Nous venons régulièrement dans ce beau village. J’habite d’ailleurs dans la maison de mes ancêtres. Après le bac, je vais à l’université à Paris dans le quartier latin ; j’y apprends l’anglais. Cette université est rattachée à Cambridge. Des noms de rues reviennent dans ma mémoire : Rue des Écoles, Rue Soufflot, Boulevard Saint-Michel, ….

    Chaque année depuis 1953, pour parfaire mon anglais, je passe la plus grande partie de mes vacances d’été en Angleterre dans des maisons « amies ». C’est ainsi que je me suis retrouvée grâce à M. Jacques DUPONTREUÉ de Belloy, dans la famille ROBINSON à Padworth près de Reading, dans le comté de Berkshire. C’est à quarante cinq minutes de l’aéroport d’Heathrow. J’ai d’ailleurs eu de grosses difficultés à revenir en France à cause de la grève générale.
    En 1954, je retourne à Padworth, puis je termine mon séjour à Londres.
    En 1955, je suis pensionnaire chez Misses NEWBEY, la veuve d’un Colonel de l’armée des Indes. Elle ne pend que des filles. Elle possède une jolie maison dans Marylebone street près du musée célèbre de « Madame Tussaud ». J’y suis restée un mois.
    De temps à autre, je retournais chez M. et Mme ROBINSON afin de les saluer. Un soir, M. ROBINSON rentre affolé. Il parlait mal le français et avait un journal à la main.
    Je comprends : « Marchal, morte, Belloy sur Somme » ! Je pense tout de suite à ma grand mère ! Mais alors comment cela se fait il que ce soit lui qui m’annonce son décès ? Puis il me tend le journal. Je comprends tout de suite qu’il ne s’agit pas de ma grand-mère, mais de Janet MARSHALL, une jeune institutrice anglaise assassinée sauvagement non loin de la maison de ma grand-mère MARCHAL ! La prononciation est identique mais l’orthographe du nom est différente.
    Quelque temps après je suis rentrée en France où j’ai suivi cette affaire dans la presse et lors de mes visites à Belloy.
    J’ai bien connu les jeunes qui ont découvert le corps. Je sais qu’ils ont eu beaucoup d’ennuis par la suite. Je ne pense pas que le criminel arrêté soit l’assassin de Miss MARSHALL. Je crois plutôt que c’est l’œuvre d’un anglais !
    Janet MARSHALL a été victime d’une affaire d’espionnage industriel comme c’était courant à cette époque.
    Cette histoire ressemble étrangement au crime de Lurs où en août 1952, trois anglais furent assassinés dans des circonstances mystérieuses jamais élucidées avec certitude !
    D’ailleurs, cette année-là, nous étions en vacances à Nice. Avec mes parents, en remontant par la route Napoléon, nous nous sommes arrêtés près de la ferme des DOMINICI.