LES  CONSTRUCTIONS


Sur le territoire de La Chaussée-Tirancourt, au lieu-dit «le champ à chardons», on trouve de nombreux vestiges de la station de lancement de V1 qui avait été construite par les Allemands, en 1944. On peut encore voir, surtout en hiver, les restes de plusieurs structures en béton, de chaque côté de la route départementale qui mène de La Chaussée-Tirancourt à Vignacourt.

Bâtiment « E » (groupe électrogène)

Ruines du bâtiment éclaté d’environ 6,30 m X 4,60 m fait en gros parpaings, qui contenait le groupe électrogène (qui alimentait le site). Les murs sont très épais ; on peut voir d’énormes blocs de béton et de briques. Un « chemin » en béton vient de la route départementale; il fait 3 mètres de large. A 25 m de ces ruines, et à 20 m de la route, en direction du village de La Chaussée-Tirancourt, il y a 2 énormes trous de bombe.

Chemin d’accès à l’entrée du site
 
Plan établi par Yannick DELEFOSSE

Bâtiment « A » : Chemin d'accès et plate-forme de montages préliminaires

Le chemin est parallèle à la route, fait en béton. Par endroits, il est surélevé de presque un mètre. Longueur : environ 21 m, largeur : 7,60 mètres. Pas de blocs éclatés autour. On peut voir des attaches en fer (pattes métalliques qui tenaient la légère charpente).

Chemin et « plate forme d’accueil »
Attache en fer

Bâtiment « B » dit bâtiment atelier

Ce bâtiment est situé à 11 mètres de la route départementale. Il reste un mur avec une arche rectangulaire. Le bâtiment fait 6,5 mètres de face sur environ 8 mètres de long. Construction en gros parpaings de béton, 50 x 25 x 25 cm, épaisseur 90 cm, hauteur de l’arche environ 3 mètres en béton armé. Bâtiment presque entièrement détruit. Il n'y avait pas d'assemblage du V1 dans cet abri. Il servait uniquement à abriter le compresseur d'air.

De chaque côté, on voit encore comme des glissières. Il devait y avoir une porte car il y a des gonds en fer. On accède à ce bâtiment par un chemin arrondi situé face au bâtiment.

 
De chaque côté du bâtiment, il y a deux petits bacs carrés plein d’eau. Ils mesurent environ 1,80 m de côté, actuellement profonds de 40 centimètres, remplis d’eau, de terre et de branches. Ils servaient de réserve d’eau, en cas d’incendie mais aussi pour laver la rampe de lancement. Après chaque tir 1000 litres d’eau étaient nécessaires.

Bâtiment « C » dit bâtiment de lavage du « Dampferzeuger »

Ce bâtiment est presque collé au bâtiment « B », il mesure 9,30 m sur 8,10 m. Il est complètement détruit et devait servir au stockage et au lavage du «dampferzeuger».

Bâtiment « D » dit Stofflager

Il se situe à environ 15 mètres du bâtiment « C ». Il est semi enterré. Il y a des escaliers, dont 6 marches sont encore apparentes. C’est également un bâtiment de parpaings, mais à la différence du bâtiment « B», il ne fait qu’un parpaing d’épaisseur. Il fait 7,10 m de long sur 4,95 m de large. Il devait être couvert d’une épaisse couche de béton (40 cm maximum) car on retrouve des morceaux de béton ainsi que des blocs de briques, de part et d’autre.

Ce bâtiment était semi-enterré, car autour il y a une butte de terre. Il ne devait pas être beaucoup apparent. Il doit s’agir de la réserve en réactifs chimiques. Il est enterré de 1,20 m (6 parpaings) et haut de 1,80 m (9 parpaings) il est séparé dans son milieu.

Dans cet abri , on y stockait les réactifs T-Stoff et Z-Stoff (dans des bidons). En ce qui concerne le carburant, il arrivait dans des bidons que les soldats enterraient souvent. Le plein était même le plus souvent fait avant l’arrivée sur les bases.
Bâtiment « D »

Bâtiment « H » : le bunker de tir

Il se situe à 33 m du bâtiment « C ». Près du bunker, il reste un trou carré de 1,50 m de côté, semble-t-il, profond d’un mètre.

Le bunker est de forme octogonale. On voit encore des petites visées ou meurtrières. Il n’est pas en parpaings, mais a été construit entièrement en béton, épais de 80 centimètres. Le bunker se décompose en deux parties. Il y a une première partie de forme octogonale devant, et derrière, une entrée carrée de 1,80 m de côté (cela fait penser à une hutte de chasse). Vraisemblablement, ce bâtiment devait être à demi-enterré.
Nota : Ce Bunker avait son accès tourné vers la rampe, cas unique.

Bunker de tir (intérieur)

La plate-forme et la rampe

La plate-forme en béton se trouve à environ 7 m du bunker, elle part en biais, en direction de Londres. Elle mesure 5 m de large en façade sur 8,50 et sur 20 m de longueur. Un chemin en béton rejoint la route départementale 49.

La plate-forme

Il reste des traces de rails boulonnés dans le béton face aux différentes arches.

Morceaux de rails

Il y a environ 25 mètres entre la plate-forme et la première arche encore en place, à côté de laquelle se trouve un énorme trou de bombe.

Il ne reste que 4 arches, équidistantes de 5,97 m d'axe en axe. Les trois premières arches ont des poteaux carrés de 80 centimètres de côté, tandis que la dernière a des poteaux en biais et la base fait 1,40 m de côté. Le sommet des arches est légèrement incliné. Par contre, la troisième et la quatrième arche, sont reliées par d’énormes poutres en béton, avec des trous dans lesquels il devait y avoir des traverses de chemin de fer qui étaient posées pour faire un plancher. La troisième et la quatrième arche sont à 4 m du sol, alors que la première était à 2,50 m.


Les deux dernières arches
 
 
Plan de la rampe de La Chaussée-Tirancourt
 
Plan établi par Yannick DELEFOSSE

Bâtiment « F» : Dalle « amagnétique » ou Richtbau

Elle se situe à environ 40 m de la plate forme. La dalle « carrée » se situe à une dizaine de mètres de la route. Il fait 14 m de côté. On y accède par un chemin sur le côté de 3 m de large sur 25 m de long en béton qui vient directement de la route.

Autour de cette dalle, il y a une plate-forme en béton qui repose sur une fondation en pierres bleues. Une construction légère en bois, recouverte d'un filet, cachait à l'époque, le V1. Il reste d’ailleurs des trous de poteaux dans la dalle en béton (non armé). En effet, afin de ne pas dérégler les gyroscopes, il ne fallait pas de fer dans les constructions.

La dalle amagnétique remplace le " Richthaus " et se nomme Richtbau.

Dalle « amagnétique »

Sur le site de La Chaussée-Tirancourt, le déchargement s'effectuant sur les pistes d'accès (ou même plus sûrement sur l’actuelle R.D., c’est l’Umsetzanlage qui évitait ainsi les manœuvres compliquées).

Comme nous sommes ici dans une configuration ''de campagne'', on peut très bien imaginer le ''déconditionnement'' et le montage / réglage des différents éléments dans toute place accessible. Le réglage final (c'est-à-dire montage des ailes sur la plate-forme devant le Richtbau, puis le calage du compas et la pose des détonateurs) se réalisant sur la dalle amagnétique.

Bâtiment « F» : Stockage des détonateurs

En face du Bois de Sapins, se trouve une «cave» d’environ 3,20 m sur 2,80 m. Cet abri souterrain servait à entreposer les détonateurs des V1. Elle est faite en parpaings, briques et béton. On y accède par un escalier de 7 marches.

On n'a pas retrouvé le deuxième abri de stockage des détonateurs, qu'on retrouve normalement sur tous les autres sites.

A l’intérieur, on pourrait se croire devant un four de boulanger de 1,60 m sur 1,20 m. Ce petit bâtiment se trouve à une trentaine de mètres de la route. Pour être mieux caché, il est recouvert de terre et de gazon.

Abri de stockage
Intérieur de l’abri de stockage de détonateurs

Réserve d’eau

A quelques mètres de l’abri de stockage des détonateurs, il y a un gros trou rectangulaire qui pourrait être l’emplacement de la réserve d’eau qui servait au nettoyage du V1 et en cas d’incendie. Après chaque tir, il fallait environ 1 000 litres d’eau pour laver la rampe.

Réserve d’eau