L’AFFAIRE
MISS  JANET  MARSHALL
Souvenirs de Philippe PECQUET
Gilberte voyait Robert AVRIL partout !
 
    J’étais jeune à l'époque, et pourtant je garde un souvenir assez précis de l'affaire "Miss MARSHALL". Chez mes parents, cultivateurs à BREILLY, j'en ai entendu parler pendant des années.
    A l'époque, une brave femme, un peu vagabonde, originaire d'ABBEVILLE, allait de ferme en ferme entre NEUILLY-l'HOPITAL, SAINT-RIQUIER, BREILLY et autres, bien souvent à pied, avec son baluchon. Elle s'appelait Gilberte.
    Robert AVRIL était son cauchemar, même après l'arrestation de ce dernier. Entre BREILLY et BELLOY, elle empruntait (à pied) la même route que la victime et l'assassin. Celui-ci avait abandonné un vélo volé devant le café-tabac de BREILLY.

     Il faut dire que dans les années 50, on rencontrait beaucoup de vagabonds, travailleurs saisonniers dans les fermes et les entreprises de battage. Il n'y avait alors pas de moissonneuses-batteuses. Les céréales étaient battues dans les fermes plusieurs semaines après la récolte du mois d'août. Il fallait de la main d’œuvre. Le plus souvent, ces ouvriers engloutissaient plusieurs litres de vin par jour, buvant au goulot, étaient bagarreurs. Certains passaient même l'hiver au chaud...en prison !
    Cela n'était pas rassurant et Gilberte voyait des "Robert AVRIL" au détour de chaque chemin. Elle n'était pas la seule à avoir peur.
    D'autres pensaient que Robert AVRIL n'était pas l'assassin. Compte-tenu de ses antécédents, c'était un coupable "fabriqué" pour satisfaire les anglais qui s'impatientaient et critiquaient durement les enquêteurs. Pour eux, l'assassin courait toujours.
    De nombreux suspects avaient été interrogés, des pièces à conviction importantes ont été découvertes, "miraculeusement" - ou fort opportunément pour certains - 3 mois après le meurtre : tout cela renforçait les rumeurs.
    On retrouve là un mélange de peur et de fascination pour les faits divers meurtriers, surtout quand ils ont lieu près de chez nous.