os vu ch’qui l’in fouait d’el liberté!!!

«Le Parisien» :   Je parlais z’en temps de guêrre.

L'appelant :    Parlons z’ in d’el’ d’gêrre. In 40, i l’est arrivé à Marseille avant ch’train...ah!

Ah!  Ah!... mînme qui l’o été décoré d’el médaille d’ech lieuve...

«Le Parisien» :  Vous ne savez que vous moquer d’un homme qui a fuit l’oppresseur, mais qui

après a du faire de la résistance

L'appelant :    ouais,   à s’fame... rires

                        Se tournant vers la cane: Mais ch’est vrai qu’tu cantes mal!

La cane:        Dis lé coère qu’éj cante mal

L'appelant :  T’oros point ch premier prix ach conservatoère !

La cane:          Ch’est rien, éj t’aurai ! Au soère , quind tu viendros m’vir pour avoère un tchot

... calin, ej té dirai qué j’cante mal !

L'appelant :       Ch’est li qui l’o dit cho!

La cane:         ouais mais ch’est point li qui couque avuc mi

L'appelant :       I manqu’ roué pus qu’cho!

«Le Parisien» :    Oh ! Un tigre !

L'appelant :     T’os feumé du hachi . un tigue dins ch’marais, achteur!

«Le Parisien» :    Je vous dis que j’ai vu un tigre. Un énorme tigre, avec deux gros yeux

 brillants

L'appelant :  (le coupant) Pis s’ tcheue par d’rière....

«Le Parisien» :  Regardez !  Il est là à côté du saule !

L'appelant :     Parle z’in à ch’Courrier Piker, ou à tes copains dél télé, i front un

artique. P’tête qu’i viendront nous prinde un portrait!

(S’adressant à la cane) : Eh! tu t’fros belle hein ! Qu’on dise qu’à Coeuchie i y o des  belles fumelles...

«Le Parisien» :   Je vous assure : il est là, il me regarde, il me fait peur, je suis transi !

L'appelant :     (s’adressant à la cane) Vo vir un mollé , ti t’es pu près!

«Le Parisien» :     N’y allez pas ! Il ne fera qu’une bouchée de vous !

L'appelant :     I n’pourro point ; à l’est trop dur’! Bé lo a’n’cantro pu, on n’s’ro pu échoui...

«Le Parisien» :   Quel courage ! Quelle héroïne !

La cane :        Ah ! Ah ! Ah ! ch’est ch’co roux d’ech marister. I mile eine soéris

L'appelant :     Tu parles d’un tigue: un  viu co langreux !

                        T’erros d’coi raconté a tin minisse...

«Le Parisien» :   Mais qu’est-ce qu’elle a à toujours se trémousser de la sorte? Elle se secoue

tout le temps, se frotte les plumes. Elle doit avoir des vers ma parole!

L'appelant :    T’os point d’vers ti? T’es toujours à t’ tortiller d’tin croupion! Sais tu à keuze

 qu’al fouait cho?

«Le Parisien» :Comment voulez vous que je le susse?

L'appelant :   Al graisse ses pleumes

«Le Parisien» :   Mille excuses, je le savais, je suis de la même famille que vous.

L'appelant :   Ch’est vrai qu’i tortille aussi sin croupion, ch’périsien, d’Ailly.

                       Se tournant vers la cane: Il l’est d’Ailly comme ti...

La cane:         Tu n’n’es bien aise ed chés gins d’Ailly

L'appelant :    Éj n’ai point dit cho pour et ‘ contrarier

La cane:          Déjo qu’ej cante mal !

«Le Parisien» :   se tournant vers la cane:  Il ne devrait pas vous traiter ainsi ma chère!

L'appelant :    ma chêêre. ...eh eh eh ...ti tu devrouais fouère des politics, feut qu’tu profites ed

toute. Ch’est ti qui m’ bassine qu’al cante mal , pi lo t’essais de te le mette

avuc  ti. .Présinte t’té dins l’liste ed min patron

«Le Parisien» :  Votre patron veut être Mêre… en a t’il l’envergure (en faisant les gestes)

L'appelant :    Ch’est un boin fiu, mais i n’ réussiro point, i n’ promet point assez.

La cane:          I vo y laissier des pleumes...

L'appelant :    J’ y dit : n’te mêle point tout cho! Rappelleté ed défunt tin père.

Il l’avouait fouait du bien à tertous, pi l’foé d’après…

La  cane :        I l’o été rhabillé chez Devred. I l’o ieu eine belle litchimpette

L'appelant :    Ch’est vrai  Il n’el méritouait point;.i l’o été r’tcheussé par

sin copin   qui s’est porté conte li: i  l’avouait promis à chés gins qui l’allouait

tout fouaire...

La cane:          Ouais, pour chés jonnes, pour chés viux, pour chés cacheux pis chés pétcheux,

«Le Parisien» :   Tous chés minteux (rires)

L'appelant :        Dis t’os coère bien ch’l’accint

«Le Parisien» :   Cela revient vite !

L'appelant :       Ch’est conme chés feuilles d’impôts

«Le Parisien» :   Oh rassurez-vous, c’est sûrement pire à Paris.  (la cane chante à nouveau)

L'appelant :    Vos tu arrétiez eine minut’, on peut point s’edviser .

«Le Parisien» :   Vous parlez souvent de votre patron. On dirait que vous l’aimez bien.

L'appelant :   Cha vo; ch’est un boin fiu. In tous les cas, ch’est point un destructeur. I l’arrive

          dins ch’marais, i nous  z’amarre pis i rnte dins l’lhutte...

La cane:          I  boèt un tchot canon,     ,  ou deux

«Le Parisien» :   Il rentre dans la lutte  (poing fermé levé) Votre patron est à la CGT ?

L'appelant :    Mon diu , mon diu. Dire éq tin minisse i n‘ fouait errien sins ti !

I rintre dins l’l’hutte. Tu voés l’tchotte cabenne derrière ti,

«Le Parisien» :   Oui

L'appelant :   Ch’est cho eine nutte

«Le Parisien» :   Vous m’en direz tant. Et  ça sert à boire des canons?

La cane :      Pis à aute coeuse ...

L'appelant :   Ah!  ti tu c’minches  à m’écauffer mes éreilles; tu voès ch’mal pertout!

 Ecoute bien min fiu; au fait ch’est c’min tin tchot nom?

«Le Parisien» :   Francis

L'appelant :    Franci, comme min copin d’Gratt’panche! On z’aos  à l’armée insanne

Dis ch’Franci, tu voés l’tchotte  fénête !

«Le Parisien» :   Oui

L'appelant :    Bin, quind i y o des Périsiens conme ti , posés su’l’mare, i sort sin fusil pi i tire !

«Le Parisien» :   Où suis-je tombé ? Un get apens ! Vite, je m’en vais !

L'appelant :   Oh t’os coère un momint ed vant ti. J’ai l’habitud’ i l’est point incore l’heure!

«Le Parisien» :   Vous êtes bon vous, je n’ai pas envie de finir avec des navets!

L'appelant :    Reste coère un mollet. Ch’est ch’ dernier jour qu’ej sus amaré.

«Le Parisien» :   Pourquoi est-ce la dernière fois?

L'appelant :    Bin, hier au soère quind ch’Maurice i m’o attatché, Maurice ch’est min patron, i

                   m’o dit: ed’min, j’n’in mets in neute: ti tu prinds l’ieu!

                        Éj sus pu boin à rien, i m’ laiche tchère!

«Le Parisien» :   Non, ne le voyez pas ainsi: c’est plutôt gentil: il ne veut pas vous perdre,

C’est tout.      (la cane pleure à grosses larmes)

                        Pourquoi pleurez-vous ?

La cane:        I prind l’ieu

L'appelant :    J’e’n’ graisse pu. Ej’ sus pu boin à rien. J’vais m’foute dins l’ieu.

La cane:         Fouais point cho maléreux ; pinse à mi!

«Le Parisien» :    Non, elle a raison, ne vous laisser pas aller. La vie  est belle. Tenez, si vous

avez le mouron, venez avec moi à Paris.

L'appelant :     Ti, t’os qu’ Péris al bouc!, J’préfère coère moèrir d’un coeud d’fusil. On z’y

avonseine foè dins un car, avu chés copins d’Coeuchie .

 Cha suffit pour mi. On peut point respirer. Chés gins y cour’tent dins tous chés

 since, on dirouait des freumions. Qué l’affouaire!  A un momint, on v’nouait

 d’minger; pu moyen ed trouver no c’min pour ervenir, ach bus, Ch’Paul i

 prind s’langue du diminche, pi i l’o d’mandé  à des gins: “Pardons m’sieurs

dames, on voudrait retrouver not’car, vu qu’il est  resté à l’Assemblée”

T’orouais vu l’tête ed chés gins; i nous r’bayouette avu des gros yux, comme

tin  tig ed tout à l’ heur’, in s’estchuzant. “on ne sait pas” on ne sait pas”...

Mi,  si yo quéqu’un qui trouv  point sin c’min dins  Coeuchie ou qui cherche

chés Prés dorés* ou ch’cartchage*,  i n’a qu’à m’el ed’mander j’y dirai.

«Le Parisien» :  Vous me faites rire ; vous comparez un village et Paris.

L'appelant :       Pétête , mais nou vacs à Coeuchie, i sont moins bête eq chés Périsiens!

«Le Parisien» :   Allons bon, encore une autre

L'appelant :   Bé ouais, min père i disouait qu’dins l’temps, ch’vatcher , au soère  i souffloé

dins s’corne ; alors tous chés vacs i r ‘montouétent el rue d’ech marais pis i

z’allouétent directemint dins leu étab sins d’mander leu route.

Fouais n’né autant  à Péris....

La cane :        Cho ch’est vrai ( en reniflant)

«Le Parisien» :     Comment avez-vous fait pour retrouver votre route ?

L'appelant :       Heureuz’mint min frère i s’y connouait. D’ou qu’o vo ,i r’trouve toujours sin

c’min. Il ,l’o r’bayé és z’étoèles  pis  i nous o dit: ch’est par lo, alorsse, on y est

arrivé. On nous sonnmes fouait  agonir par ch’caufeu d ‘car.

«Le Parisien» :  Vous racontez des balivernes, votre frère n’a pas pu regarder les étoiles 

car il ne faisait pas nuit

L’appelant :          Ti y’étoè? Qui ch’est qui t’el’ l’o dit?

«Le Parisien» :  C’est vous

L'appelant :          C’min mi?

«Le Parisien» :   Vous avez dit, vous être perdu après le repas. Le repas n’a pas pu durer

 jusqu’au soir. CQFD

L’appelant :     Pourquoé CPNT

«Le Parisien» :    Je n’ai pas dit CPNT, j’ai dit CQFD.  Ce qu’il fallait démontrer, c’est

mathématique

L’appelant :          Dis sherlokholm’,  t’es in trin èd m ‘imbrouiller; ej m’in ramintuve pus.

 I l’o du prinde sin GPS

«Le Parisien»    Remarquez, vous semblez mépriser Paris mais  il y a énormément  de choses

voir à  Paris : les musées, la Tour Eiffel

L'appelant :       Saint D’nis,(hein  Gégé. Oh! j’ai du fouaire eine gaffe, Réjane al rit point...)*

«Le Parisien» :   Ah vous les provinciaux, vous n’en ratez jamais une. Vous êtes d’un trivial...

                        ( la cane se remet à pleurer)

L’appelant :    vlo qu’al r’braie

«Le Parisien» :  Pourquoi pleurez-vous à nouveau ?

La cane :        I prind l’ieu… I s’ro pu jamouais avu mi

L’appelant :     T’in éro un eute, un pu jonne, un pu bieu ej sais ti mi.

«Le Parisien» :  Il a raison. La terre va continuer à tourner ; nul n’est irremplaçable

La cane :        I prind l’ieu n’l’verrai pu

L’appelant :           Si tu n’t’arretes point, éj m’in vo braire aussi.

«Le Parisien» :   Si vous pleurez tous les deux , vous allez faire monter le niveau d’eau et la

Somme va encore déborder et on dira que c’est la faute de la Seine!

L'appelant :    Oh!   ( en montrant quelque chose)

«Le Parisien» :   Qu’avez vous vu?     Un tigre?

L'appelant :    Non , j’ai ieu eine bleuvu, ch’est rien !

La cane:          Attintion à tin tcheur , in criant comme cho !

«Le Parisien» :   Oui, l’infarctus vous guette , restez calme!

L'appelant :     Ch’est pu fort eq mi, quind j’ai peur ou qu’j’ai eine émotion ej crie.

Tu m’connouais d’pus ch’timps!

La cane :          Ch’a vo m’ mantcher (en reniflant). Si  j’tomb’ sur un mawouais, ej vo

 m’innuyer...

L'appelant :  J’ai eine idié. Preind m’plache, pi mi j’prinds l’tienne. Comme cho tu s’ros

continte , i t ‘cantro des tchottes canchons.

«Le Parisien» :   Vous voulez monter à Paris?

L'appelant :     Non j’restrai lo

«Le Parisien» :   Oui, mais Maurice

L'appelant :    Boum! Trantchille ,     dins l’ cocotte....

«Le Parisien» :   Est-ce possible d’être si bête!

La cane :       Fouais point cho malhéreux.

L’appelant :    Ch’étouait pour rire !

La cane :        Mi ch’a n’mfouait point rigoler, pi ti ?

«Le Parisien» :   Mi, pardon , moi non plus

La cane:         Tu m’fros moérir avu tes contes

L’appelant :      Si t’es comme et mère, t’es point prête éd’moérir, t’interros tout l’monde.

Défunte et’ mère a l’o té extrémisé deux foès. Chtchuré pis ch’méd’cin i z’ont rindu leu ames advant !

(au loin des coups de fusil)

«Le Parisien» :     Qu’entends-je ? Que se passe-t’il ? Le 14  juillet, c’est dans  6 mois…

Ça y est, j’y suis, il s’agit d’un mariage.

La cane:          Ch’a s’rouait putôt un interremint !(à part, rires)

L'appelant :    Un mariage qui dit ... t’os vu l’heure; t’intinds point ch’clotchet   ( 7 heures

sonnent)

«Le Parisien» :   Il est 7 heures, Coeuchie , s’éveille

                        Il est 7 heures, je vais vous quitter

L'appelant :     Fouais l’mariolle. Si ch’est ch’Maurice t’os coère eine chance mais si tu

 tombes sur Joss Randal ( ch’est sin fiu);  i tire su tout c’qui bouge.Minme eq

t’orouais eine pancarde dins tin dos avu d’martché : “éj sus ch’dernier...” boum 

avuc des navets.

«Le Parisien» :   Je ne vais pas m’éterniser. J’ai passé un bon moment en votre compagnie.

Je ne vous oublierai pas, d’ailleurs, je vous écrirai à la bonne année.

Au fait c’est comment votre adresse?

L'appelant :       T’as qu’à martcher : “dedé , ch’pont d’bos , Coeuchiech’a arrivro, sauf si

ch’facteur i s s’berlure.

 

«Le Parisien» :  Vous viendrez me voir dans la capitale

L'appelant :     Jamouais

«Le Parisien» :   On ne va se quereller à la dernière minute !

L'appelant :     Dépêch’té ;j’intinds eine voéture.  Ch’est Joss . gar’ à tes pleumes!

«Le Parisien» :   Mes amis  au revoir

L'appelant :   adé

La cane:         j’pinsr’ai à ti

                    ( le canard sauvage s’envole...)

                        Dis pour qué raison qu’t’os dit qu’Joss i l ‘arrivouait ?

 I n’peut point v’nir in voiture  vu qu’i l’o pus sin permis...

L'appelant :    Bin j’ai dit cho pour qui s’in voèche

La cane:       Tu n’srouais point in tchot mollet jaloux ti?

 Oh! T’os ieu peur éq j’min aille  vir chés Périsiens...

«Le Parisien» :   Ch’est point pour cho

La cane :          Vo tu l’satcher ?

L'appelant :    Vu qu’ch’est min dernier jour avuc ti ;  éj voulouais rester coère un tchot

Momint tout seul

La cane :        éj m’in vo r’braire

 

                        (une voix au loin) attention au niveau d’eau...

 

L'appelant :  Tin canteu, i l’o bieu dire : Péris par chi Péris par lo. I y a pas pu bieu qu’ichi !

mi, j’aime bien min poèys, j’aime bien Coeuchie !

La scène se passe l’hiver, dans un marais picard près d’une hutte où sont amarrés des canards appelants et des blettes*.

Arrive un canard ( parisien ) qui se pose.

«Le Parisien» :   “Doux Jésus!

Où suis-je?

Des canards en bois!... Est-ce une nouvelle mode?”

Il s’écarte un peu.

“Ah! En voilà qui semblent normaux!”

Il s’approche de deux appelants. Il  s’adresse à l’un d’eux.

“Ohé l’ami! Pourriez-vous me dire où se situe cette ... mare?”

L'appelant :   ( se retournant vers une cane)

In vlo un qui parle conme un live. T’es d’la noblesse tchot?”

«Le Parisien» :   “Ça va, j’ai compris, je suis en Picardie!

Je me suis quelque peu éloigné de Paris!”

L'appelant :     “Et pis i fouait des vers achteur!

Sais tu ch’qu’al te dit ém’... mare?”

L'appelant :      Non , mais , dites mon ami!”

«Le Parisien» :    « Em’ mare, a t’dit : brin dins tes dints!”

«Le Parisien» :   « Oh, ne soyez pas froissé,

 Je ne fais que passer!”

L'appelant :      Bin passe tin c’min, pis adé!”

«Le Parisien» :    “Je vois, vous devez être  jaloux et avoir peur que je vous enlève votre

 compagne!

                        Soyez sans crainte aucune, je n’aime pas les filles de la campagne!”

L'appelant :     “Dis ch’poète! t’os point coère compreinds ,

qu’ichi, chés imbleyeux* o z’aime point gramint*!...

Il se retourne un peu

Vlo qu’éj déteins, éj fouais des poèsies conme li!”

À part: compreinds... gramint...

«Le Parisien» :    « Vous êtes susceptible ,

et même un brin pénible”

L'appelant :      “Viens m’él dire lo, si j’sus pénib! qu’éj t’é fouaiche tin catéchisse!”

«Le Parisien» :   “Bon ça va, je ne voulais pas vous vexer.

                        Nous devons être amis, entre anatidés!”

L'appelant :      “Ente coé?”

«Le Parisien» :    « Oh l’analphabète!”   ( se tournant vers la cane)

Vous êtes mariée à un rustre”.

L'appelant :      “A un coé?”

«Le Parisien» :    «  A un rustre »

L'appelant :      “ Où qu’est qui l’o vu q’j’étouais Russe?... N’in vlo d’einne eute!

Pis d’abord , ch’est point emmoétié! On n’sonmes point coère accouplés!”

«Le Parisien» :   “Fichtre, je vous pensais époux,

Ayant une bague comme vous!”

(il montre l’attache à la patte des canards appelants)

L'appelant :     “Tu c’minches à m’écauffer mes éreilles, ....éj s’rouais point attatché...”

«Le Parisien» :   “Attaché !”

L'appelant :    “Dis t’os du brun dins tes zius, t’os point vu chés amares ? »

«Le Parisien» :   « Attachés, vous êtes?”

L'appelant :     Quoé qu’ch’a peut t’foute!”

«Le Parisien» :   « Attachés, vous êtes!...”

L'appelant :   “Eh ! Tu vos t’in r’mette ? » 

«Le Parisien» :   « De ma vie, je n’ai vu pareille vilénie !

                        Quel crime avez-vous donc commis ? »

L'appelant :    “Si tu n’ t’in vos point, tu vos l’vire ech’crim’ !”

«Le Parisien» :             Je pensais que c’était votre alliance!  (en montrant l’attache métallique)

                        “J’en ai les ailes qui me tombent!” (soupirant)

L'appelant :     Conme el nège d’Adamo... tombe la neige...”

«Le Parisien» :    « Vous avez raison, gaussez-vous ! »

                        Il se tourne vers la cane.

« Mais dites voir, ma bonne amie, qu’avez-vous  à regarder toujours vers le ciel ? Pourquoi criez-vous tout le temps ?

La cane :    « J ‘appelle, j’ passe min timps à app’ler, ch’est min métier ! »

«Le Parisien» :    « Je comprends, vous appelez les mâles !

au nez de votre mari, en plus…

L'appelant :      ch’est point m’feume j’te dis!

 «Le Parisien» :    Vous tapinez !

                        Elle tapine ! Moi qui croyais qu’il n’y avait qu’au bois de Boulogne !

                        Se tournant vers l’appelant

                        Et ça marche votre petit commerce ? Ça vous rapporte bien ? »

L'appelant :     “A mi je n’sais point , mais à ti, tu vos bientôt l’savoère.”

«Le Parisien» :    « Mais qu’est-ce qu’elle chante fort ! On dirait Mireille Mathieu ! 

Je plains les voisins ! »

L'appelant :     “Tu sais ichi à pert chés vacs, pis chés toères, i gn’o point gramint ed voèzans!”

«Le Parisien» :    « chés toères ? »

L'appelant :     “Ouais chés toères(en faisant des cornes)

«Le Parisien» :    Ah ! des taureaux !

L'appelant :    Ch’est cho.

«Le Parisien» :     Des taureaux comme en Camargue!

L'appelant :     Si tu l ‘dis.

             Mais au fait tchot, pour qué raison qu’t’es arrivé lo?”

T’os voulu vir  Nénette... (il montre la cane)

«Le Parisien» :    « Que non ! c’est bien plus simple. J’ étais en boîte de nuit,

                        En charmante compagnie...”

L'appelant :      “ Des fius churemint...”

«Le Parisien» :    « Oh, vous êtes d’un vulgaire !…

                        J’étais avec une Dame, … , une Dame dis-je !

                        En la raccompagnant, j’ai dû faire fausse route et me suis égaré quelque

 peu...Cela arrive!”

L'appelant :    “ quelque peu...tu t’es quind minme berluré ed pus chint tchilomètes!

Tu devouais n’in t’nire eine boène...Ah! Ah! Ah!...”

«Le Parisien» :   “Je ne vous permets pas...

                        Car, je ne bois que du coca!”

L'appelant :    “Dis ch’buveu ed pétrole, t’os l’air ed bien m’compreindre!

Ecmint qu’cha s’fouait?”

«Le Parisien» :   « La réponse est aisée,

car j’avais un valet

                        de La Chaussée ...Tirancourt.”   

L'appelant :      “ Un varlet edCoeuchie*!... Ej pinsouais putôt qu’t’avouais un tayon* ed per

ichi , pis qu’t’étouais péteux* d’ète Piquère!”

«Le Parisien» :    (souflant Bon à vous, je peux bien vous l’avouer, mais ne le répétez à

personne, ma famille est originaire de la région amiénoise, d’Ailly sur Somme,

pour tout   vous dire.”

L'appelant :     éj m’in doutouais... Coère un qui l’o honte ed sin poéys!

«Le Parisien» :    « Ce n’est pas tout  à fait la réalité : ma famille est venue à Paris pour le

boulot. Et moi je voulais être chanteur ! »

L'appelant :     Canteux ti ! Ch’est vrai qu’t’es un peu poyète!

«Le Parisien» :   Oui chanteur ! Mais cela n’a pas marché , les places sont chères

L'appelant :      Pi  i paré qui feut coutcher!

La cane:          Cante nous tchèqcoze. Mi j’aime bien chés canteux. J’acoute souvint

ch’palmarès ed chés canchons ed Guy Luss .

L'appelant :      Elle,  pis sin Franck Michael

La cane :              ( râlant) Oh!

«Le Parisien» :   C’est un très bon interprète

L'appelant :     Ch’est pour chés vièles mémés, pi leus tchots mouchoères

La cane:          Tu croès qu’tin Tino i l’est miux, avu s’ voè d’catré. ..        Cante tchot !

«Le Parisien» :   ( se tournant vers la cane) C’est vraiment pour vous faire plaisir.

Je ne sais pas si cela va vous convenir...enfin...

L'appelant :     Si c’est eine canchon d’amour, cha li plairo.

«Le Parisien» :   Bon, il me faudrait une guitare... ça va

                        ( Le canard interprète une chanson  )

La cane :            Ch’est témouvant, j’ai chés larmes qui montent d’ mes zius. J’nin brairouais

L'appelant :      Brais;  tu piss’ros d’moins. Ah! Ah!

«Le Parisien» :     Est que cela vous a plu ?

La cane :            Oh oui ! r’cant’né eine eute.

«Le Parisien» :   Non, non c’est suffisant, c’est plutôt à votre ami de nous chanter

 quelque chose.

Il n’y a pas de raison, moi je l’ai bien fait.

L'appelant :  D’abord j’n’sais point canter, pi chés canchons qu’éj connouis , n’pu point vu

qu’ i y o des tchots can’tons qui z’acoutent!

«Le Parisien» :   Si, chantez-nous un petit air ; vous en connaissez bien de votre enfance par

 exemple  au clair de la lune, meunier tu dors, je ne sais pas...

La cane :            Si cante nous ch’elle éq t’os appris quind t’étouait tchot, avu Monsieu

L'appelant :      éj sais pus toute

La cane :            éj t’é don’rai ein coeud main ; alez vo z’y !

«Le Parisien» :   Oui allez-y, nous sommes entre nous, ce n’est pas grave!

L'appelant :     Bon o l’érez voulu ,  tant pi pour chés canards. J’vais r’peupler ch’marais!

Tchot Mond pi ch’Paul i vont  tête contints!

Justemint ch’est eine canchon d’cacheux ( il chante “le grand cerf”)

«Le Parisien» :   Vous voyez que ce n’est pas si mal! Vous devriez monter à Paris

L'appelant :     Eh! ti t’o été r’tcheussé, pi mi j’y arrivrouais , tu t’fous d’mi!

«Le Parisien» :   C’est tellement bizarre. Certains réussissent sans talent…

L'appelant :       J’n’in connouais...

«Le Parisien»       Cela est vrai, mais pourquoi ne viendriez vous pas. Paris est une belle ville

  chacun a sa spécialité : les ramoneurs sont Savoyards, les bougnats  tiennent les brasseries,

L'appelant :    le coupant

                        Pis chés journalisses dèl télé , i sont edPikerdie” ah! Ah! Ah!”

«Le Parisien» :  Que vous êtes moqueur!

                        Heureusement que nous les avons au  13 heures ...ou aux sports!”

L'appelant :    “ Tu sais, mi j’n’ai point d’poste ichi, j’préfère acouter chés moègneux pis

 miler el’ leune...”

«Le Parisien» :  Voyons, cher ami, nous sommes amis n’est-ce pas?

                        Se tournant vers la cane: Mais qu’est-ce qu’elle chante mal!

Voyons, regarder la lune ne nourrit pas”

L'appelant :    Pétête , mais rien qu’in l’erbayant, ej connouais ch’timps qui vo fouaire

El’ lind’min!”. Min patron i dit toujours qu’i préfère r’bayer ez’étoèles

qu’d’écouter  el’ météo dins ch’posse. I dit aussi éq chés infromations  , ch’est

toudis el’ même chose: des d’gerres, d’ z’inondations, des déraillemints

d’ecmint d’fer, des crimes, ed z’avions qui tchettent...  soupir...tu voés 

jamouais des geins qui font du bien à leu voèsins ou à un tchot viu,.., infin

ch’est l’avis éd min patron....”

«Le Parisien» :  Vous avez un patron?

 Est-ce qu’il vous exploite?

L'appelant :    “Dis Laguiller , arrête d’ém bassiner!

Quoé qu’tu fouais , ti,  à Péris, à part édviser?”

Quelle est ta espécialité?

«Le Parisien» :   “ Je suis chargé de mission,  dans un ministère....

                        Moment de calme

                        Vous êtes muet comme les carpes de votre étang!

                        Nouveau moment de calme

                        Le ministre ne prend aucune décision sans m’en référer.”

L'appelant :   “l’  diros- tu à tin minisse, eq tu t’ai berluré ed chint trinte tchilomètes.

J’espère eqch’est point ch’minisse  ed’chés transports!”

«Le Parisien» :   Riez, riez... un jour peut-être aurez-vous besoin de mes services, car, voyez-

 vous, j’ai long bras!

Se tournant vers la cane: Mais qu’est-ce qu’elle chante mal!

L'appelant :    Bin cha tombe jolimint bien, ti qu’t’os long bro... justemint tu vos m’rindes

 service.

«Le Parisien» :   Que puis-je pour vous être agréable ?

L'appelant :    Bin voilà; ...ecmint dire... min patron, diminche,  i l’avouait tellemint chuché

ach’bantchet ed chés anciens combattants, qu’in rintrant, i l’étouait fin seu, pis 

i l’o rindu trip’s et boyeux  dins sin cabinet!

«Le Parisien» :  Oui , cela arrive,... mais que puis-je pour vous, très cher?

L'appelant :    Bé , ti qu’t’os long bro, tu pourrouais pétête y aveinde sin dintier qui l’est tcheu

                        au fond d’elle tinette?  ... rires

«Le Parisien»     Que vous êtes ingrat, vous ne savez que rire ! Doit-on se moquer de

 son patron ainsi et le ridiculiser? Un homme qui  vous nourrit!

Un homme qui a sans doute risqué sa vie pour la liberté .

L'appelant :    tirant sur l’amarre Dis Baladur, t’os vu ch’qui l’in fouait d’el liberté!!!

«Le Parisien» :   Je parlais z’en temps de guêrre.

L'appelant :    Parlons z’ in d’el’ d’gêrre. In 40, i l’est arrivé à Marseille avant ch’train...ah!

Ah!  Ah!... mînme qui l’o été décoré d’el médaille d’ech lieuve...

«Le Parisien» :  Vous ne savez que vous moquer d’un homme qui a fuit l’oppresseur, mais qui

après a du faire de la résistance

L'appelant :    ouais,   à s’fame... rires

                        Se tournant vers la cane: Mais ch’est vrai qu’tu cantes mal!

La cane:        Dis lé coère qu’éj cante mal

L'appelant :  T’oros point ch premier prix ach conservatoère !

La cane:          Ch’est rien, éj t’aurai ! Au soère , quind tu viendros m’vir pour avoère un tchot

... calin, ej té dirai qué j’cante mal !

L'appelant :       Ch’est li qui l’o dit cho!

La cane:         ouais mais ch’est point li qui couque avuc mi

L'appelant :       I manqu’ roué pus qu’cho!

«Le Parisien» :    Oh ! Un tigre !

L'appelant :     T’os feumé du hachi . un tigue dins ch’marais, achteur!

«Le Parisien» :    Je vous dis que j’ai vu un tigre. Un énorme tigre, avec deux gros yeux

 brillants

L'appelant :  (le coupant) Pis s’ tcheue par d’rière....

«Le Parisien» :  Regardez !  Il est là à côté du saule !

L'appelant :     Parle z’in à ch’Courrier Piker, ou à tes copains dél télé, i front un

artique. P’tête qu’i viendront nous prinde un portrait!

(S’adressant à la cane) : Eh! tu t’fros belle hein ! Qu’on dise qu’à Coeuchie i y o des  belles fumelles...

«Le Parisien» :   Je vous assure : il est là, il me regarde, il me fait peur, je suis transi !

L'appelant :     (s’adressant à la cane) Vo vir un mollé , ti t’es pu près!

«Le Parisien» :     N’y allez pas ! Il ne fera qu’une bouchée de vous !

L'appelant :     I n’pourro point ; à l’est trop dur’! Bé lo a’n’cantro pu, on n’s’ro pu échoui...

«Le Parisien» :   Quel courage ! Quelle héroïne !

La cane :        Ah ! Ah ! Ah ! ch’est ch’co roux d’ech marister. I mile eine soéris

L'appelant :     Tu parles d’un tigue: un  viu co langreux !

                        T’erros d’coi raconté a tin minisse...

«Le Parisien» :   Mais qu’est-ce qu’elle a à toujours se trémousser de la sorte? Elle se secoue

tout le temps, se frotte les plumes. Elle doit avoir des vers ma parole!

L'appelant :    T’os point d’vers ti? T’es toujours à t’ tortiller d’tin croupion! Sais tu à keuze

 qu’al fouait cho?

«Le Parisien» :Comment voulez vous que je le susse?

L'appelant :   Al graisse ses pleumes

«Le Parisien» :   Mille excuses, je le savais, je suis de la même famille que vous.

L'appelant :   Ch’est vrai qu’i tortille aussi sin croupion, ch’périsien, d’Ailly.

                       Se tournant vers la cane: Il l’est d’Ailly comme ti...

La cane:         Tu n’n’es bien aise ed chés gins d’Ailly

L'appelant :    Éj n’ai point dit cho pour et ‘ contrarier

La cane:          Déjo qu’ej cante mal !

«Le Parisien» :   se tournant vers la cane:  Il ne devrait pas vous traiter ainsi ma chère!

L'appelant :    ma chêêre. ...eh eh eh ...ti tu devrouais fouère des politics, feut qu’tu profites ed

toute. Ch’est ti qui m’ bassine qu’al cante mal , pi lo t’essais de te le mette

avuc  ti. .Présinte t’té dins l’liste ed min patron

«Le Parisien» :  Votre patron veut être Mêre… en a t’il l’envergure (en faisant les gestes)

L'appelant :    Ch’est un boin fiu, mais i n’ réussiro point, i n’ promet point assez.

La cane:          I vo y laissier des pleumes...

L'appelant :    J’ y dit : n’te mêle point tout cho! Rappelleté ed défunt tin père.

Il l’avouait fouait du bien à tertous, pi l’foé d’après…

La  cane :        I l’o été rhabillé chez Devred. I l’o ieu eine belle litchimpette

L'appelant :    Ch’est vrai  Il n’el méritouait point;.i l’o été r’tcheussé par

sin copin   qui s’est porté conte li: i  l’avouait promis à chés gins qui l’allouait

tout fouaire...

La cane:          Ouais, pour chés jonnes, pour chés viux, pour chés cacheux pis chés pétcheux,

«Le Parisien» :   Tous chés minteux (rires)

L'appelant :        Dis t’os coère bien ch’l’accint

«Le Parisien» :   Cela revient vite !

L'appelant :       Ch’est conme chés feuilles d’impôts

«Le Parisien» :   Oh rassurez-vous, c’est sûrement pire à Paris.  (la cane chante à nouveau)

L'appelant :    Vos tu arrétiez eine minut’, on peut point s’edviser .

«Le Parisien» :   Vous parlez souvent de votre patron. On dirait que vous l’aimez bien.

L'appelant :   Cha vo; ch’est un boin fiu. In tous les cas, ch’est point un destructeur. I l’arrive

          dins ch’marais, i nous  z’amarre pis i rnte dins l’lhutte...

La cane:          I  boèt un tchot canon,     ,  ou deux

«Le Parisien» :   Il rentre dans la lutte  (poing fermé levé) Votre patron est à la CGT ?

L'appelant :    Mon diu , mon diu. Dire éq tin minisse i n‘ fouait errien sins ti !

I rintre dins l’l’hutte. Tu voés l’tchotte cabenne derrière ti,

«Le Parisien» :   Oui

L'appelant :   Ch’est cho eine nutte

«Le Parisien» :   Vous m’en direz tant. Et  ça sert à boire des canons?

La cane :      Pis à aute coeuse ...

L'appelant :   Ah!  ti tu c’minches  à m’écauffer mes éreilles; tu voès ch’mal pertout!

 Ecoute bien min fiu; au fait ch’est c’min tin tchot nom?

«Le Parisien» :   Francis

L'appelant :    Franci, comme min copin d’Gratt’panche! On z’aos  à l’armée insanne

Dis ch’Franci, tu voés l’tchotte  fénête !

«Le Parisien» :   Oui

L'appelant :    Bin, quind i y o des Périsiens conme ti , posés su’l’mare, i sort sin fusil pi i tire !

«Le Parisien» :   Où suis-je tombé ? Un get apens ! Vite, je m’en vais !

L'appelant :   Oh t’os coère un momint ed vant ti. J’ai l’habitud’ i l’est point incore l’heure!

«Le Parisien» :   Vous êtes bon vous, je n’ai pas envie de finir avec des navets!

L'appelant :    Reste coère un mollet. Ch’est ch’ dernier jour qu’ej sus amaré.

«Le Parisien» :   Pourquoi est-ce la dernière fois?

L'appelant :    Bin, hier au soère quind ch’Maurice i m’o attatché, Maurice ch’est min patron, i

                   m’o dit: ed’min, j’n’in mets in neute: ti tu prinds l’ieu!

                        Éj sus pu boin à rien, i m’ laiche tchère!

«Le Parisien» :   Non, ne le voyez pas ainsi: c’est plutôt gentil: il ne veut pas vous perdre,

C’est tout.      (la cane pleure à grosses larmes)

                        Pourquoi pleurez-vous ?

La cane:        I prind l’ieu

L'appelant :    J’e’n’ graisse pu. Ej’ sus pu boin à rien. J’vais m’foute dins l’ieu.

La cane:         Fouais point cho maléreux ; pinse à mi!

«Le Parisien» :    Non, elle a raison, ne vous laisser pas aller. La vie  est belle. Tenez, si vous

avez le mouron, venez avec moi à Paris.

L'appelant :     Ti, t’os qu’ Péris al bouc!, J’préfère coère moèrir d’un coeud d’fusil. On z’y

avonseine foè dins un car, avu chés copins d’Coeuchie .

 Cha suffit pour mi. On peut point respirer. Chés gins y cour’tent dins tous chés

 since, on dirouait des freumions. Qué l’affouaire!  A un momint, on v’nouait

 d’minger; pu moyen ed trouver no c’min pour ervenir, ach bus, Ch’Paul i

 prind s’langue du diminche, pi i l’o d’mandé  à des gins: “Pardons m’sieurs

dames, on voudrait retrouver not’car, vu qu’il est  resté à l’Assemblée”

T’orouais vu l’tête ed chés gins; i nous r’bayouette avu des gros yux, comme

tin  tig ed tout à l’ heur’, in s’estchuzant. “on ne sait pas” on ne sait pas”...

Mi,  si yo quéqu’un qui trouv  point sin c’min dins  Coeuchie ou qui cherche

chés Prés dorés* ou ch’cartchage*,  i n’a qu’à m’el ed’mander j’y dirai.

«Le Parisien» :  Vous me faites rire ; vous comparez un village et Paris.

L'appelant :       Pétête , mais nou vacs à Coeuchie, i sont moins bête eq chés Périsiens!

«Le Parisien» :   Allons bon, encore une autre

L'appelant :   Bé ouais, min père i disouait qu’dins l’temps, ch’vatcher , au soère  i souffloé

dins s’corne ; alors tous chés vacs i r ‘montouétent el rue d’ech marais pis i

z’allouétent directemint dins leu étab sins d’mander leu route.

Fouais n’né autant  à Péris....

La cane :        Cho ch’est vrai ( en reniflant)

«Le Parisien» :     Comment avez-vous fait pour retrouver votre route ?

L'appelant :       Heureuz’mint min frère i s’y connouait. D’ou qu’o vo ,i r’trouve toujours sin

c’min. Il ,l’o r’bayé és z’étoèles  pis  i nous o dit: ch’est par lo, alorsse, on y est

arrivé. On nous sonnmes fouait  agonir par ch’caufeu d ‘car.

«Le Parisien» :  Vous racontez des balivernes, votre frère n’a pas pu regarder les étoiles 

car il ne faisait pas nuit

L’appelant :          Ti y’étoè? Qui ch’est qui t’el’ l’o dit?

«Le Parisien» :  C’est vous

L'appelant :          C’min mi?

«Le Parisien» :   Vous avez dit, vous être perdu après le repas. Le repas n’a pas pu durer

 jusqu’au soir. CQFD

L’appelant :     Pourquoé CPNT

«Le Parisien» :    Je n’ai pas dit CPNT, j’ai dit CQFD.  Ce qu’il fallait démontrer, c’est

mathématique

L’appelant :          Dis sherlokholm’,  t’es in trin èd m ‘imbrouiller; ej m’in ramintuve pus.

 I l’o du prinde sin GPS

«Le Parisien»    Remarquez, vous semblez mépriser Paris mais  il y a énormément  de choses

voir à  Paris : les musées, la Tour Eiffel

L'appelant :       Saint D’nis,(hein  Gégé. Oh! j’ai du fouaire eine gaffe, Réjane al rit point...)*

«Le Parisien» :   Ah vous les provinciaux, vous n’en ratez jamais une. Vous êtes d’un trivial...

                        ( la cane se remet à pleurer)

L’appelant :    vlo qu’al r’braie

«Le Parisien» :  Pourquoi pleurez-vous à nouveau ?

La cane :        I prind l’ieu… I s’ro pu jamouais avu mi

L’appelant :     T’in éro un eute, un pu jonne, un pu bieu ej sais ti mi.

«Le Parisien» :  Il a raison. La terre va continuer à tourner ; nul n’est irremplaçable

La cane :        I prind l’ieu n’l’verrai pu

L’appelant :           Si tu n’t’arretes point, éj m’in vo braire aussi.

«Le Parisien» :   Si vous pleurez tous les deux , vous allez faire monter le niveau d’eau et la

Somme va encore déborder et on dira que c’est la faute de la Seine!

L'appelant :    Oh!   ( en montrant quelque chose)

«Le Parisien» :   Qu’avez vous vu?     Un tigre?

L'appelant :    Non , j’ai ieu eine bleuvu, ch’est rien !

La cane:          Attintion à tin tcheur , in criant comme cho !

«Le Parisien» :   Oui, l’infarctus vous guette , restez calme!

L'appelant :     Ch’est pu fort eq mi, quind j’ai peur ou qu’j’ai eine émotion ej crie.

Tu m’connouais d’pus ch’timps!

La cane :          Ch’a vo m’ mantcher (en reniflant). Si  j’tomb’ sur un mawouais, ej vo

 m’innuyer...

L'appelant :  J’ai eine idié. Preind m’plache, pi mi j’prinds l’tienne. Comme cho tu s’ros

continte , i t ‘cantro des tchottes canchons.

«Le Parisien» :   Vous voulez monter à Paris?

L'appelant :     Non j’restrai lo

«Le Parisien» :   Oui, mais Maurice

L'appelant :    Boum! Trantchille ,     dins l’ cocotte....

«Le Parisien» :   Est-ce possible d’être si bête!

La cane :       Fouais point cho malhéreux.

L’appelant :    Ch’étouait pour rire !

La cane :        Mi ch’a n’mfouait point rigoler, pi ti ?

«Le Parisien» :   Mi, pardon , moi non plus

La cane:         Tu m’fros moérir avu tes contes

L’appelant :      Si t’es comme et mère, t’es point prête éd’moérir, t’interros tout l’monde.

Défunte et’ mère a l’o té extrémisé deux foès. Chtchuré pis ch’méd’cin i z’ont rindu leu ames advant !

(au loin des coups de fusil)

«Le Parisien» :     Qu’entends-je ? Que se passe-t’il ? Le 14  juillet, c’est dans  6 mois…

Ça y est, j’y suis, il s’agit d’un mariage.

La cane:          Ch’a s’rouait putôt un interremint !(à part, rires)

L'appelant :    Un mariage qui dit ... t’os vu l’heure; t’intinds point ch’clotchet   ( 7 heures

sonnent)

«Le Parisien» :   Il est 7 heures, Coeuchie , s’éveille

                        Il est 7 heures, je vais vous quitter

L'appelant :     Fouais l’mariolle. Si ch’est ch’Maurice t’os coère eine chance mais si tu

 tombes sur Joss Randal ( ch’est sin fiu);  i tire su tout c’qui bouge.Minme eq

t’orouais eine pancarde dins tin dos avu d’martché : “éj sus ch’dernier...” boum 

avuc des navets.

«Le Parisien» :   Je ne vais pas m’éterniser. J’ai passé un bon moment en votre compagnie.

Je ne vous oublierai pas, d’ailleurs, je vous écrirai à la bonne année.

Au fait c’est comment votre adresse?

L'appelant :       T’as qu’à martcher : “dedé , ch’pont d’bos , Coeuchiech’a arrivro, sauf si

ch’facteur i s s’berlure.

«Le Parisien» :  Vous viendrez me voir dans la capitale

L'appelant :     Jamouais

«Le Parisien» :   On ne va se quereller à la dernière minute !

L'appelant :     Dépêch’té ;j’intinds eine voéture.  Ch’est Joss . gar’ à tes pleumes!

«Le Parisien» :   Mes amis  au revoir

L'appelant :   adé

La cane:         j’pinsr’ai à ti

                    ( le canard sauvage s’envole...)

                        Dis pour qué raison qu’t’os dit qu’Joss i l ‘arrivouait ?

 I n’peut point v’nir in voiture  vu qu’i l’o pus sin permis...

L'appelant :    Bin j’ai dit cho pour qui s’in voèche

La cane:       Tu n’srouais point in tchot mollet jaloux ti?

 Oh! T’os ieu peur éq j’min aille  vir chés Périsiens...

«Le Parisien» :   Ch’est point pour cho

La cane :          Vo tu l’satcher ?

L'appelant :    Vu qu’ch’est min dernier jour avuc ti ;  éj voulouais rester coère un tchot

momint tout seul

La cane :        éj m’in vo r’braire

                        (une voix au loin) attention au niveau d’eau...

L'appelant :  Tin canteu, i l’o bieu dire : Péris par chi Péris par lo. I y a pas pu bieu qu’ichi !

Mi, j’aime bien min poèys, j’aime bien Coeuchie !

Ch’ marister ed’ Coeuchie