LE
TOUR DE FRANCE 1952 |
En 1952, Pierre PARDOËN avait gagné quelques courses aux environs d’Amiens, et une étape au tour de l’Oise, qu’il avait couru avec des professionnels. Il avait participé au Tour de France amateur et s’était bien comporté. Des journalistes de La Voix des Sports de Lille qui l’avaient suivi au cours de ce tour des jeunes, lui avaient dit que s’il voulait, il serait sélectionné pour le Tour de France.
Au départ, Pierre pensait que c’était impossible. Ce projet lui faisait un peu peur, néanmoins, il se laisse tenter.
Il reçoit sa licence l’avant veille du départ du Tour. À l’époque, le Tour se court par équipes nationales ; quelques équipes régionales sont également invitées. Pierre est tout ému, car tous les espoirs de la Somme reposent sur ses épaules. Il y a 25 ans qu’un coureur Picard n’a pas fait le tour, alors… Il prend sa petite valise et il « monte » à Paris, où il rencontre M. Sauveur DUCAZEAU, le directeur sportif de l’équipe « Nord-Est-Centre », à laquelle il appartient désormais.
« Comment ça va petit ? Comment t’appelles–tu ? lui demande M. DUCAZEAU.
« Pierre PARDOËN, je suis d’Amiens » lui répond Pierrot.
« Ah ! C’est toi Pierre PARDOËN, et bien, assieds-toi et mange ! Demain, on part pour Brest. »
La bas, c’est le choc, il rencontre des coureurs qu’il n’avait jamais vus tels : VANSTENBERGEN, COPPI, BARTALI, OCKERS… COPPI, avec son estomac de poulet et ses petites jambes ; VANSTENBERGEN, ce grand Monsieur !
Pierrot est impressionné : « Tu te lances dans un truc extraordinaire » se dit-il. Ses dirigeants lui avaient dit de faire attention, de passer en tête dans les bosses et de se laisser aller ensuite. Il devait se trouver en tête afin de pas être piégé.
L’équipe
« Nord-Est-Centre », avec Gilbert BAUVIN, de Gribaldy, Dussault,
Deledda, Lajoie,… |
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Collection Pierre PARDOËN |
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Il prend le départ de la 1ère étape, BREST-RENNES, avec le numéro 90, et porte un maillot orange avec une bande blanche, c’est l’un des plus jeunes du peloton, il a 21 ans et demi. Au début, c’est un peu dur, durant les 100 premiers kilomètres il s’accroche, il est paniqué… et puis, c’est l’échappée en tête avec VANSTENBERGEN, PAPAZIAN, BLOMME, Jacques VIVIER. Il croit rêver… |
Collection
Pierre PARDOËN |
Pierrot prend les relais avec force. Il est en forme alors VANSTENBERGEN lui demande de ne pas démarrer. Il accepte, heureux d’obéir à un tel personnage ! VIVIER et PAPAZIAN lâchent prise ; ils restent à 3 : VANSTENBERGEN, BLOMME et lui. Pierrot ne dispute pas le sprint.
L'échappée
finale |
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Collection
Pierre PARDOËN |
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Collection
Pierre PARDOËN |
« Dans l’échappée, au départ, on était à 7, 8, et au fur à mesure, on est resté à 3. »
Aujourd’hui, Pierre a des regrets : « J’aurais dû partir, mais j’étais professionnel depuis la veille, j’étais impressionné par un gars qui a été champion du monde, il allait vite, il ne fallait pas que je l’emmène au sprint... »
Arrivée
sur la piste : 1er VANSTENBERGEN, 2ème
BLOMME, 3ème Pierre PARDOËN. |
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Collection
Pierre PARDOËN |
« Attaquant généreux, inconnu le matin, célèbre le soir ! », titrera le Journal « L’Équipe ». Le lendemain, c’est la 2ème étape : RENNES - LE MANS. Pendant 70 km, il sera maillot jaune virtuel, pour son premier Tour de France.
On voit ROBIC en deuxième position devant Noël LAJOIE. Au
cours de cette étape, Pierre Pardoën s'échappera
avec CLOSE et LAJOIE. |
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Collection Pierre PARDOËN |
Malheureusement, lui et ses collègues échappés furent rejoint près du Mans, par un groupe comprenant notamment Fausto COPPI et Raphaël GÉMINIANI. COPPI avait-il eu peur ? En tous cas, il avait décidé de venir rechercher les échappés. Pierrot finit 17ème de l’étape, et conservait la deuxième place au général, à une minute de Rik VANSTENBERGEN
Dans la 4ème étape ROUEN-ROUBAIX, il courait sur « ses terres » ; alors, Sauveur DUCAZEAU avait misé sur lui pour faire quelque chose dans cette étape. Pierrot avait à cœur de se montrer dans sa région, et de faire plaisir à ses supporters, nombreux dans le Nord. On sait qu’il aime les pavés, alors tout est permis ! Hélas, il crève 4 fois de suite. Une fois, un équipier lui prête son vélo, mais cela ne suffit pas.
Après
sa crevaison, Pierre Pardoën revient fort !
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Collection
Pierre PARDOËN |
Il n’avait pas de roue de rechange et il fallait réparer soi-même sa crevaison. Par ailleurs le changement de vélo n’était possible qu’une fois. Dépité, il finit assez loin à Roubaix.
Sa
maman l'attendait à l’arrivée. |
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Collection
Pierre PARDOËN |
Pierrot
est fleuri quand même, ayant été 1er
nordiste et « chouchou » du public roubaisien…
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Collection
Pierre PARDOËN |
Avant
le départ de Roubaix, Pierre pose avec son mentor, M. DUBOIS,
derrière, des cycles ARLIGUIE (il y avait un magasin, rue Jules
Barni à Amiens). On voit également le beau-père
et la maman de Pierrot. |
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Collection
Pierre PARDOËN |
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A
Roubaix, à sa gauche, M. CHARLET, directeur de la Voix du Nord,
M. PARMENTIER, rédacteur en chef et M. CHEVALIER, le chauffeur.
« Avec M. CHEVALIER et PARMENTIER, j’avais
fait le Tour de France amateur un mois avant. Ils suivaient l’équipe
du Nord. »
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Dans la 19ème étape : PAU- BORDEAUX, il fait partie des 3 échappés qui iront au bout. Payant de sa personne, il rejoint DEKKERS avec VOORTING, un autre Hollandais. Malheureusement, une nouvelle fois, la malchance s’abat sur lui... Dans le final, Pierre a failli perdre sa roue qui était mal bloquée, il n’y avait pas de blocage automatique, c’était encore l’époque des « papillons ». En passant sur des pavés, avant l’entrée sur le vélodrome, la roue s’est décentrée. l’écrou de sa roue arrière s'est dévissé. La veille, il avait cassé son cadre, dans la descente du Tourmalet. Il roulait sur un vélo de rechange, dont la roue arrière était mal serrée. DEKKERS arrive seul devant VOORTING et Pierre PARDOËN qui prend une méritoire 3ème place. La tradition qu’un Hollandais gagne à Bordeaux est respectée.
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Collection
Pierre PARDOËN |
Dans la 23ème étape, VICHY – PARIS qui est la dernière étape de ce Tour 1952, un groupe de 14 hommes s’est détaché et arrive à Paris avec 3 minutes d’avance sur le peloton. Juste avant d’arriver au Parc des Princes, Pierrot est en tête. Il suit un motard de la Police, malheureusement ce dernier l’emmène dans une mauvaise direction. Les échappés vont vite, il ne pourra jamais les rejoindre. Antonin ROLLAND emporte le sprint. Pierrot prend une honorable 10ème place au terme d’une belle étape. Il finira 55ème du tour.
Photo
prise à l’arrivée de Roubaix |
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Collection
Pierre PARDOËN |