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Témoignage
de Jean LECLERC Son café a servi de siège pour la PJ de Lille. |
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Lors
de l’affaire MARSHALL, cette jeune institutrice assassinée
en août 1955, nous sommes devenus le siège de la PJ de Lille
et de ce fait de tous les journalistes nationaux et internationaux. |
Un
jour, la presse ne savait pas quoi écrire, ils ont dit : «
On va inventer quelque chose que tout le monde a repris ; il s’agissait
d’un panier de poissons placé sur un vélo ; c’était
une invention après une « java » arrosée.
»
Comme
l’affaire s’éternisait mon père disait toujours
à VAN ASSCHE : « De toutes façons, vous n’attraperez
jamais le criminel. Je parie une bouteille de champagne que vous ne
l’aurez pas ! »
Un
jour VAN ASSCHE s’est amené et a dit : « Jules,
tu peux remonter ta bouteille de champagne de deux marches ! »
Quelques jours après il lui dit à nouveau de la remonter
encore de deux marches…
Papa lui dit : « Je le croirais quand vous me l’amènerez ! » Et en effet, le jour de la reconstitution, en janvier 1956, Robert AVRIL est venu dans le café avec l’inspecteur VAN ASSCHE. Ça se passait très bien ; les policiers et Robert AVRIL s’entendaient bien, ils avaient un bon contact. Il n’est venu qu’une fois. Je suis allé à la reconstitution où il y avait foule J’étais rentré du régiment. Papa est décédé en juin 1956. Je connaissais bien Alfred GUILBERT, le facteur qui nous a dit avoir vu Robert AVRIL dans Belloy le jour du crime. J’étais bien aussi avec Madame Germaine CLABAUT qui avait vu Robert AVRIL, lors d’une tournée Saint-Pierre à Gouy / Crouy. Elle l’avait rencontré et remarqué. Les gendarmes de Picquigny ont arrêté Robert AVRIL tout de suite après le crime et l’ont laissé partir. L’affaire a été étouffée, mais ils l’avaient arrêté. A la brigade, il y avait le chef MARQUET et un autre nommé BOCQUERY. Les
quatre « as » de la P.J. de Lille dans notre café
regardant l’appareil photo de Miss MARSHALL : Le commissaire
Léon CASTELLAN, Henri VAN ASSCHE, les inspecteurs DUMONT et LOUVET
Il y a quelques années, j’ai eu
l’inspecteur VAN ASSCHE au téléphone. Il m'a dit
: « Jules est toujours vivant ? »
Il aimait bien papa. Mon père me disait toujours : « C’est le seul qui travaille les autres s’en foutaient et jouaient aux cartes ou au billard. Il les laissait là et allait au boulot... » Je suis allé aux assises lors du procès ; je me suis rendu compte que le courant passait bien entre VAN ASSCHE et Robert AVRIL. Tous
les gens de La Chaussée ont été interrogés
; moi j’étais à l’armée à ce
moment là.
Un homme de La Chaussée a eu de graves ennuis à cause d’un individu qui a colporté une fausse nouvelle : il se serait vanté d’avoir fait le coup ! Il a été fortement soupçonné et sa maison perquisitionnée. VAN
ASSCHE m’a dit : « Je préparais le concours de
commissaire; on m’a fait abandonner en me disant : Ne t’inquiète
pas, si tu résous l’affaire, tu le seras d’office.
Quand
je l’ai vu, il m’a dit : « Jean, je peux vous
montrer ma fiche de paye, je suis toujours simple inspecteur ! Ils m’ont
montré le coup ! »
C’était
un bosseur. C’était un homme qui aimait son métier,
il ne faisait pas le métier d’un autre.
A la reconstitution, Robert AVRIL n’était pas impressionné ; il était avec son avocat qui était un ténor du barreau qui a pris cette affaire afin qu’on lui fasse de la réclame. Cette affaire arrivant dans la foulée de l’affaire DOMINICI. Je me souviens France RENAUD avait une bestiole sur son manteau, Robert AVRIL lui a enlevé avec sa main. Monsieur BONDOIS (le maire en 1955) m’a dit : « Quand l’Intelligence Service fait quelque chose, elle le fait bien ! » Il était persuadé que c’était un coup de l’Intelligence Service. Pour
moi, c’est bien Robert AVRIL le coupable.
Nous
sommes restés en bon contact avec la P.J. Parfois, des inspecteurs
téléphonaient et disaient : « Jean, on
vient manger à 3 ou à 4 ! » C’est
arrivé régulièrement, même quand l’affaire
a été élucidée.
Je me souviens qu’en 1968, à la fin, ils étaient aux RG, je leur dis : « Messieurs vous n’avez pas prévu ce truc là ? Ils m’ont répondu : « Si Jean, mais quand on fait un rapport, notre chef barre ce qu’il l’embête, puis son supérieur barre encore ce qu’il l’embête ! Quand ça arrive en haut, tout va bien ! » |