Au
XIXème siècle, un procès opposa
la Commune de La Chaussée-Tirancourt à « Dame »
Angélique LENOIR, veuve de Jean-Baptiste BOULANGER, cultivateur à
Tirancourt, propriétaire de la pâture située au sud du
cimetière. Le différend éclata au sujet du talus qui
fait limite entre les deux propriétés, sur lequel poussait de
l’herbe qui servait au pâturage des moutons qui avaient en outre
la possibilité de passer entre ce rideau et le champ voisin appartenant
autrefois au Duc de Chaulnes. Dans cette parcelle de terrain « non béni
», étaient inhumés les noyés et les enfants morts
avant le baptême. Tous les cimetières avaient jadis un endroit
destiné à cet usage.
La
Veuve BOULANGER était assistée de Maître BERNARD, huissier
royal à Picquigny. L’« affaire » passa
le 9 Avril 1839 devant Mr Jean-Baptiste LESOUEF, juge de Paix à Picquigny.
Plusieurs témoins furent entendus dont Louis François BARBIER,
chaufournier, âgé de 79 ans, bien que récusé étant
cousin de la demanderesse, il fut néanmoins entendu. Le sieur Martin
MOYE, manouvrier, âgé de 49 ans, après avoir prêté
serment de dire la vérité, fut entendu ainsi que Pacifique CARON,
rentier, âgé de 56 ans. Tous deux assurèrent que le talus
était bien propriété communale.
Le
sieur Adrien DEFLANDRE, ménager, âgé de 62 ans, signala
qu’il y a 7 ans, en temps que trésorier de la fabrique de La
Chaussée-Tirancourt, il fit procéder à la coupe des buissons
poussant sur le talus du cimetière par Pierre CORNET qui avait déjà
exécuté ce travail il y a 11 ans sur les ordres de Mr BEHEN,
trésorier de la fabrique prédécesseur d’Adrien
DEFLANDRE. Charles
Joseph DEPOIX, charron, âgé de 49 ans, déclara sous serment
qu’il avait coupé deux ormes dans le talus, sur ordre de la veuve
Boulanger, il y a 10 ou 12 ans.
Dans
le cimetière, il y a de nombreuses sépultures intéressantes.
Les plus anciennes datent du début du XIXème siècle,
elles sont en pierre blanche et n’ont qu’un fronton se lequel
sont inscrits les noms et prénoms des défunts, ainsi que les
dates de décès.
•
Tombe 17 : FERRAND : « Ici repose le corps de Paschal FERRAND,
Instituteur et greffier de cette commune, décédé le
1er juillet 1840, à l ‘âge de 33 ans et 4mois »
• Tombe 69 :THUILLIER de MONTREFUGE, THUILLIER de BEAUFORT : Il fut
le 1er Maire de La Chaussée-Tirancourt
Puis
vinrent les tombes avec de jolies sculptures :
•
Tombe 27 ; MERCIER –DUPUIS
• Tombe 36 : DEFLANDRE-LOGNON
• Tombe 37 : CARON –CAUCHY
• Tombe 44 : FOURNY-BOURGEOIS
• Tombe 65 : BOULANGER-JUMEL
• Tombe 103 : BELPERCHE-DUFOUR
• Tombe 104 :CARON LEDUCQ
• Tombe 111 : BARBIER-MAUGER
A
la fin du XIXème siècle apparurent les tombes en granit noir
de Belgique avec ou sans stèle :
Tombes N° : 5, 6, 9, 10, 11, 14, 15, 25, 26, 30, 35 (CAMBRONNE), 37, 39,
41,…
Au
XXème siècle, les tombes se simplifièrent et furent faites
en ciment : 2, 19, 20, 49, 61, 73,… ou en marbre : 12, 22, 28, 29, 47,
51,57, 63 etc…
Très souvent la sépulture est faite d’un entourage en
briques ou en ciment, garni de petits cailloux à l’intérieur
: 1, 16, 21, 40, 42, 50, 56 (Miss Janet MARSHALL) …
Parfois
la sépulture est entourée d’une barre ou d’une chaîne
: 3, 16, 23, 31, 32,…
De nombreuses croix en fer forgé se trouvent dans le vieux cimetière,
il arrive que quelquefois, une plaque en cuivre soit attachée à
la croix de fer pour indiquer le nom du défunt : 34 ( JACOB-VASSEUR),61
(DUPUIS), 86 (BEHEN : « Ici repose le corps de J.B. BEHEN, décédé
le 7 juin 1829, âgé de 59 ans, Capitaine retraité des
grenadiers du 23ème Régiment de ligne, Officier de la Légion
d’Honneur. »)….
Sur
les 135 tombes répertoriées, quelques-unes unes n’ont
malheureusement pu être identifiées. La partie gazonnée
du cimetière correspond à des sépultures anciennes où
les défunts étaient enterrés dans la terre comme cela
se pratiquait couramment autrefois.
Au
fur et à mesure que les tombes en dur ont vu leur nombre augmenter,
le cimetière se trouva trop petit.
Au lendemain de la première guerre mondiale, les habitants de La Chaussée-Tirancourt
et le Conseil Municipal s’unirent afin d’ériger un monument
à la gloire des soldats morts pour la France.
Le monument fut inauguré en 1923. Le Conseil Municipal profita pour
acheter un morceau de terrain afin de faire un nouveau cimetière.
A partir de cette date, les inhumations eurent lieu dans le nouveau cimetière,
seules les familles de vieille souche continuèrent à enterrer
leurs défunts dans le vieux cimetière.
Dans
le vieux cimetière sont enterrés les Maires et les élus
de la commune du XIXème siècle, ainsi que plusieurs Maires du
XXème siècle :
•
THUILLIER de MONREFUGE, le premier Maire
• LOGNON Alphonse, maire de 1848 à 1870
• Léopold BOUCHER, maire de 1926 à 1940
• Arthur BRUNET, Président du Comité de guerre : 1940/1941
• Henry de FRANCQUEVILLE, maire de 1941 à 1944
• Narcisse CARON, maire de 1944 à 1953
• Pierre BONDOIS, maire de 1953 à 1965
De
nombreux adjoints ou élus sont également enterrés : Mme
Colette de FRANCQUEVILLE, Michel VIGNON , Paul SEHET, Emile VASSEUR, Georges
DUCROTOY, Clovis MOYE , Eugène FOURQUER, Irénée FOUACHE,
Bruno DUPUIS…
Plusieurs
militaires sont inhumés dans le vieux cimetière :
•
Jean-Baptiste BEHEN (Tombe 86), capitaine retraité des grenadiers,
décédé le 7 juin 1829, âgé de 59 ans.
• Louis-Nicolas CAMBRONNE (Tombe 35), lieutenant au 10ème Régiment
de Dragons d’Abbeville, neveu du célèbre général,
décédé le 9 mai 1851.
• Arsène SEVIN ( Tombe 25), capitaine à la 14ème
division d’Infanterie, tué à Glorieux, dans la Meuse,
le 24/08/1917, il avait 37 ans.
• Robert WITASSE, adjudant-chef au 251 R.I (Tombe 91), tué
à Virly dans l’Aisne, le 1O Novembre 1915. Il était
titulaire de la Croix de guerre avec palmes.
• Léon DUMONT , soldat au 124 R.I, (Tombe 122), tué
le 20 Mars 1917, à la ferme des Chambrettes à Rouzières
dans la Meuse, il avait 21 ans !
• Charles GAVOIS tué le 30/11/1917, à Saint-Georges,
dans la Flandre Belge, il était fusilier marin (tombe 30).
• Léonce BLONDEL, tué le 13 juillet 1915 au Bois Bolante,
dans la Meuse, en Argonne. Il était soldat au 72ème R.I. .
( tombe 66 bis)
Quelques
religieux reposent dans le cimetière :
•
L’abbé BELLART (Tombe 1), 1843-1870
• Pierre-Fuscien FAUCHON (Tombe 126), curé de la paroisse pendant
58 ans, décédé le 2 janvier 1841 à 81 ans.
• Sœur HONORAT, institutrice de l’école des filles,
décédée le 24/02/1891 à l’âge de
56 ans(Tombe 127).
• Zélima BELLEPERCHE (Tombe 103), novice aux Ursulines d’Amiens,
décédée le 25/02/1868, à l’âge de
20 ans.
Il
y a plusieurs tombes d’instituteurs :
•
Raymond MARQUANT (Tombe 9), instituteur en retraite, décédé
le 31 /01/1914.
• Paschal FERRAND (Tombe 17), instituteur et greffier de cette commune,
décédé le 1er juillet 1840 âgé de 33 ans.
• Léopold BOUCHER (Tombe 38), décédé le
30/09/1953, instituteur honoraire.
• Pierre BISSON (Tombe 39) instituteur de La Chaussée pendant
37 ans, de 1846 à 1883.
• Janet MARSHALL (Tombe 56), décédée le 28 août
1955 âgée de 30 ans.
• Anthime DUPUIS (Tombe 61), décédé le 23/10/1900
à 50 ans.
Les
gardes champêtres et les employés communaux :
•
Pierre DUCROTOY (Tombe106),1906/1964, garde de 1947 à 1964.
• René DUCROTOY (Tombe 29), 1909/1982, garde de 1964 à
1974.
• Emilien BOUCHER (Tombe 107), 1895/1968, cantonnier communal.
• Emile LEROY (Tombe 87) garde en 1912 et 1913.
Les
médaillés :
•
Georges MAINCENT (Tombe 63) titulaire de la Légion d’Honneur.
• De FRANCQUEVILLE Henry (Tombe 68) titulaire de la Croix de Guerre
et de la Légion d’Honneur
• Arsène SEVIN (Tombe 25), Croix de Guerre et Légion
d’honneur.
• Jean-Baptiste BEHEN (Tombe 86), Chevalier de la Légion d’Honneur.
• Robert WITASSE (Tombe 91), Croix de Guerre avec palmes.
• Emile LEROY (Tombe 87), Médaille militaire, Croix de Guerre.
Les
victimes civiles du 20 Mai 1940, « Morts pour la France » :
•
Marthe CARON , épouse BONDOIS (Tombe 37)
• Palmyre CARON (Tombe 91)
• Marthe HORVILLE , épouse TOURNEUR (Tombe 107)
Tombes
ayant un intérêt particulier :
•
Tombe 23 : Gabrielle DOUAY, marchande de rouenneries.
• Tombe 49 : famille GUILLERAND, généreux donateurs
pour les enfants de la commune.
• Tombe 78 : Famille WILBERT-SEVIN : deux lignes sont écrites
en anglais.
• Tombe 81 : Eulalie LAURENT, née à la Nouvelle Orléans
(Amérique) en 1820.
A
l’entrée du cimetière, il y a une fontaine décorée
aux armes de la ville d’Amiens, donnée par Monsieur BARNABE,
alors adjoint au maire d’Amiens.(136)