LA  CHAUSSÉE - TIRANCOURT
 
ANCIENS NOMS

LA CHAUSSÉE :
Le Cauchie (1142) ; Calceia (1190) ; Calceia pinconiensis (1209) ; Le Cauchie de Peinkeigny (1279) ; Calcheya (1301) ; Conchy (1634) ; Cauchie (1638).

TIRANCOURT :
Tirincurtis (1066) ; Terincort (1198) ; Thirencourt (1432).


ORIGINE DU NOM
LA CHAUSSÉE :
Le français « chaussée » vient du latin calceata (sous entendu via), c’est-à-dire littéralement « (voie) chaussée », ce qui signifie route faite avec des pierres calcaires, du latin calx (chaux). De « calceata », on est passé à l’ancien français chalcie, chaucie.
Le picard a maintenu le groupe latin c + a, d’où la forme « cauchie » de nos mentions anciennes.
La forme française « La Chaussée » n’a prévalu que vers la fin du XVIIème siècle.

TIRANCOURT :
Le toponyme est formé sur le nom d’homme d’origine germanique Tirin en composition avec le latin cortis , domaine. Ce qui veut dire le domaine de Tirin.


HISTORIQUE DU VILLAGE

L'historien Michelet disait : "L'histoire de France semble entassée en Picardie". Il est vrai que pendant longtemps, la Picardie a été une région frontière qui a subi de plein fouet les différentes attaques et invasions. Notre village en est un parfait exemple.

Du fait de sa position géographique, le site de La Chaussée-Tirancourt est occupé depuis des milliers d'années. Plusieurs campagnes de fouilles archéologiques ont permis de mieux comprendre la façon de vivre et les mœurs de nos lointains ancêtres. L'une d'elle a permis de découvrir en 1990, le plus vieil homme du département de la Somme, à deux pas du parking de SAMARA.

Le territoire compte de nombreux témoignages de la préhistoire, puis des périodes Celtique et Gallo romaine. En 1967, un cultivateur de La Chaussée-Tirancourt a trouvé une sépulture mégalithique contenant près de 300 corps au lieu dit "La Cense du Bois".
Les lieux dits de la commune attestent d'une présence Gallo romaine importante. Le site le plus connu et le mieux conservé est sans conteste "le Camp de César". Sa conservation en fait l'un des plus beaux que compte la France. Il est classé monument historique depuis la fin du XIX° siècle.
La position du camp était favorable pour la défense puisqu'il est fortifié naturellement sur 3 côtés. Pour achever la défense les Romains avaient fait construire un long fossé de 600 mètres: le fossé Sarrazin.
Au Moyen âge, le village de La Chaussée-Tirancourt est souvent le témoin d'invasions ou d'attaques du château de Picquigny, par exemple :
Le 17 décembre 942, les soldats d’Arnould, comte de Flandre passent à La Chaussée-Tirancourt et se rendent à Picquigny où un Traité doit être conclu entre Arnould et Guillaume Longue Epée, Duc de Normandie.
Arnould profitera de cette entrevue pour tuer Guillaume sur l’Ile de la Trève à Picquigny.
En 1475, à l’occasion du Traité de Picquigny qui mit fin à la guerre de Cent Ans, les Anglais campèrent près de La Chaussée-Tirancourt. Commines fit le récit de ce traité et cita le village en ces termes : « …. De l’autre côté, par où venait le Roi d’Angleterre, le pays était très beau, sauf près de la rivière, il y avait là une chaussée de deux grands traits d’arc de long, avec les marais de côté et d’autre… »
Au XVIII ° siècle , le village est surtout un village d'agriculteurs et de tisseurs; il compte moins de 500 habitants.
La Révolution de 1789 n'apportera guère de bouleversements, néanmoins de nombreux jeunes seront incorporés dans les régiments.
Le village sera envahi en 1870 et paiera cher les activités de quelques francs tireurs. La commune devra participer aux nombreuses réquisitions des Prussiens ( paille, fourrage, ..)
Un jeune du village DOMONT Camille décéda en Allemagne, des suites de la guerre.
Au cours de la première guerre mondiale, 21 jeunes ont trouvé la mort en effectuant leur devoir. Pendant ce conflit le village n'a pas été envahi, mais a servi de base arrière aux armées britanniques et à leurs alliés du Commonwealth dont les Annamites traités en esclaves.
Les anciens se souvenaient que certains jours, ils entendaient le bruit du canon et des obus qui tombaient et dévastaient la région d'Albert ravageant toute cette partie de notre département.
En 1923, la commune inaugure en grande pompe un monument aux morts dédié aux 21 jeunes de La Chaussée-Tirancourt décédés pendant le conflit.
On peut se demander pourquoi cette guerre a fait tant de morts et à quoi a servi leurs sacrifices puisque 20 ans après, un nouveau conflit voyait le jour au nom de la haine, du racisme et de l'intolérance.
Si la première guerre a épargné les maisons, il n'en fut pas de même en 1940 et en 1944. Par ailleurs , les victimes furent surtout des civils, à la différence de 1914/1918.
Le 20 mai 1940, à 11 heures du matin, le village fut bombardé et mitraillé par l'aviation nazie.
En l'espace de quelques minutes, des dizaines de bombes sont lâchées semant la mort parmi la population . De nombreux réfugiés paieront de leurs vies ce massacre. En tout, on dénombra 18 victimes, dont 6 de La Chaussée-Tirancourt. Trois soldats furent également tués dans les champs en essayant de se cacher près des meules. Plusieurs maisons furent détruites. La population fut ensuite contrainte à évacuer jusqu'au mois de septembre.
Pendant la période qui suivit , le village souffrit des privations et de la peur. De nombreux villageois furent envoyés en captivité en Allemagne ou furent victimes du STO.
Une femme courageuse, Geneviève FERTEL, fut déportée à Ravensbrück car elle avait caché avec ses fils résistants, un aviateur néo zélandais. Depuis 1983, une rue du village porte son nom.
Au début de l'année 1944, les Allemands construisirent une rampe de lancement de V1 au nord du territoire, en limite de Vignacourt et de Belloy.
Les Américains essayèrent en vain de détruire la rampe et les différents bâtiments annexes. Des centaines de bombes furent lâchées au cours des raids effectués par les aviateurs alliés qui comptaient parmi eux quelques Français dont un Amiénois: André Rose.
Le village fut libéré le 1er septembre 1944. Deux villageois périrent ce jour là : Charles Vasseur tué avec son attelage et Monsieur Henry de Francqueville, Maire de la commune.
Plusieurs rues du village témoignent de ce passé meurtrier: la rue du 8 Mai, la rue Henri de Francqueville, la rue Geneviève Fertel et la rue Jean Catelas du nom du député, fusillé par les nazis.