Il y a du monde sur la route de Vignacourt, en ce 10 juillet 1954. Une grande partie des habitants s’est donnée rendez-vous « ach’Bâton », un lieu-dit entre La Chaussée et Vignacourt, car de cet endroit, on voit arriver les coureurs de loin. Je me souviens d’abord du passage de la caravane publicitaire, s’arrêtant au bord de la route, offrant des casquettes, des chapeaux, des cadeaux et des échantillons divers.

Les motards de la gendarmerie, debout sur leurs engins impressionnent les enfants et les adultes. Enfin, arrive le moment tant attendu… Des cris fusent : « Ils arrivent », « S’ z’é vlo ! »… Quatre coureurs passent sous les applaudissements et les encouragements des Calcéens. Dans l’échappée, on trouve les Français MEUNIER et DUSSAULT ainsi de les Belges VAN GENECHTEN et VAN BREENEN.

Au passage à Doullens les 4 hommes avaient 11 minutes d’avance, avance qui devait être sensiblement la même à La Chaussée et à Picquigny, où un jeune passionné* de sport et particulièrement de cyclisme, assistait au passage de ses idoles, dans la « Cavée d’Airaines », une côte assez raide qui ressemble, en ce 10 juillet, à un col des Alpes, tant la foule est importante. Derrière, le peloton chasse fort sous l’impulsion du Suisse Hugo K0BLET. Dans ce peloton on peut apercevoir André DARRIGADE, Raphaël GÉMINIANI, FORESTIER, KUBLER, STABLINSKY, LAZARIDES, Charly GAUL, Jean ROBIC, Frédérico BAHAMONTES et le Picard HOORELBECKE.

Cette année-là, Pierrot PARDOËN, le chouchou des passionnés de cyclisme de Picardie na pas fait le Tour de France.

À l’arrivée, à Rouen, les 4 hommes avaient gardé encore 2 minutes d’avance sur le peloton.Après une course de 219 kilomètres, le Français Marcel DUSSAULT battait son compatriote MEUNIER de deux secondes. Il avait couru l’étape en 6 H 19. Le Hollandais WAGTMANS qui avait pris le maillot jaune au soir de la première étape conservait sa tunique … d’une seconde d’avance sur Louison BOBET qui gagnera cette année là, son deuxième Tour de France.

Louison Bobet, vainqueur du Tour de France 1954 ( Collection Pierre Pardoën)

* Ce jeune fera de sa passion, sa profession, il s’agit de Lionel HERBET, que je remercie pour les renseignements qu’ils m’a fournis.